FOZZY

Heavy Metal version poids lourd...


Même s’il est encore peu connu en dehors des USA, Fozzy va assurément faire parler de lui prochainement et ce, pour trois raisons. La première, c’est que son frontman n’est autre que Christopher Irvine, alias Chris Jericho, l’actuel champion du monde poids-lourds de la World Wrestling Entertainment (nous sommes en mars, au lendemain du pay-per-view Elimination Chamber 2010). La deuxième, c’est que le backing band emmené par le guitariste Rich Ward est uniquement constitué de musiciens aguerris du clan Stuck Mojo. La troisième ? C’est que le nouvel album Chasing The Grail est tout bonnement excellent ! Les vieux jours où le groupe s’appelait encore Fozzy Osbourne - le nom est désormais raccourci de peur de froisser Sharon la manageuse - et se bornait à reprendre du Maiden ou du Kiss semblent bien loin…    

Interview parue également dans le Metal Obs' 39 d'Avril 2010

Entretien avec Chris Jericho (chant) - Par Jean-Christophe Baugé
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All That Remains remonte déjà à 2005. Quand avez-vous commencé à composer pour ce nouvel album ?
J’ai commencé à écrire les lyrics en 2006 mais ce n’est qu’à partir de l’année dernière que Rich et moi avons décidé de faire un nouvel album de Fozzy. Je lui ai alors donné toutes les paroles que j’avais, de quoi faire 14 morceaux, et il a écrit la musique. Ça a été un processus en quasi-continu sur les 2 ou 3 dernières années, en fait.

Pourquoi avoir signé avec un label australien, Riot Entertainment ?
Le business de la musique est parfois étrange, certaines maisons de disques disparaissent alors que d’autres se développent. C’est en Australie qu’on a vendu le plus jusqu’à présent. Il était temps de saisir une bonne opportunité avec les options les plus intéressantes. Riot nous a fait une offre en nous assurant d’une distribution mondiale. Ils ont fait du bon boulot jusque là.

Après Myles Kennedy, Zakk Wylde, Bone Crusher, Mark Tremonti et Marty Friedman sur l’album précédent, vous avez de nouveau fait appel à plusieurs invités. Comment les as-tu rencontrés ? Commençons par Eric Frampton.
Eric joue avec Rich depuis l’album de The Duke en 2005 (NDLR : My Kung Fu Is Good). C’est un excellent claviériste. On cherchait quelqu’un pour prendre en charge les parties mélodiques et les soli de claviers de Chasing The Grail : Eric était l’homme de la situation.

Renny Carroll…
Renny est anglais, c’est le chanteur de Forever Never. On l’a rencontré à plusieurs reprises sur nos tournées en Angleterre et le courant est bien passé. Il assuré les chœurs sur l’album.

Jeff Waters d’Annihilator…
Je connais aussi Jeff depuis des années. Je lui avais envoyé un mail pour présenter Fozzy juste avant que Mike Martin ne quitte le groupe ; l’enregistrement de l’album n’avait pas encore débuté. On avait besoin de quelqu’un qui soit à l’aise dans le shred. Jeff, qui est sûrement l’un des guitaristes les plus sous-estimés de sa génération, a illuminé « Martyr No More » et « God Pounds His Nails » de ses soli. Je lui tire mon chapeau !

Terminons par Mike Martin de Stuck Mojo.
Mike a fait partie du groupe pendant 4 ans sans pour autant apparaître sur nos disques. Lorsque j’ai eu l’idée de faire « Wormwood », la longue pièce qui vient clore l’album, j’ai fait appel à Mike pour l’écriture car il est très tourné vers le prog’.

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Parle-moi plus en détails de « Wormwood ». C’est la première fois que Rich ne participe pas à l’écriture d’un morceau de Fozzy…
C’est même la première fois que ça arrive sur un album de Rich. En fait, c’est lui qui a pensé que Mike serait plus à même de travailler avec moi sur ce type de morceau. J’ai toujours été fan des morceaux épiques d’Helloween sur les Keeper Of The Seven Keys, ou encore de Dream Theater ou Rush. Il était temps que je fasse un long morceau et l’Apocalypse selon Saint-Jean, le dernier livre du Nouveau Testament, me semblait constituer une base solide pour les lyrics. Les mots me sont venus par flots entiers et les 7 chapitres se sont finalement étalés sur près de 14 minutes. Ce titre est bien construit et reste captivant d’un bout à l’autre. On en est très fier.

