THE VISION BLEAK

The rime of the ancient sailor...



Franchement, on ne va pas vous raconter des salades. Votre serviteur a accueilli ce nouvel album de The Vision Bleak avec un brin de scepticisme.  C’est que The Wolves Go Hunt Their Preys (album précédent) avait un peu déçu et on a eu peur de voir le duo Markus Stock / Tobian Schönenman tourner en rond. Mais c’était sans compter sur la clairvoyance des Allemands. Car oui, ils ont peut-être un peu raté cet album, mais ils ont réussi à analyser la situation pour revenir plus forts, avec un Set Sail To Mystery formidable. Complet, entraînant fin et harmonieux, ce quatrième album ne manque pas d’arguments pour séduire. Surtout que l’univers (ah cet élément de plus en plus rare aujourd’hui) si particulier de The Vision Bleak s’y exprime pleinement.  

Interview également parue dans le METAL OBS n°38 de Mars 2010

Entretien avec Markus Stock (guitares, basse, claviers) - Par Yath
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Salut Markus ! L’album Set Sail To Mystery est enfin prêt et sort dans un peu plus d’un mois (interview réalisée fin février), quel regard portes-tu dessus aujourd’hui ?
Franchement, j’évite de l’écouter ! On vient de le terminer et le processus était vraiment épuisant. C’est un album qui nous aura demandé beaucoup de travail, et son enregistrement a duré près d’un an ! On n’a pas cessé de faire des aller-retour en studio, pour retoucher telle ou telle partie, réenregistrer, mixer… Je ne l’écoute plus depuis quelques jours, mais je peux t’assurer que je suis extrêmement satisfait du résultat.

Il m’a paru en effet très dense et complet. Comment le comparerais-tu au précédent ?
Il est différent en effet. The Wolves Go Hunt Their Preys était plus linéaire, avec des chansons qui se ressemblaient un peu plus. Et c’est quelque chose qui me dérange encore sur cet album, même si je l’apprécie vraiment. On a voulu éviter de faire cette même erreur sur ce nouvel opus et on a donc essayé d’avoir des compos plus variées tout en gardant le cap niveau ambiances. En gros, on a tenté de composer des chansons variées mais qui s’inscrivent parfaitement dans l’ambiance d’un album. Sinon, ça fait juste une compil’ sympa mais pas un véritable album.

Justement, comment décrirais-tu votre musique ? Ça me paraît impossible ! On passe du black au thrash en passant par le gothique, les ambiances indus…
C’est exactement ce qu’on essaye d’obtenir, il est impossible de coller une étiquette à notre musique. C’est pour ça que le qualificatif de Horror Metal nous convient parfaitement : il fait référence à l’univers du groupe et nous laisse une totale liberté pour le style particulier de chaque chanson. Toutes nos chansons sont différentes mais les thèmes sont tous liés à cet univers. On essaye de proposer des images, comme des films ou des situations un peu horrifiques. Quand on n’arrive pas à créer ces images, on considère qu’on a échoué.

Et ça manque terriblement aujourd’hui des groupes avec un univers aussi travaillé et complet que le vôtre… Vous avez donc constamment cette identité en tête quand vous composez. Comment est-ce que ça vous vient ?
Par exemple, pour la chanson « Descend Into Maelstrom », au moment où j’ai trouvé le riff, j’ai immédiatement pensé au thème de la chanson et à ce nom. C’est immédiat, à partir du moment où j’ai eu la musique en tête, une image s’est dessinée dans mon esprit et les paroles ont coulé de source. Et ça se passe comme ça la plupart du temps. Bien sûr, c’est dû au fait qu’on a défini notre univers au départ, mais aussi au fait qu’on ne soit que deux dans le groupe. C’est comme si les idées venaient d’un seul et unique esprit, c’est plus cohérent et direct. Tous les groupes que j’aime sont des duos, ou alors une seule personne compose la totalité de la musique et des paroles.

THE VISION BLEAK

Cette formule à deux vous permet donc de maintenir le cap et d’éviter de vous disperser.
Exactement, cet univers est essentiel à The Vision Bleak, et c’est même sa raison d’exister. Si un jour on n’arrive plus à l’exploiter, si un jour on n’a plus d’inspiration sur ces thèmes-là en particulier, alors The Vision Bleak ne sera plus.

Et avez-vous développé un concept global sur Set Sail To Mystery ?
Non, pas dans le sens premier du terme comme on l’avait fait sur Carpathia. Mais on a été inspirés essentiellement par la littérature, par Poe, Wilde, Lovecraft… Tous ces auteurs nous ont grandement inspirés pour les paroles…

Et vous avez aussi des références cinématographique, il me semble.
Absolument, on est passionnés par les Hammer Horror movies (NDLR : société de production anglaise spécialisée dans les films d’horreur dans les années 50-70), les vieux films Universal… Je n’aime pas les films gore, j’aime les trucs qui véhiculent des ambiances glaçantes et flippantes. Je n’aime pas non plus les trucs où t’as des zombies qui courent partout.

C’est pour le Death Metal, ça…
(Rires) Oui, on leur laisse volontiers ces thèmes !

