AT THE SOUDAWN


Change ou dégage...

Shifting ou l’énorme baffe expérimentale de ce début d'année. Entre postcore, jazz, ambiant, musique orientale ou simple expérience purement viscérale, At The Soundawn, avec son second opus venant de sortir, vient de frapper un très grand coup. Originaux et déjà déchargés de leurs influences, les Italiens signent là un tour de force que personne n'attendait. Nous avons donc contacté le très sympathique et affable guitariste Andrea Violante pour en savoir un peu plus sur ce chef-d'œuvre, et le monsieur a des choses à dire !

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Andreas Violante (guitares) - Par Eternalis
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Salut Andrea ! Il s’agit de la première interview d’At The Soundawn ici. Peux-tu présenter le groupe à nos lecteurs ?
Bien sûr ! Nous sommes un groupe avec cinq membres officiels (chanteur, deux guitaristes, bassiste et batteur) et un membre de session concernant les percussions, les cuivres et occasionnellement certaines parties de batterie. Nous venons du nord de l’Italie et jouons déjà depuis de nombreuses années, et nous nous sommes définitivement appelés At The Soundawn en 2005. En effet, nous avons débuté réellement en 2006 et avons enregistré un an plus tard notre premier opus, Red Square : We Come In Waves, pour Lifeforce Records. Depuis ce jour, nous avons fais une petite tournée en Europe et avons enregistré nos dernier effort, Shifting, l’été dernier.

Il s’agit de votre second album, peux-tu le décrire avec tes propres mots ?
Shifting est le résultat d’un travail d’écriture et de production étalé sur deux ans. Ce n’est pas réellement un concept album mais il y a un fil rouge tout au long du disque. Tout a commencé dans notre environnement, là où nous vivons et passons notre temps. Il rassemble nos pensées sur les conditions dans lesquelles nous vivons pour obtenir finalement l’idée de ce que doit être le changement (« Shifting » en anglais). Le changement est en effet la condition inévitable de notre pensée actuelle, nous y pensons tous. Dans notre société, nous avons constamment cette idée de changement en tête. Ceci est dû à de nombreuses raisons différentes. Tout d’abord, selon moi, cela vient particulièrement de la présence d’une trop large palette de cultures face auxquelles nous sommes en relation chaque jour de notre vie, en particulier entre les cultures de l’ouest et de l’est. Les relations entre ces deux cultures sont explorées dans Shifting, chacune dans les textes et la musique. Nous essayons d’offrir à l’auditeur la possibilité d’apercevoir ce que nous voyons à travers le monde, sans jamais oublier qui nous sommes. Nous jouons avant tout du rock, mais nous mettons aussi des éléments orientaux dedans.

Je pense que votre musique est une grande alchimie entre Neurosis, Cult of Luna, Isis, The Dillinger Escape Plan, The End…et votre propre personnalité. Comment décrivez-vous votre propre musique ?
Je dirais qu’il s’agit d’un courant d’eau, une sorte de ruisseau dans lequel tu dois abandonner toutes tes espérances et juste te laisser emporter. Ne jamais avoir peur lorsque arrive le mur de son ou que les guitares se raréfient pour empoisonner l’atmosphère. Juste se laisser emporter…

Il y a beaucoup d’éléments jazz sur Shifting. L’ambiance est nostalgique, très émotionnelle et réellement malsaine lorsque les guitares arrivent…
Tout ça est super cool, non ? Ok, j’arrête de faire mon gosse (rires). Eh bien, c’est ta définition. Nous aimons créer des ambiances et des émotions, c’est ce pour quoi nous faisons de la musique. Si les émotions changent constamment, c’est juste pour vouloir voyager. Nous ne cherchons pas à nous restreindre à un unique genre musical, nous laissons notre créativité s’exprimer en toute liberté, qu’il s’agisse de jazz, de drone, d’ambiant ou de hardcore… tu peux appeler ça comme tu voudras. Pour nous, ce n’est que de la musique, la voie par laquelle nous nous exprimons.

AT THE SOUDAWN

Quelles sont tes influences ?
Elles sont nombreuses et émanent de nombreux genres, mais je n’aime pas établir de liste. Disons que nous essayons de prendre à chaque artiste les éléments qui nous plaisent. Par exemple, aujourd’hui, j’ai écouté Laura Marling toute la journée et sa musique s’est vraiment coincée dans ma tête. J’aime vraiment les airs qu’elle chante et elle s’occupe de l’essentiel de la section rythmique. Ainsi, après cet entretien, je vais me plonger littéralement dans sa musique afin d’en comprendre l’essence et de trouver ce qui retient à ce point mon attention afin d’en capturer le secret et de pourquoi pas le réutiliser à l’avenir. J’aime beaucoup étudier la musique des autres artistes.