Le titre « Let The Madness Begin » a de forts relents d’Ozzy Osbourne, qui était d’ailleurs le guest host de WWE Raw en novembre dernier. Quels sont les chanteurs qui t’ont inspiré ?
En fait, lorsque j’ai commencé à chanter, je me sentais plus proche de Bruce Dickinson. J’ai ensuite développé mon propre style avec des phrasés qui rappellent ceux d’Ozzy, ce qui est assez curieux car bien que j’apprécie son travail, il ne fait pas partie de mes chanteurs préférés. Je n’ai jamais cherché à l’imiter, c’est juste arrivé comme ça, naturellement. Je veux bien t’accorder que « Wanderlust » sur All That Remains et « Under Blackened Skies » sur cet album sont assez ozzyesques.

Ta voix s’améliore d’album en album. Tu prends des cours ?
J’ai effectivement eu un coach vocal juste après l’enregistrement de All That Remains. Mais la meilleure formation, c’est chanter en live soir après soir. On a fait des centaines de dates de par le monde : au Royaume-Uni, en Australie, en Allemagne, au Canada, aux States. Plus tu chantes, plus tu connais tes points forts et tes faiblesses… et tu t’améliores. Avec l’expérience, tu peux te concentrer sur la façon dont ta voix sonne le mieux et tu finis par savoir trouver les meilleures mélodies pour une chanson. Pour cet album, exceptionnellement, j’ai pu prendre mon temps pour enregistrer ma voix car on ne s’était pas fixé de deadline, on reportait au lendemain ce qui ne pouvait pas être réalisé le jour-même. C’est une bonne chose pour un chanteur car tu ne peux pas être au top plus de 3 ou 4 heures d’affilée.

De quels nouveaux titres es-tu le plus fier ?
Je dirais « Under The Blackened Skies », « Martyr No More », « God Pounds His Nails » qui montrent ce dont le groupe est capable. J’adore « Wormwood » aussi. Tous les titres sont forts.

Quelle est la priorité de Rich entre Fozzy et Stuck Mojo ?
Pour Rich, la musique est un job à plein temps. Quand Fozzy n’a pas d’actualité, il revient vers Stuck Mojo et vice-versa. Il est tellement bon dans des styles différents qu’il peut s’investir à 100 % dans de nombreux projets. Il est lui aussi très sous-estimé en tant que guitariste et compositeur dans ce business. En ce qui me concerne, tant que mon emploi du temps le permettra, il y aura d’autres albums de Fozzy.

Le clip de « The Enemy », extrait du précédent album, a eu son petit succès. Vous comptez en tourner d’autres ?
Je ne suis pas sûr que ça en vaille encore la peine. Le problème, c’est de savoir où ils pourraient être diffusés, à part sur YouTube. Mais personnellement, j’aimerais bien. « Martyr No More » ou « Broken Soul » pourraient donner lieu à de bonnes vidéos. On va y réfléchir.

Le DVD « Unleashed, Uncensored, Unknown » a été retiré du marché depuis belle lurette. Une réédition est-elle à l’ordre du jour ?
C’est amusant car il n’a en fait jamais été sorti d’une manière officielle. Il est fait de documents qui datent d’au moins 10 ans. Quand j’ai demandé à ma maison de disque comment je pouvais obtenir les droits de diffusion, je n’ai pas obtenu de réponse claire. On a donc sorti le DVD en indépendant jusqu’à ce qu’on se fasse taper sur les doigts. Il m’en reste encore en stock. J’aimerais bien le ressortir, d’autant plus qu’on en trouve des extraits sur YouTube ou UGO. On avait fait du bon boulot : tous ceux qui l’ont visionné, que ce soit Ozzy Osbourne, Zakk Wylde ou encore Mike Portnoy, l’ont apprécié.

Fozzy a déjà participé à de gros festivals en Europe comme le Bang Your Head en 2002 ou le Download en 2005. Qu’est-ce qui est prévu cet été ?
On va jouer au Bloodstock festival en Angleterre (NDLR : Derby, du 13 au 15 août). On est aussi en pourparlers pour le prochain Download. J’ai un emploi du temps très chargé bien sûr mais on ne rate aucune opportunité.

