GENEVA

Bain moussant du soir…

Il aura mis du temps avant de se retrouver dans les bacs, ce premier album de Geneva ! Après un premier EP remarqué et controversé, Sails On Suds s’ajoute au catalogue Trendkill Recordings et se fait déjà bien distinguer pour son aspect Noise teinté d’élans Post-Rock. Un album certes pas novateur mais qui bénéficie d’une brillante réalisation tant sur le travail d’écriture que sur la production. Geneva se place ainsi parmi les groupes Noise français du moment à ne pas louper. Et comme l’envie vient en mangeant, laissons leur chanteur/guitariste nous conter son histoire, avant de nous ruer sur la galette.

Interview également parue dans le METAL OBS n°39 d'Avril 2010

Entretien avec Jean-Charles Debeau (chant et guitare) – Par Gaet’
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Tout comme une majorité de mes collaborateurs, la première fois que j’ai entendu parler de Geneva, j’ai tout de suite pensé à la Suisse, pour finalement me rendre compte que vous veniez de Valence. Vous pouvez donc m’en dire un peu plus sur les origines du groupe ?
Nous sommes bien de Valence dans la Drôme, oui... Je jouais à l'époque dans un groupe qui s'appelait Dont Look Back. Alex, qui joue de la basse, est un ami de longue date. Nous avions une envie commune de monter un projet relativement plus bruyant. Puis on a rencontré notre batteur Rémi et Geneva est né. C'était en février 2004, je crois. En ce qui concerne le nom du groupe, c'est un clin d'oeil à la ville et aussi à quelques souvenirs personnels. Rien de choc, ni de mystique dans le choix du nom du groupe.

Quels ont été les retours vis-à-vis de votre premier EP ? Qu’en retenez-vous tout particulièrement ?
Nous trouvons  que notre EP a suscité un intérêt plutôt contrasté. En tout cas, il nous a permis de nous familiariser avec l’autoprod: l'enregistrement, la promo, le booking...  c'était du fait-maison. Du coup, le EP nous a permis d’obtenir quelques chroniques et une poignée de concerts, rien de d'exceptionnel non plus... mais ce sont de très bon souvenirs, des premiers morceaux pleins de nostalgie. Cet EP nous aura permis de fonctionner de manière indépendante pour la suite.

Sujet qui a tendance à poser problème pour décrire un groupe, on vous range - à tort ? - dans la case Post-Hardcore (ce qui en soi n’est pas une tare non plus). Je trouve personnellement que vous sonnez plus Noise avec des accalmies et des envolées poignantes. Que pensez-vous des étiquettes et comment définiriez-vous le son de Geneva à ceux qui souhaiteraient jeter une oreille sur votre cas ?
En ce qui  me concerne, l'étiquette Post ne me dérange pas plus que ça. Le premier EP est de toute manière réellement typé Post. Sur Sail On Suds nous avons amené notre composition vers un rock plus Noise effectivement. C'est assez difficile, à mon goût, d’enfermer Sail On Suds sur un style. Pour moi, on y retrouve un son Noise comme des influences Post-Rock ou des ambiances plus sombres, voire Metal... Actuellement, on s'oriente vers des compositions vraiment plus Noise.

Quel message vouliez-vous faire passer à travers un titre aussi imagé que Sails On Suds ? Et quel rapport y a-t-il avec cette superbe illustration en guise de pochette ? 
Il y a eu beaucoup de titres évoqués pour cet album, la décision n'a pas été facile à prendre. Et puis nous avons opté pour Sail On Suds. Je préfère laisser aux gens le soin de se faire leur propre opinion sur la signification de ce titre, qui n'a pas forcément de rapport avec la pochette. Les compositions datent de trois ans, le disque a mis du temps à sortir, on était donc un peu "détaché", ce qui nous a fait opter pour un titre décalé et plus lumineux par rapport à l'ambiance du disque. C'est Ulrich Tottier, batteur des Bad Chickens et d'autres groupes punk de la région valentinoise, qui a réalisé cette pochette.

Vous avez tendance à étirer la longueur des morceaux. Cela est-il prédéfini lorsque vous attaquez la composition d’un titre ou bien les morceaux vivent par eux-mêmes et s’imposent sur la durée ?
C'est vrai que nos morceaux sont assez longs. Les conditions de répétition que nous avons sont agréables, donc on aime bien se laisser aller. C'est aussi lié à notre complicité tous les trois. Je pense aussi que les morceaux prennent leur temps, et ne restent pas figés, comme sur "And Dust Sugar From My Fold" où on pourrait entendre plusieurs chansons.

