LE BARON VAMPIRE
Les dents aiguisées...


“On fait du hard avec une énergie punk“ : quoi de mieux pour qualifier la musique du Baron Vampire, groupe suisse qui sort Baruch, un excellent premier album à la croisée de Breach, de Kruger et de Cult Of Luna ? Pas grand chose. Ajoutez-y le DIY (et toutes les galères qui vont avec), du post-core et des textes amusants et vous aurez le programme qui vous est proposé sur cette galette, comme nous l'explique Jacques, guitariste de la bande. 

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Jacques (Guitare) - Par Gilles Der Kaiser
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Salut Jacques ! Un nom de groupe d'après un film d'horreur italien des années 70, un nom d'album faisant référence au début des prières juives (Baruch atah adonai) et une passion pour les cowboys... Original ! (rires) D'où est venue l'idée d'un tel mélange ?
D’où, je ne sais pas, mais elle est venue naturellement. On met dans notre musique tout ce qui nous plaît. Pour être absolument honnête, ça fait des années que nous essayons de mettre la main sur une copie de Baron Blood, et on n’y est toujours pas parvenus. Les cowboys étaient surtout présents sur le EP, dans la chanson “Rodeo Funeste” qui parlait notamment du Far West, de flingues, de mauvais whisky et du taureau du diable. “Saloon Bizarre” quant à elle est plutôt orientée « éso », et parle d’un alchimiste dans la vieille ville de Prague. Dave (batterie & chant) et Mat (guitare), qui sont les principaux responsables des textes, y racontent généralement des histoires abracadabrantes. On est loin du groupe « à message » ! Quant à Baruch, ce titre nous est venu lors d’un barbecue pendant que nous composions l’album. Nous nous disions que pour un petit premier, ce serait plaisant d’avoir un prénom. Val (basse) a avancé l’idée de Baruch, le prénom de Spinoza, parce qu’on riait beaucoup en pensant au sketch Entre guillemets de la série des carnets de Monsieur Manatane. Accessoirement, ça veut dire « béni », et comme je suis très superstitieux, j’étais plutôt preneur.

Peux-tu, s'il te plaît, revenir un peu sur la confection de cet album ?
Quand nous avons eu notre line-up final, au printemps 2008, nous sommes partis dans l’idée d’enregistrer un album le plus vite possible, mais qui soit aussi le plus satisfaisant possible, pour constituer une bonne carte de visite. Dans cette optique-là, Dave et moi avons remanié certaines compos que nous avions déjà et nous avons composé autant que nous pouvions. Début 2009, nous avions 14 chansons. On n’a gardé que celles qui allaient dans la même direction, dans un souci d’efficacité et d’homogénéité, et nous avons contacté J. Kovaks en lui dévoilant notre projet. On a passé un temps fou en pré-prod pour réfléchir à tous les détails qui nous semblaient importants et on a commencé l’enregistrement de Baruch mi-juillet 2009. On ne l’a terminé qu’en octobre… parce qu’on a eu des inondations dans le studio, en plus des traditionnels impondérables.

Certains morceaux ont reçu un gros coup de tonus (ne serait-ce que du point de vue de la prod') depuis l'EP. Vous êtes du genre à traîner vos morceaux longtemps, les modifiant de jour en jour ou à composer très rapidement avant le studio ?
Un peu des deux. Au moment où on a enregistré l’EP, on avait juste assez de compos pour faire un live. Parallèlement, on a continué à composer, mais généralement assez vite. Par contre, on attache énormément d’importance aux détails et on prend beaucoup de temps pour soigner chaque chanson et lui apporter tout ce dont elle a besoin pour s’épanouir pleinement. Comme une salade dans un jardin, quoi.

Cela fait trois ans que le groupe existe et vous sortez aujourd'hui votre premier album. Les choses ont mis un peu de temps à se mettre en place au sein du groupe ?
En réalité, notre line-up actuel n’a vu le jour qu’au printemps 2008. Dave et moi avons commencé à composer pour le Baron dès août 2007, mais ça n’a réellement pris forme qu’une fois tout le monde réuni. On se connaît depuis très longtemps et on avait tous joué ensemble dans d’autres groupes plus ou moins obscurs auparavant.

Tu m'avais précédemment dit que vous comptiez sortir Baruch sur une autre structure. Comment en êtes-vous arrivés à signer chez Sums Records ?
Par Myspace. Alain (de Sums Records) nous a contactés et nous a rapidement convaincus (par des choses concrètes) de signer avec lui. Toutefois, c’est un « deal » de distribution, et tout le côté production est assumé par le Baron. Le label français avec lequel nous étions en contact n’a pas été en mesure de nous donner quoi que ce soit de précis (budget, fonctionnement interne, booking de concerts), et ce manque de sérieux ne nous convenait pas.

Ce qui vient donc souligner encore une fois votre démarche DIY...
Oui, comme je l’ai dit, Sums est avant tout là pour nous distribuer (et se répandre en insanités avec nous). On garde donc un contrôle total sur ce que nous faisons, et c’est très satisfaisant. La seule limite de budget est le fond de notre porte-monnaie. Incroyable, non ? On n’aurait pas été capables de distribuer Baruch sans un label, et Sums, par son côté DIY, nous convient parfaitement.

Un petit mot sur la pochette, également réalisée par vos soins ?
Le do it ourselves est avant tout une garantie que les choses se font exactement comme nous le voulons, et que nous ne puissions nous en prendre qu’à nous-mêmes si ça ne fonctionne pas ! Revers de la médaille, la pochette de l’EP, par exemple, a un aspect bricolo assez cheap. Au départ, Dave et moi voulions même être plus extrêmes et imprimer chaque pochette séparément en linogravure, technique dont nous sommes très friands. La pochette de Baruch respecte ce côté DIY ; tous ses éléments graphiques proviennent de nous. Les dessins sont de Dave, les photos de moi, et j’ai fait le layout.