L’aspect visuel est très important pour The Vision Bleak et je suppose que vous allez proposer plusieurs versions de l’album à vos fans.
Il y aura en fait trois versions de Set Sail To Mystery. Une version  jewel case classique, un digipack  avec un artwork plus poussé et un CD bonus, et il y aura une version très spéciale, un artbook (28cm) avec 48 pages et 2 CDs. Le CD bonus contiendra une version alternative de « I Dined With The Swans », chantée par Kvarforth de Shining –un super groupe-, une cover de Masshammer, un groupe tchèque qui nous a énormément influencés mais aussi 5 chansons de l’album que nous avons réarrangées de façon « classique ». Je veux dire par là qu’on a fait en sorte que les chansons sonnent comme si elles avaient été enregistrées dans les années 30, avec un son chaleureux et grésillant. Ça sonne super bien ! 

Tu es très impliqué dans l’industrie musicale puisque tu travailles toi-même en tant que producteur. Penses-tu qu’il est nécessaire aujourd’hui de proposer des versions aussi « gourmandes » des albums, pour attirer les acheteurs potentiels ?
Absolument. T’es obligé de sortir le grand jeu pour vendre. Et tu sais, ça a toujours existé, il y a toujours eu des vinyles colorés, des trucs marrants. Aujourd’hui, les gens ont accès à tout, c’est inévitable, à nous de leur proposer quelque chose de spécial, pas juste un CD. On essaye de proposer un objet auquel ils peuvent s’attacher.  

THE VISION BLEAK

Ça fait un moment que tu fais partie de la scène Metal, en tant que producteur donc, mais aussi en tant que musicien (ex-Empyrium). Comment as-tu évolué ?
Bien sûr, j’ai changé. Mais ce qui est marrant, c’est que j’aime toujours certains groupes que j’adorais adolescent… Comme quoi, certains sont vraiment bons et intemporels… Je suis un « pro » de la musique depuis une quinzaine d’années et en tant que musicien, j’ai bien sûr mûri. Au début, tu es très enthousiaste et tu as tendance à sortir tout ce que tu enregistres, même si avec le recul, tu te rends compte que ce n’était pas si génial que ça (rires). Aujourd’hui, je suis plus patient et plus réfléchi. J’ai plus de recul et je suis conscient de ce qui pourrait fonctionner et ce qui ne le peut pas.

As-tu des ambitions plus importantes pour The Vision Bleak ? Par exemple sortir un double album concept avec des orchestrations et tout. C’est très simple à produire maintenant avec la technologie actuelle. Certains groupent arrivent même à se payer des petits orchestres.
Pour le moment, je t’avouerais que je n’ai plus AUCUNE idée en tête (rires) ! Mais pourquoi pas, dans l’avenir, ça pourrait en effet correspondre à notre groupe.

Vous allez tourner pour défendre Set Sail To Mystery. Parles-nous un peu de vos prestations scéniques, qui sont quand même assez spéciales…
En effet, on incorpore pas mal d’éléments issus du théâtre dans nos shows. On essaye de créer un spectacle complet, mais n’oublie pas qu’on a des moyens limités, on n’est pas encore Iron Maiden (rires). Mais on fait de notre mieux pour proposer quelque chose de spécial et de théâtral, puisque notre musique s’y prête vraiment. On a des backdrops (fond de scène) spéciaux, des vêtements d’époque (dix-neuvième siècle).

Comme sur la pochette de l’album !
Exact, on a les mêmes vêtements !

Et allons-nous vous voir sur scène bientôt en France ?
On a une date à Paris en avril (NDLR : le 6 avril, au Glazart) effectivement.

Quel est ton programme cette année ? Tu es toujours très occupé…
Cette année, je veux me concentrer sur The Vision Bleak. On va faire 2 tournées, on fera plein de festivals cet été. Je bosse aussi pas mal en tant que producteur, dans mon propre studio, c’est ce qui me permet de vivre.

Et quels sont les meilleurs groupes que t’as produits récemment ? Ceux qui t’ont particulièrement marqué ?
Plein de trucs ! Je pense à Secrets Of The Moon (NDLR : en effet, monstrueux !) et Alcest ! Un superbe groupe français avec lequel on va partir en tournée.

Tu joues aussi dans le groupe de prog Noekk. Allez-vous travaillé sur de nouvelles compos cette année ?
Ecoute, je n’en sais rien ! C’est Thomas qui compose tout et je l’aide juste en studio, au dernier moment. Je ne sais jamais à l’avance ce qu’il va me sortir (rires) ! Et c’est d’ailleurs toujours très éprouvant pour moi, j’arrive au dernier moment, je dois décoder ses idées et les digérer avant d’enregistrer tout ça !  Tout le processus de création, répétition et enregistrement ne dure pas plus de 3 semaines ! C’est vraiment un défi à chaque fois pour moi, surtout que je m’occupe de la batterie, basse et de certaines parties de guitares. Il a une formation classique et donc rythmiquement, je suis obligé d’adapter ses idées pour en faire du rock. C’est vraiment dur, mais très fun, ça me permet de rester au taquet !
  

THE VISION BLEAK – Set Sail To Mystery
Prophecy Prod / La Baleine



Myspace : www.myspace.com/thevisionbleak