FALLING DOWN Compilation

La compilation ultime de l'enfer auditif...

Jucifer, Taint, God Is An Astronaut, Gnaw Their Tongues, Across Tundras, US Christmas, Time To Burn, White Hills et plein d'autres encore... Tout ça réuni sur un même CD (deux, en fait) ???!!! Oui, c'est maintenant une réalité grâce à deux potes d'Aix-les-Bains dévoués au Hard et qui proposent une suite à leur première compilation Falling Down. Yann et Thibaut nous racontent leurs galères, mais surtout, leur passion.

Interview également parue dans le METAL OBS n°39 d'Avril 2010

Entretien avec Yann et Thibaut – Par Gilles Der Kaiser
Rechercher : dans l'interview
Voilà maintenant quelques jours que le deuxième volume Falling Down est sorti. Êtes-vous satisfaits de l'accueil que les médias et les artistes lui font ?
Thibaut : C'est toujours très bien d'avoir des retours satisfaisants mais le plus important était déjà que la compilation nous plaise à nous-mêmes. Nous trouvons qu'il y a vraiment d'excellentes chansons et à partir de là, c'est déjà l'essentiel. Ensuite, bien sûr, nous espérons que les artistes qui composent la compil’ vont apprécier l'ensemble. Pour l'instant, nous n'avons que très peu de retours, le temps d'envoyer les colis, etc... Nous espérons un verdict positif.
Yann : Les chroniques commencent à arriver ; pour le moment, il n’y a aucune critique qui semble être récurrente, par rapport au premier volume où, par exemple, on nous reprochait le boîtier cristal. Les ventes sont meilleures par rapport à ce que je m’attendais ; étant donné l’hétérogénéité de cette nouvelle compilation par rapport à la première, je n’étais pas particulièrement confiant. Mais il semblerait que, tout de même, Mère Curiosité ne se soit pas totalement éteinte…

Comment vous est venue l'idée de créer Falling Down ?
Yann : Satan nous l’a murmuré à l’oreille.

Depuis un petit bout de temps, Falling Down a également un webzine. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Thibaut : Nous aimons écrire, même si c'est relativement peu pour ma part. Nous voulions faire les choses simplement, on gère, on prend le temps qu'on veut, on chronique ce qu'on veut, comme on veut, ça résulte des choses subjectives et décalées. Si des gens veulent lire, pourquoi pas...
Yann: Nous avions déjà été chroniqueurs pour des webzines dans le passé, mais tous nous/m’ont semblé trop cloisonnés, n’offrant pas assez de libertés/folie dans leur ligne directrice. Nous voulions quelque chose où nous pouvions faire exactement ce que nous voulions, sans aucune contrainte. Il faut savoir que je respecte beaucoup l’écriture en elle-même ; je trouve ça vraiment très… noble. J’abhorre vraiment ce phénomène actuel dans les médias qui prônent la quantité sur la qualité. La plupart des articles que je peux lire me semble inutiles et futiles : n’importe qui écrit n’importe quoi. Je ne souhaite pas donner des leçons ou que sais-je, je ne sais pas non plus si des gens apprécient ma manière d’écrire, mais en tous les cas, tout ce que tu pourras lire sur ce site est écrit avec passion et sérieux (tout du moins dans la construction de l’article en lui-même). J’ai horreur des copies/ersatz : si le lecteur vient dans nos pages pour ne pas lire une énième chronique similaire, s’il vient pour trouver une once de folie, et s’il vient lire tel article car il y a une relation de confiance entre lui et moi dans le choix des artistes, alors je serais heureux. L’influence/affluence du zine nous importe peu. 

Il me semble également avoir lu que vous étiez en train de mettre sur pied un festival...
Thibaut : Hmmm... Je pense qu'il faudrait oublier cette idée. Quelques soucis de lieu. Nous verrons en fonction des événements...
Yann : Nous voulions faire une soirée de vernissage au mois de mai. Mais pour différentes raisons (l’indisponibilité de certains groupes, des difficultés à booker la salle, etc.), nous allons repousser cette soirée de quelques mois. On vous tiendra au courant, mais il semblerait a priori que ça se passe à Genève et plutôt à la rentrée septembre/octobre. La sortie de ce second volume nous a vraiment pris tout notre temps, et nous n’avons pas pu nous occuper de ça comme nous l’aurions souhaité. On tâchera en tous les cas de faire une prog’ sympa avec les groupes ayant participé à nos deux compilations, avec pourquoi pas une ou deux surprises.

 FALLING DOWN Compilation

Le premier volume était plus axé post-core que celui-ci, qui fait également la part belle au drone/doom, au psyché/space rock et à des musiques encore moins accessibles que le post-core (rires). Est-ce là le simple résultat d'une évolution de vos goûts personnels ?
Thibaut : Evolution de goûts, sans doute, c'est une continuité, et puis, nous avons déjà bien fait le tour de la scène avec le premier volume. Il en reste plein d'autres certes, mais il fallait diversifier les émotions.
Yann : Oui, assurément. Nous sommes encore tout jeunes, des gamins pour ainsi dire : ma mère vient de m’offrir mon premier rasoir. Nos goûts musicaux évoluent constamment, et ça se ressent logiquement dans nos projets. Et puis, sans prétention, nous avons eu le plaisir incommensurable de bosser avec la quasi-totalité des groupes que nous affectionnons dans la scène postcore/rock. Il était donc bien, il nous a semblé, de ne pas (trop) nous répéter et de nous ouvrir sur d’autres horizons musicaux. Tout ça, pendant la phase où nous contactions les groupes pour leur exposer notre projet, était loin d’être consciemment médité: c’est un processus naturel au final, le résultat des goûts de deux jeunes passionnés.

