HEAVEN SHALL BURN

All you need is Hate !



À l’instar de God Forbid, les Allemands de Heaven Shall Burn sont un des rares groupes de Metalcore qui ait encore bonne presse. Et c’est mérité, vu qu’ils ont contribué à inventer le genre. Et de toute façon, ils n’ont jamais adouci leur musique, ni dragué un autre public. Et dans le petit monde hyper jaloux du Metal, cette fidélité paie. Invictus, le nouvel album du groupe, est là où on l’attend : violent, agressif, dynamique et doté d’un son monstrueux. Ce n’est pas un groupe allemand qui va s’amuser à prendre des risques alors qu’il a trouvé une formule magique qui marche à tous les coups…

Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010

Entretien avec Markus (chant) - Par Geoff & Yath
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Avant de parler de ce nouvel album, je voudrais revenir sur ce concert que vous avez donné l’année dernière au Hellfest. Tu en gardes un souvenir particulier ?
Je m’en souviens parfaitement ! Il faisait chaud, et l’air était poussiéreux et lourd. On a été très surpris de voir qu’il y avait quand même plein de gens pour nous supporter. On n’a donné que quelques shows à Paris, et apparemment, il y avait de l’attente. Sinon, d’un point de vue personnel, j’ai adoré la prestation de Killing Joke le soir-même, un super moment.

De manière générale, vos prestations sont assez explosives, les publics sont toujours déchaînés… C’est sur scène que Heaven Shall Burn donne toute sa mesure ?
Ouais, c’est lié à nos compos, je pense. On écrit en pensant à la scène, à la communion avec le public. On écarte systématiquement les titres dont on ne pense pas pouvoir retranscrire l’agressivité en live.

Venons-en à votre nouvel album, Invictus. Le titre fait-il référence à Nelson Mandela ou à Clint Eastwood ?
(Rires) Non ! On n’a pas pensé au film au départ, ce n’est qu’après qu’on a vu les affiches du film. Mais ce qui est fort, c’est qu’effectivement, le combat pour la liberté de Nelson Mandela colle bien avec notre musique, qui transmet cette idée de rébellion. En plus, on avait déjà écrit une chanson sur lui… C’est une coïncidence qui tombe bien finalement…

On a adoré cet album, notamment la chanson « Combat », qui résume parfaitement votre son. C’est facile de trouver de nouvelles idées après tant d’années d’activité ?
On aborde les albums de manière simple : il faut que l’auditeur reconnaisse notre son en 20 secondes. On ne changera jamais de manière drastique. On n’a pas ce problème d’ « évolution » que rencontrent pas mal de groupes, parce qu’on a déjà un son qui comporte énormément d’influences. Si tu fais attention, tu verras par exemple qu’on a incorporé de plus en plus d’éléments électroniques, mais ils étaient bien présents dès nos débuts. On peut modifier des petits trucs comme ça sans que ça affecte l’identité du groupe…

HEAVEN SHALL BURN

Et tu es d’accord si je te dis que c’est votre album le plus violent à ce jour ?    
Oui, je le pense aussi. Les gens nous attendaient sur un terrain plus mélodique après notre album précédent. On a donc voulu leur montrer qu’on avait bien l’intention de rester des gens plutôt… agressifs.

Et est-ce que c’est facile de trouver cet équilibre tant recherché entre mélodies et agressivité ?
Mais on ne réfléchit pas en ces termes. On prend les chansons, les albums de manière globale. On essaye d’avoir des compos équilibrées, dynamiques et bizarrement, avec l’expérience, ces équilibres s’établissent tout seul. Je dirais que les passages calmes sont encore plus calmes et les passages énervés le sont encore plus. Il est plus facile d’accès tout en étant plus agressif.

Et forcément, c’est votre meilleur album (rires).
 Je ne serais pas si catégorique, tu vois. J’aime tous nos albums, c’est la fameuse histoire que tout le monde a dû te raconter : « je ne peux pas choisir entre mes enfants » (rires). Mais plus sérieusement, je ne peux pas encore situer cet album car je n’ai pas le recul nécessaire, il doit encore mûrir et grandir, sur scène notamment.

En tout cas, la prod est encore énorme. Vous êtes devenus des spécialistes !
On a essayé quelques petits trucs, notamment au niveau des guitares, mais c’est vrai qu’on commence à avoir une petite routine à ce niveau.

Penses-tu que cet album pourra vous faire passer un cap niveau popularité ?
J’aimerais bien ! Mais tu sais, ça ne nous appartient pas. Ce sont nos fans qui décident de ça. On peut adorer ce CD, on y croit à fond, mais in fine, c’est le public qui décide. On peut juste attendre et stresser ! On est toujours un peu anxieux, je lis les chroniques, etc… On prend les reproches de manière très sérieuse et on essaye de s’améliorer !

Quel est le secret de votre longévité ?
On est des potes ! On joue ensemble, on ne fait pas de business, on prend du bon temps et on exprime nos frustrations. Et apparemment, il y a des gens qui ressentent les mêmes choses que nous…

Depuis vos débuts, avec vos potes de Caliban, la scène Metalcore a énormément évolué. Comment juges-tu votre héritage chez les nouveaux groupes ?
Humm… Je n’y ai jamais pensé. A nos débuts, on n’a pas cherché à innover… On a juste fonctionné au feeling. On était trop énervés pour faire du Metal classique, c’est notre côté HxC. Et c’est là que le mélange est né.

HEAVEN SHALL BURN

Et le Metalcore d’aujourd’hui, t’en penses quoi ?
Il n’y a pas vraiment de scène Metalcore, je pense (NDLR : ah bon, bizarrement, nous on a vraiment senti qu’il y’en avait une…). Je considère par exemple que Heaven Shall Burn comme un groupe Metal avec une attitude HxC et politique.

Tu parlais justement du côté HxC du groupe, ça se traduit encore une fois dans les paroles, j’ai l’impression…
Oui, on raconte des histoires de certains héros, plus ou moins connus et selon des points de vues différents. Il y a quelques chansons sur la deuxième guerre mondiale, notamment « Combat » que tu as mentionnée tout à l‘heure. On a voulu parler des enfants-soldats aussi. J’ai fait des recherches là-dessus et c’est franchement dégoutant. Ce sont des histoires qui me font gerber. 

Penses-tu que la musique a le pouvoir de changer les choses justement ? Au moins de sensibiliser les jeunes  à ce type de sujets ?
Oui, on peut faire réfléchir les gens. Ça peut être un point de départ au moins…

La dernière fois qu’on s’est parlés, je t’ai demandé si un jour, vous alliez écrire une chanson d’amour. Ce n’est toujours pas le cas, on dirait…
(Rires) Non, on donne toujours dans les hate songs !  On n’écrira pas de chansons d’amour pour Heaven Shall Burn, tu peux me le redemander la prochaine fois (rires) !
 

HEAVEN SHALL BURN – Invictus
Century Media / EMI



Site : www.heavenshallburn.com

Myspace : www.myspace.com/officialheavenshallburn