Le groupe a déjà joué « To Kill A Stranger » live à WWE Raw en 2002. Allez-vous remettre le couvert pour le show Smackdown ?
Non, parce que je joue le rôle du méchant dans ce show. Je mets donc tout en œuvre pour éviter la confusion des genres. Je ne voudrais pas que le public déteste le groupe parce qu’il déteste le catcheur que je suis.

« Martyr No More » a été l’une des chansons officielles retenues pour le Royal Rumble 2010. C’est le président Vince McMahon qui l’a choisie en personne ?
Non, c’est Kevin Dunn, le vice-président de la production TV du show qui l’a choisie. On lui en a soumis 3, comme n’importe quel groupe, et il a été conquis, ce qui fait toujours plaisir.

FOZZY

Est-ce qu’il est facile de gérer tes carrières de catcheur et de musicien en même temps ?
Ce n’est pas toujours facile dans le sens où cela génère beaucoup de travail, mais la passion est là. Je me suis mis à la musique bien avant le catch, j’ai joué dans des groupes dès l’âge de 12 ans. Je continuais d’ailleurs à jouer et enregistrer lorsque je suis entré à la fédération. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. J’ai une chance inouïe de pratiquer ces activités à un tel niveau… Mon souhait le plus cher est de continuer tant que je le pourrai.

Que penses-tu de tes collègues catcheurs qui se sont mis au chant ? Je pense notamment à John Cena et R-Truth pour le rap, ou encore Lita au sein des punk-rockers de The Luchagors…
C’est cool. La WWE est une fédération très importante, un business qui ouvre beaucoup de portes à ceux qui en font partie. Si tu as des projets en tête, les opportunités sont là, pas de soucis. Le disque de John Cena marche bien, Lita est en tournée, Mickie James prépare un CD… il suffit de se lancer.

Quel que soit ton pseudo (Y2J…), tu es connu en tant que heel (méchant) sur le ring. Y a-t-il une chance de te voir changer de rôle et devenir face (gentil) ?
C’est clair qu’il est plus facile de se faire haïr que de se faire aduler. Ceci étant, il faut savoir entretenir cette haine dans le temps. Prends des monstres hyper connus comme Dark Vador, Hannibal Lecter ou Freddy Krueger : ces personnages deviennent presque attachants à la longue tellement ils sont intéressants. Etre heel, c’est jouer finement sur les 2 tableaux : il faut être méchant tout en continuant à capter l’attention du public… moi, ça me convient. Mais si un jour je dois changer et devenir face, je m’impliquerai tout autant dans ce nouveau rôle.

Tu vas bientôt affronter Edge à Wrestlemania XXVI (Phoenix, Arizona) pour défendre ton titre de champion du monde poids-lourds. Combien de temps t’entraînes-tu par semaine ?
Les gens pensent souvent qu’on passe le plus clair de notre temps à répéter nos prises ou à faire de la musculation, mais c’est faux. En ce qui me concerne, je fais 3/4 d’heure à 1 heure de marche, 2 ou 3 fois par semaine, c’est tout.

Tu t’es fait agresser par des fans en février 2009 alors que tu revenais d’un show de la WWE au volant de ta voiture. Il n’est pas dangereux parfois d’être une star ?
Certaines personnes ont du mal à faire la part des choses entre la fiction et la réalité. Je me suis fait agresser à plusieurs reprises, on m’a même déjà lancé des piles au visage… mais c’est effectivement cet épisode qui est le plus connu. C’est l’inconvénient d’être heel. L’alcool aidant, les gens trop impliqués dans le show décident de passer à l’offensive (rires) alors que tout ça n’est que du spectacle : je ne joue qu’un rôle.

En guise de conclusion, quel message souhaites-tu faire passer à tes fans français ?
Lors de notre dernier passage à Paris, il y avait pas loin de 200 fans de la WWE et de Fozzy qui nous attendaient à la descente du bus. J’ai demandé à notre manager de programmer une date dès que possible. Ce sera sûrement en automne et on a hâte d’y être.


FOZZY - Chasing The Grail
Riot Entertainment / Plastic Head

Site : www.fozzyrock.com

Myspace : www.myspace.com/fozzytour