Par contre, sur ce deuxième volume, il y a des artistes qui figuraient déjà sur le premier (Impure Wilhelmina, Kehlvin, Time To Burn) ; pourquoi un tel choix? C'étaient de gros coups de cœur ?
Thibaut : Impure Wilhelmina et Ocoai étaient deux groupes qui n’avaient pas de morceaux inédits sur le premier volume. Nous aimons vraiment ces groupes et nous avons pu avoir des morceaux de leur part, c'est donc parfait pour nous, et notamment quand on écoute le résultat. Time To Burn et Kehlvin ont été des occasions à saisir, beaucoup plus tard, et nous en sommes ravis.

Est-ce que ça a toujours été facile d'obtenir des inédits de la part des artistes ? Je pense notamment à quelques gros noms comme The Ocean, Gnaw Their Tongues, etc.
Thibaut : Gnaw Their Tongues, oui, très simple, très sérieux et rapide... On a reçu son morceau bien deux mois avant tous les autres, et beaucoup plus pour certains. The Ocean, plus complexe, c'est du temps à corrompre Jona, le gratteux que l'on connaît bien, enfin, plutôt le temps qu'il a passé à corrompre les autres et sa gentillesse qui nous ont permis d'avoir un inédit de The Ocean sur la compilation.
Yann : Il est difficile de faire des généralités sur ce point, il faudrait prendre cas par cas. Mais disons que, tout de même, avoir des morceaux inédits est vraiment loin d’être évident, surtout si le groupe va en studio spécialement pour ton projet, ce qui induit des frais et beaucoup de temps consacré uniquement pour la compilation. Il faut contacter le groupe au bon moment, connaître un intermédiaire aide également. Pour The Ocean, qui reste notre « tête d’affiche », nous nous sommes rendus compte que nous avions mis les pieds dans un niveau de notoriété autre, en rien comparable avec le reste des groupes avec qui nous avions pu bosser auparavant: les exigences, les attentes ou les demandes ne sont plus vraiment les mêmes. On a (eu) la chance de bien connaître un de leur guitariste, Jona, sans quoi je pense nous n’aurions jamais pu avoir un morceau inédit. Nous avons croisé Robin à de nombreuses occasions (festivals, concerts, etc.), et même si ça a été l’un des premiers groupes que nous avons contactés, sans l’appui d’une connaissance, ça ne se serait jamais concrétisé: au final, ça ne se joue vraiment pas à grand-chose.

Vous parlez notamment de contacts... L'expérience du premier volume vous a-t-elle facilité  « l'accès » aux groupes et  rendu plus facile « l'obtention » d'un titre pour ce deuxième ?
Thibaut : Oui, ce n'est pas vraiment comparable d'ailleurs, nous avons pu nous appuyer sur la première compilation et forcément ce fut une aide, d'autant plus qu'avant, nous sortions totalement de nulle part.

Et il y a ce titre de The Poisoned Glass, un nouveau projet de Stuart Dahlquist (Asva) et d'Edgy 59 (Burning Witch). Comment a-t-il fini sur Falling Down ?
Yann : Très grosse fierté que la présence de The Poisoned Glass sur notre modeste compilation. Initialement, nous avions contacté Stuart afin de savoir si ASVA serait intéressé pour participer (What You Don't Know Is Frontier est juste un chef d’œuvre). Ils étaient néanmoins en pleine composition du nouvel album, donc impossible de participer avec un morceau inédit. Il a semblé néanmoins être très intéressé par notre projet et nous a dit qu’il nous recontacterait quelques temps plus tard afin de nous proposer quelque chose de nouveau, mais pas sous le nom d’ASVA. On a appris quelques semaines plus tard qu’il avait décidé de monter un nouveau projet avec Edgy et que leur premier et incroyable morceau serait une exclusivité Falling Down : juste incroyable ! Nous avons eu beaucoup de chance sur ce coup-là, surtout que nous ne nous connaissions pas personnellement à l’époque. Avoir ces deux icônes des musiques extrêmes réunies spécialement pour notre projet nous a vraiment déconcertés! Et bonne nouvelle : Edgy nous a mailé il y a quelques jours pour nous dire qu’ils étaient en pleine composition de nouveaux titres !!