GENEVA

D’ailleurs, qui compose et/ou comment naissent des titres aussi prenants que « And Dust My Sugar From The Fold » et « Hope » ?
Pour la plupart des titres, j'arrive avec des idées de riffs, que nous développons ensuite. La structure basse-batterie change radicalement les bases que j'apporte. Les morceaux aboutissent vraiment une fois que chacun a apporté sa propre touche. Comme je le disais tout à l’heure, le fait qu'on se laisse aller sur la durée et la forme du morceau fait entièrement partie du processus d'écriture. Ce n'est pas un cahier des charges non plus : la section rythmique peut aussi amener la fondation.

Vous jouez pas mal avec les émotions, qu’elles soient déchirantes, mélancoliques ou écorchées. Votre musique est plus mélodique qu’agressive finalement. Sur quels thèmes travaillez-vous et que racontent les histoires que vous contez ?
Que ce soit avec la musique qu'on écoute ou celle de Geneva, nous avons  besoin de retrouver ce côté poignant, comme tu l'évoques, quelle que soit la direction qu'on prend. On peut d'ailleurs considérer Sail On Suds comme un disque plus aéré que notre EP. En ce qui concerne les textes, j'écris des paroles qui ne sont pas forcément explicites directement, vu que je mets des situations particulières de ma vie, sans que le tout prenne une forme autobiographique. Les thèmes principaux qui se dégagent sont l'enfance, l'amitié, et d'une façon plus générale, les rapports humains. De manière globale, les titres ne sont pas en rapport avec les paroles ni l'ambiance du morceau. J'aime assez être perdu, envahi par la musique et ne plus savoir pourquoi.

Deux invités viennent en renfort sur l’album : Pierre Viguier de Tantrum pose sa voix sur « Opposite / Attract 1 » et Reno Brustlein de H-Burns vous accompagne sur « On My Own ». Comment se sont faites ces collaborations et qu’ont-elles apporté aux morceaux que vous ne pouviez satisfaire vous-mêmes ?
Renaud est un ami de longue date, on jouait ensemble dans Dont Look Back. Désormais, on joue ensemble dans Fuck Me Baby, un projet rock lo-fi bruyant. C'est quelqu'un que j'apprécie énormément. Pour "On My Own", je me suis dit que j'allais lui proposer de faire un texte et de le chanter. C'est assez drôle car c'est un morceau qui se rapproche de ce qu'on pouvait faire dans Dont Look Back. En ce qui concerne Pierre Viguier, ça fait des années que je suis fan de Driveblind et Tantrum, ainsi que toute cette scène Noise 90 française. On s'est connu par le biais de concerts. Il a rapidement accepté et le résultat a vraiment surpassé nos attentes. C'est dommage qu'il n'ait pas pu être présent durant l'enregistrement puisqu'il a fait ses parties voix de son côté, mais on n’en reste pas moins honoré de cette présence. Nous aimons aussi de temps en temps, avoir des gens qui amènent leur univers dans Geneva.

Question un peu vicieuse : êtes vous donc contents du résultat obtenu, par rapport à vos attentes et au travail de Serge Moratell ?
Nous sommes globalement satisfaits du travail de Serge Moratel. Il m'est encore difficile d'avoir un avis définitif sur la question : les chansons datent d'il y a trois ans, l'enregistrement d'un an, et nous avons le disque depuis peu. Je pense cependant que le prochain disque sera enregistré différemment, dans des conditions live, avec de réels sons de pièce.

Un aspect qui m’a particulièrement frappé à l’écoute de l’album, c’est la richesse globale des compositions alors que vous n’êtes que trois. Vous vous débrouillez aussi bien que si vous étiez cinq. A quoi doit-on s’attendre dans la version live de Geneva ? Vous usez de samples ou bien vous arrivez à tout faire sonner tel quel ?
Alors pour le coup, cet album, c'est la fête à la guitare. Il est vrai que nous avons pris beaucoup de plaisir en studio à faire les overdubs. J'ai volontairement laissé beaucoup de prises guitare pour donner un effet massif et surtout bordélique. En ce qui concerne le live, nous apportons un soin particulier à l'énergie scénique. Du coup, il n'y a pas de samples, juste beaucoup de son et d'énergie.

Une tournée est donc à prévoir pour promouvoir Sails On Suds ?
Nous bossons dessus actuellement. Nous allons commencer par des week-ends comme ça, puis plus tard une mini-tournée de quelques jours. Nous bossons tous et un groupe comme Geneva a du mal à trouver des lieux pour jouer. Nous serons le 19 mars en Suisse puis le 20 mars à Montpellier. Toutes les infos sont sur notre Myspace.

L’album a mis plus de temps que prévu à sortir, en attestent les nombreuses chroniques apparues sur le web en fin d’année 2009…
Nous avons vraiment ramé sur Sail On Suds, de la composition qui a été très lente à la production. Tout fut une vraie galère... Mais nous sommes heureux de pouvoir passer sur scène pour défendre cet album.


GENEVA – Sails On Suds
Trendkill Recordings



Myspace : www.myspace.com/genevafr