SLASH

The King is back...

Slash... La seule évocation de ce nom fait naître de nombreuses réactions : la groupie, hystérique, revoit toutes ses années au premier rang des concerts des Guns N’ Roses, le livre I'm With The Band : Confessions Of A Groupie, de Pamela Des Barres sous le bras comme bible, et hurle au plaisir de retrouver une idole des années folles du glam rock. Le fan de musique, plus posé, exultera quand même de plaisir de savoir que ce maestro de la 6 cordes s'émancipe enfin, et donne naissance à son premier album solo. Un album ultra calibré, mais ultra bien ficelé, taillé pour la scène. 

Interview parue également dans le Metal Obs' 39 d'Avril 2010

Entretien avec MONSIEUR Slash - Par Geoffrey
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Après  tant d’années, est-ce toujours intéressant pour toi de faire des interviews ?
Non, ça va. Ça dépend des endroits où tu fais les interviews, et des gens qui te posent les questions (rire).  Un peu comme le sexe, qui dépend du lieu, et des personnes (rire).

La grosse question par rapport à ce projet solo est : pourquoi maintenant, et pas plus tôt ?
Je suis arrivé à un stade de ma carrière où je me suis dit qu’il était temps de faire un disque tout seul.  Pourquoi l’avoir fait seulement maintenant après 20 ans de carrière non stop? Je ne sais pas (rire). Peut-être que l’idée est venue de la frustration d’être dans un groupe, de dépendre des autres, de leurs humeurs, des managers, des maisons de disques et de toute cette folie autour de mes groupes… Parfois c’est bien, mais j’avais vraiment besoin de faire mon propre disque.

Te sens-tu plus libre dans ce style de disque ?
C’était très libérateur (rire). Je n’ai eu de compte à rendre à personne. Tout ce qui se passe sur ce disque est de ma responsabilité. J’ai pu faire la musique que je voulais faire, je l’ai réalisé moi-même, sans maison de disque. Je n’ai donc pas eu à me justifier auprès de ces maisons de disque, de mes choix de producteur. Et quand j’ai engagé le groupe, et sélectionné les chanteurs, je n’ai eu de compte à rendre à personne, et ça, ça c’est très libérateur (rire).

Rentrons dans le vif du sujet, et donc ce disque. Dans un tel projet, qu’est-ce qui te vient en premier : les chansons, ou les chanteurs et leur timbre de voix tous différents ?
Les chansons arrivent en premier.  J’écris les chansons, et ensuite je me demande « Qui serait le meilleur chanteur pour cette chanson, ou celle-là ? ». Et je pense que j’ai fait un bon boulot à ce niveau-là sur ce disque. J’ai eu exactement tous les chanteurs que je voulais avoir. Personne dans ces chanteurs n’a été surpris par les chansons qu’ils ont reçues en se disant « Je ne sais pas chanter là-dessus, ce n’est pas mon style ». J’avais vraiment bien choisi au préalable.  Prenons pas exemple le morceau avec Ozzy. Ça sonne comme du Ozzy, c’était évident que ce morceau était pour lui. Je lui ai envoyé, et il a aimé. Voila en gros comment se sont passées les choses. Pour Kid Rock, je voulais bosser avec lui car il a un univers vraiment très large, du hip hop à la pop, en passant par le Metal et le rock sudiste. Je lui ai même envoyé 2 morceaux.

 SLASH

Est-ce facile d’avoir autant d’invité prestigieux sur un seul disque ? Bien sûr, ça doit aider de s’appeler Slash, tout le monde doit dire oui avant d’avoir entendu la moindre note…
Oui, ça a été plutôt facile. Chaque chanson a été une expérience très personnelle. On se réunissait tout simplement et nous travaillions sur les morceaux, leurs arrangements et les choses à adapter ou changer. C’était vraiment une expérience organique avec chaque chanteur. Même pour l’enregistrement, tout s’est très bien passé. Si seulement tous les disques pouvaient se faire de cette manière (rire) !

Vois-tu chaque nouveau projet comme un challenge ?
Ce disque n’a pas vraiment été un challenge. En tant que guitariste, il représente vraiment pour moi une certaine notion de la liberté artistique. On a enregistré en analogique, ce qui a été super, et le producteur, Eric Valentine, a vraiment compris ce que je voulais.  Donc ça n’a pas été un challenge, mais un soulagement pour moi, avec beaucoup de plaisir.  J’ai vraiment pu exprimer tout ce que je voulais.  L’écriture a été assez instinctive et très rapide, c’est ce que j’ai adoré, ce côté très spontané. Bon, d’un autre côté, j’ai aussi dû être très patient, le temps que chacun des chanteurs soit disponible pour venir poser ses parties (rire). Le challenge a été de faire toute ces chansons, d’en faire des démos à envoyer à différents chanteurs, et attendre leur réponse.