Un autre titre m'a particulièrement impressionné, c'est le R-Complex de Farflung. Je ne connaissais pas ce groupe avec d'écouter la compilation et franchement, ça décape ! Peux-tu nous en dire deux mots ?
Thibaut : Les gars de Farflung vivent dans l'espace, ça aide...
Yann : Ils sont tombés dans la marmite de LSD quand ils étaient petits ! Nan, vraiment… la question avec eux n’est plus de savoir depuis combien de temps ils n’ont pas touché le sol, mais bien : l’ont-ils déjà touché ? J’en doute vraiment… Ces mecs sont aussi incroyables que leur musique peut l’être: vraiment, je vous en prie, je vous en supplie, aller checker leur dernier album en date, A Wound in Eternity, c’est une pure merveille spacerock/psychédélique. Un véritable voyage lowcoast.

Peux-tu également nous parler un peu de la participation de Synckop pour le visuel ?
Thibaut : Eh bien, il a pris contact avec nous car il était intéressé pour réaliser le visuel de Falling Down II. Après avoir étudié les choses, nous avons finalement décidé de travailler avec lui avec plaisir. Il fait de sublimes œuvres (www.synckop.com), et nous sommes très satisfaits de la compil’ ; nous le remercions énormément.
Yann : Ce mec a vraiment du talent ; on est vraiment super contents d’avoir travaillé avec lui !

 FALLING DOWN Compilation

Sinon, pas trop de galères lors de la préparation de ce deuxième tome ? Avec The Dillinger Escape Plan, par exemple, tout a un peu foiré à la dernière minute, non ?
Yann : A la dernière seconde, même, putain ! Nan, vraiment, quelle merde cette histoire. Nous étions tellement excités par le fait de les avoir sur ce second volume : ça a vraiment été un coup dur. Ça nous a vraiment pourri la vie. Au final, nous nous en sortons plutôt bien (on passe juste pour des gigolos devant tout ceux à qui nous avions annoncé l’heureux événement) par rapport à ce qui aurait vraiment pu se produire : à savoir perdre beaucoup beaucoup d’argent et repousser de manière considérable la date de sortie. Faire une compilation, avec des morceaux inédits évidemment, est quelque chose de vraiment long et fastidieux, il y a tellement de choses à gérer… Mais au final, ces deux expériences furent vraiment incroyables, notamment grâce aux incroyables personnes que nous avons eues la chance de rencontrer, qui sont souvent devenues des amis qu’on respecte au plus haut point.

On sent d'ailleurs une sorte de mépris à l'égard du monde actuel (religion, consumérisme de masse, écologie, etc.) notamment au travers du remerciement ironique à Season Of Mist, mais surtout par le biais des citations qui figurent dans le booklet (Cioran, etc.). Le fait de sortir une compilation de musiques dites “alternatives“ est-il pour vous une manière d'affirmer votre désaccord avec ces choses ?
Thibaut : Oui et non... Ces citations ne sont pas là pour dire : "Regardez, on vous emmerde.", mais plutôt pour approfondir un peu l'univers Falling Down, qui dépasse la musique. Je méprise cette vie actuelle qui se trompe d'objectif, et alors tout se répercute sur les gens, un pauvre constat merdique. Ca ne sert à rien d'en écrire trop long à ce sujet ; de toute façon, ce cirque de société s'enfonce et s'enfoncera jusqu'à la fin, la masse avec, nous avec, la terre avec. En attendant, autant se porter le plus loin possible de l'horreur.
Yann : Le mépris et le dégoût me fatiguent… je pense donc baisser les bras, et quitter cet univers où l’absurdité s’immisce jusque dans les plus petits recoins de l’être. Ça a été une évidence pour nous, sur ce second volume, de développer cet autre « aspect » de notre projet.

Avec qui aimeriez-vous encore collaborer ?
Thibaut : Il y a tellement de groupes... Ahkmed, Vibravoid, Have A Nice Life, Ancestors, Wildildlife, Logh...
Puis Electric Wizard, Sunn O))) ou KTL, un projet de Julie Christmas, A Place To Bury Strangers, Burzum, Nirvana, Jefferson Airplane, The Jesus & Mary Chain, The Beatles, Chopin, Mr. Epp & The Calculations...

Comptez-vous donner une suite à cette deuxième compile ?
Yann : Joker ; on choisit l’avis du public.

Si je ne me trompe pas vous êtes tous les deux étudiants. Ce n'est pas trop galère niveau financier de sortir ces compilations avec tous les frais que cela engendre (promo, etc.) ?
Thibaut : Si, c'est galère mais ça va. Tu parles de promo mais, c'est quasiment inconcevable pour nous de financer ça. C'est d'ailleurs un handicap certain, on essaye néanmoins de faire mieux que le premier volume. On dépasse déjà nos limites avec le pressage et le mastering mais, et on l'espère, on peut rentrer dans nos frais si tout se passe bien... On verra dans quelques (semaines?) mois.
Yann : Eh bien, disons que nous n’allons déjà pas nous trémousser le cul avec nos polos roses sur des podiums tous les jeudis et samedis soirs pour claquer 80 euros dans une bouteille. J’ai un mode de vie presque ascète, je ne dépense quasiment plus rien : non pas que je me prive, juste que je ne peux/veux plus. Ça nous permet de claquer tout notre argent de poche dans ces projets…


FALLING DOWN - Compilation 2
Auto Prod



Myspace : www.myspace.com/fallingdowncompilation