Il me semble d'ailleurs que le rapport entre Le Baron Vampire et son visuel est relativement important, dans le sens où vous avez proposé très tôt des posters, des t-shirts, etc.
C’est avant tout un moyen de promouvoir notre musique. On a proposé très rapidement du merch parce qu’on ne voyait pas vraiment de raison d’attendre d’avoir un album pour le faire. De plus, vendre des t-shirts aux concerts a permis, dans une certaine mesure, de financer l’enregistrement de Baruch. On considère le Baron comme un projet global ; forcément, le visuel en fait partie !

 LE BARON VAMPIRE

Vous venez de Lausanne, une ville qui ne cesse de produire la crème du Metal helvétique (Kruger, Houston Swing Engine, When Icarus Falls, etc.). Les structures y sont-elles optimales pour permettre à un groupe comme Le Baron Vampire de se développer ?
Tu oublies Sludge ! Je ne suis pas sûr que Lausanne en particulier soit le centre d’une “scène Metal“ helvétique. C’est vrai qu’il y a eu une sorte de “déplacement“ de Genève vers Lausanne en ce qui concerne l’attention des médias, mais je crois que c’est lié à la façon dont se développent les salles de concerts. Et Knut, par exemple, est toujours un groupe genevois, non ? Il y a dix ans, l’Usine attirait beaucoup plus de monde qu’actuellement, et Lausanne était un peu à la traîne. Maintenant, même des clubs électro proposent des concerts de hard à Lausanne et le Romandie est la plaque tournante de tout ce petit monde.

Une des choses qui retient le plus l'attention sur cet album est le son un peu sale et saturé dont il est doté. Aviez-vous une idée claire de ce que vous vouliez en termes de son avant d'entrer en studio ?
Oui, un truc à la fois garage, cradingue et lourd, un peu dans la veine du Venom de Breach. Enregistrer nous-mêmes les prises alors que nous n’y connaissons à peu près rien nous a permis d’assurer un côté profondément déglingué sans avoir à trop nous forcer ! (rires) C’est ce pauvre Kovaks qui a ramé après pour donner une forme décente au tout ! Mais je ne suis pas sûr que nous reproduirons ça pour le prochain album. Cette manière de procéder nous a quand même fait perdre pas mal de temps. Mais c’est vrai qu’on a appris énormément de choses en bossant dans notre coin avec la Kovaks Hotline à portée de main quand les choses tournaient décidément trop au vinaigre.

Il y a également quelque chose de très groovy à vos morceaux, comme par exemple pour « Saloon Bizarre » et « Baruch »...
Tiens, je n’aurais jamais mis “Baruch” parmi les chansons « groovy » de l’album ; personnellement, je la trouve plutôt robotique. Mais c’est peut-être dû au fait que la première maquette de cette chanson était entièrement faite en programmation ! Je ne sais pas d’où peut venir l’aspect groovy de ces chansons ; peut-être du fait que nous aimons bien faire les choses de manière assez rock, plutôt que Metal ?

Comment s'est passé l'enregistrement de Baruch ? Vous avez tout fait vous-mêmes ?
Honnêtement, il s’est passé tellement de choses pendant cet enregistrement que j’aurais de la peine à te dire s’il s’est bien déroulé. On a eu d’excellents moments, et d’autres vraiment catastrophiques. Une semaine avant de commencer, notre studio a été inondé ; il a fallu tout vider, nettoyer, et remettre en place avant les premières prises. Tout a plus ou moins bien fonctionné pendant deux semaines, jusqu’à une nouvelle inondation qui nous a rendu fous et qui nous a fait perdre une journée de travail… La prochaine fois, nous choisirons mieux notre studio.

Tu joues en même temps dans Kruger. Comment vas-tu gérer les deux groupes en même temps, notamment du côté de la scène ?
Avec pas mal de courbatures, probablement ! J’ai vu l’autre soir que je pouvais assurer deux sets à la suite, donc autant que possible, on va essayer d’éviter d’annuler des dates pour cause de chevauchement, et de faire des double bills aussi souvent que possible. Je risque d’être souvent sur les routes ces prochains mois, c’est clair !

Il me semble d'ailleurs que la scène est quelque chose de relativement nouveau pour Le Baron Vampire (même si vous avez déjà eu l'occasion de la partager avec des groupes tels que Celan, Mumakil, etc.). Est-ce quelque chose que vous souhaitez développer au maximum à l'avenir ?
Pour nous, toutes les occasions de jouer sont bonnes à prendre. On essaie simplement de ne pas tourner à perte, quitte à nous rattraper sur le cachet du concert suivant ou sur le merch si d’aventure une date ne nous permet pas de rentrer dans nos frais. Ce qui nous ferait du bien, c’est une véritable tournée, parce que je crois qu’on en est capables. On a tous joué dans plein d’autres groupes avant, mais c’est la première fois que nous concrétisons quelque chose ensemble de cette manière, et nous allons faire tout ce que nous pouvons pour en profiter un maximum !

Et l'aspect sauvage de vos morceaux colle parfaitement à la scène !
Plus on joue, plus on est heureux ! Nos chansons sont vraiment écrites dans le but d’être jouées live. On fait du hard, avec une énergie punk !


LE BARON VAMPIRE – Baruch
Autoprod / Sums Records



Myspace : www.myspace.com/baronvampire