Ça va être difficile de rejoindre un groupe « normal » après tout ça…
(rire). Non, pas du tout (rire). Mais tout s’est passé si facilement sur ce disque… L’année prochaine, je la consacre à Velvet Revolver, disons que je vais essayer de rendre les choses plus simple grâce à cette expérience (rire).

On a parlé écriture, chanteurs, en oubliant le principal : la musique. Comment décrirais-tu celle de ce premier album solo ?
L’avantage avec ce genre de projet, c’est que tu n’as pas à te focaliser sur un style en particulier, et que tu peux exprimer tout ce que tu as en toi. L’album sonne vraiment très diversifié, grâce à tous ces chanteurs. Mais au final, c’est le même guitariste, bassiste ou batteur sur les chansons.  Il y a même certains riffs, ou chansons que j’avais pour Velvet Revolver, mais qui au final ne s’accordaient pas avec la voix de Scott (Weiland). J’ai vraiment essayé d’explorer toute les facettes de mon inspiration, sans me soucier du style de musique.

Penses-tu que tous tes fans vont comprendre ce disque ?
Je ne sais pas…

… Et spécialement le choix pour certains invités…
(Rire) C’est un disque que j’ai fait d’abord pour moi-même. Bien sûr que l’avis des gens m’intéresse, mais j’en suis à un point où je me dis que certaines personnes ne vont pas adhérer à certains passages, mais j’espère que les gens comprendront l’album dans son entier.  Et s’ils n’aiment pas, ils n’aiment pas. Que puis-je y faire (rire) ?

Qui s’est occupé des paroles ? Toi ?
Non, toutes les paroles ont été écrites par les chanteurs. C’était important pour moi d’avoir des artistes vraiment complets, étant à la fois de très bon chanteurs mais aussi de très bons songwriters. C’était aussi très important pour moi car je n’avais pas à me soucier de cette partie. Quand vous avez Lemmy par exemple, vous n’avez pas de soucis à vous faire. Pareil avec Ozzy, Chris Cornell ou les autres. Et ce qui est marrant, c’est qu’au final, je me retrouve vraiment dans chacune des paroles de ce disque. Même les chansons romantiques (rire).

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Pour beaucoup de personnes, tu es reconnu comme le meilleur guitariste du monde… Comment décrirais-tu ton style, et ce lien entre toi et une guitare ?
Je pense, pour moi, que c’est très compliqué, car je suis le genre de guitariste qui n’est jamais sûr de lui. 90% du temps, j’ai l’impression de ne pas pouvoir faire les riffs que j’ai envie de faire. Et quand je prends une guitare, avec le contexte de la musique qui m’emporte, tout devient très spontané.  Et là, je suis heureux… pour les 30 prochaines secondes (rire). Je pense que mon style est vraiment basé sur les émotions. J’essaye de donner à la guitare le moyen de procurer les mêmes sentiments aux personnes qui n’écoutent que le chant.  Je joue toujours d’ailleurs en accord avec le chant. Plus un refrain va me transporter, mieux je vais jouer et me sentir à l’aise.

Te rends-tu compte parfois de ton héritage sur les jeunes guitaristes d’aujourd’hui ?
Oui, je m’en rends compte quand quelqu’un me dit que je suis la raison pour laquelle il a appris à jouer de la guitare.  C’est là que tu te rends compte que les gens t’apprécient, et c’est le plus beau compliment que tu puisses recevoir.  Les deux meilleurs compliments sont quand j’ai inspiré les gens, et quand on me dit que j’ai un son reconnaissable tout de suite.  C’est deux-là sont très gros, non (rire) ? Disons aussi que je ne me suis jamais dit : « Ok, tu y es arrivé ». Non, j’essaye toujours d’aller de l’avant, de grandir. Donc, comme je l’ai dit, je passe 90 % de mon temps à me prendre la tête, et 10% à laisser mes émotions et mon feeling s’exprimer au travers d’une guitare.

Comment vois-tu ta carrière jusqu’à présent ?
Je ne regarde jamais en arrière (rire). C’est une perte de temps. Je préfère me concentrer sur le présent.  Je n’aime pas trop regarder vers le futur, et je n’aime pas me morfondre sur le passé. Je suis heureux, j’ai eu une carrière parfois tumultueuse, mais j’en suis fier, c’est ce que je suis.


SLASH – Slash
Roadrunner / Warner



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