Vous êtes signés chez Lifeforce. Es-tu satisfait de leur travail ?
Oui, totalement. Tu sais, Lifeforce est juste le label de la taille qu’il nous faut. Ce n’est pas juste un label indépendant avec un bureau, un PC et rien…non, ils font vraiment beaucoup de boulot ! Cependant, ce n’est pas encore une major, donc les artistes sont jeunes. Ils ne nous imposent pas de quotas de ventes, ne nous demandent pas de raccourcir des chansons pour en faire des singles etc… nous sommes libres. Ils ont vraiment confiance en nous et nous laissent jouer totalement notre musique sans interférences extérieures. Puis ils s’occupent de la promotion de nos albums, les distribuent dans le monde entier, obtiennent des contacts avec des tourneurs… Que pourrions-nous demander d’autre ?

Il est finalement assez rare de disposer d’une personnalité aussi forte pour un si jeune groupe. Que penses-tu de la scène Metal italienne actuelle et de la scène Metal en général ?
Bah… L’Italie est le pire endroit pour faire grandir un groupe ! Pour utiliser une métaphore, si le monde était New York, l’Italie serait le Bronx. Tout est dur ici : il n’y a aucun support, aucune aide, peu d’infrastructures (NDLR : tiens, ça nous rappelle un pays…) et finalement peu de public. Néanmoins, il y a de grands groupes ici mais ils ont dû voir à l’étranger pour obtenir des résultats. L’Italie est un véritable no man’s land pour le Metal et le Hardcore. Concernant la scène Metal en général, j’aime tout ce qui dégage énormément de créativité. Tu sais, je lis quotidiennement la presse, et je réalise que les magazines sont couverts d’interviews de plus de 40 nouveaux groupes à chaque fois. Juste concernant At The Gates : j’adore ce qu’ils font, je les écoute encore comme il y a dix ans. Est-il réellement possible que rien n’ait changé depuis ce temps ? On dirait parfois…

Avez-vous des concerts de prévu pour les prochains mois ?
Oui, nous avons quelques shows à venir en Italie, en Autriche, en Hongrie, en Pologne et en Allemagne pour le moment. Nous ne pouvons plus attendre de repartir sur les routes ! Nous pensons également venir en France car nous avons vraiment reçu de super retours de chez vous…Vive la France ! (NDLR : en français, s’il-vous-plaît)

La pochette de Shifting est assez abstraite, comme Isis par exemple. Quelle est la symbolique derrière cet artwork ?
Le changement ! Mais tu devras mettre la main sur le livret du CD pour le comprendre. Il s’agit en fait d’une manche avec un morceau de pièce d’art sur lui, mais il faut déplier le livret pour réellement s’en rendre compte. C’est un peu le résumé psychédélique graphique de ce qui représente, selon moi, l’optique. Le sens que peut livrer cette illustration reflète la difficulté à comprendre le changement. En effet, si tu observes la manche verticalement, tu ne remarqueras rien. Une fois déplié, tu auras une vision plus large pour en saisir le sens général. Comme la condition changeante, si tu restes très proche de l’image, tu verras difficilement quelque chose, avec le temps viendra l’interprétation.

AT THE SOUDAWN

Plus généralement, concernant les textes, est-ce un concept ?
Comme je l’ai dit précédemment, ce n’est pas réellement un concept album, mais il y a un lien concernant le « dialogue » entre les cultures de l’est et de l’ouest. Les textes sont une sorte de melting-pot de pensées à propos de ce puzzle. Nous prenons l’exemple de la condition de la femme, le défi de la nature, de la réalité et nous donnons notre opinion concernant toutes ces sociétés. De plus, nous ne nous focalisons pas uniquement sur le présent, et nous avons travaillé à faire une synthèse qui nous permettrait de revenir aux bases de la Grèce Antique, en explorant leur mythologie. C’est de là que vient notre culture et beaucoup de clés de notre monde. Pour les questions de l’Inde et de la Chine, nous avons étudié également la situation réelle, loin de celle affichée dans les médias. Procurez-vous le disque pour découvrir véritablement de quoi je veux parler, il y a tellement de choses à dire !

Comment cet album a-t-il été enregistré ?
En accord avec notre producteur Riccardo Pasini, nous avons tenté de rendre le son aussi clair que possible, très fin. Tu sais, aujourd’hui, beaucoup de disques de Hardcore sonnent très agressifs, écrasants et massifs mais finalement, il n’y a aucune âme dedans. Tout est compressé, la batterie est triggée, les guitares ne sont que distorsion. Le résultat est que chaque production possède un son similaire et uniforme et qu’il en devient impossible d’entendre ou de ressentir la touche des musiciens, leur identité. C’est pourquoi nous nous sommes engouffrés dans la direction opposée. Tout ce que tu peux entendre sur l’album est strictement joué et créé par nos instruments. Il n’y a aucun sample, aucun son ajouté, rien. Nous n’avons presque pas compressé le son, et nous nous sommes réellement concentrés pour obtenir le son juste. C’est pour ça que nous n’avions besoin d’aucun effet, rien du tout… Tout est live et l’émotion est bien plus réelle et palpable, « in your face ». C’est ainsi qu’un album devrait sonner, pour moi.

Un grand merci pour tes réponses ; le dernier mot est pour toi…
Merci beaucoup pour l’entretien. Venez en masse aux concerts, sur notre site officiel ou même notre Facebook ! J’espère jouer rapidement en France ! Suivez ça de près ! Stay Tuned !


AT THE SOUNDAWN – Shifting
Lifeforce / Pias



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