NEVERMORE

Conspirateurs de l'Ombre...


Nevermore a le goût de l'exception. Voilà une formation qui règne sur la scène Metal avec classe depuis un long moment. Un groupe qui a toujours su s'imposer avec un style unique et avec des albums imprégnés d'émotion et de mélancolie. The Obsidian Conspiracy ne déroge pas à la règle et il apporte même quelques nouveautés artistiques qui permettent aux Américains de se renouveler. C'est un Jeff Lomis très lucide sur la carrière de son groupe et sans langue de bois que nous avons eu la chance de questionner à quelques jours de la sortie de son nouvel album.
Interview parue également dans le Metal Obs' 40 de mai 2010
Entretien avec Jeff Lomis (guitares) – Par Geoffrey et Charles Provost
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Alors Jeff, ça va ? De retour au boulot (rires) ? Quelles ont été les réactions des médias jusqu'à aujourd'hui ?
Pour le moment, je n'ai entendu que des choses positives sur le disque, c'est très encourageant. Tu es ma dernière interview aujourd'hui avant que je rejoigne le groupe pour répéter. Excuse-moi si ma voix est un peu usée du coup (rires).

Pourquoi avoir attendu cinq ans pour avoir la chance d'écouter ces nouvelles compositions ?
Eh bien, je vais être franc avec toi. Notre dernier album est sorti en 2005, nous avons tourné plus de deux ans pour sa promotion et le fait d'être constamment les uns sur les autres nous a étouffés. On avait donc deux alternatives possibles. Soit se séparer, soit faire une coupure assez longue pour que chacun se ressource. En plus, tout cela est arrivé à l'époque où nous avons perdu notre second guitariste, Steve, et Jim, notre bassiste, avait également de gros soucis à régler dans sa vie. On a donc constaté qu'il y avait énormément de choses qui ne fonctionnaient pas à l'époque et nous avons donc décidé de faire une coupure. Ce laps de temps a permis à Warrel et à moi de sortir nos albums solos. Je me suis remis à écrire pour Nevermore avec Warrel en 2009 et cela nous amène donc à ce nouvel album.

Mais as-tu pensé durant ces cinq années à quitter le groupe pour te consacrer à d'autres projets ?
Non, je n’en étais pas à ce point quand même. Je me suis tellement battu pour que Nevermore devienne ce qu'il est aujourd'hui que cette idée ne me traverse pas l'esprit. Je suis toujours curieux de voir ce que l'avenir peut réserver au groupe avec le temps, mais au final, je me rends compte que nous fonctionnons comme un couple. Cependant, ce nouvel album apporte une excitation particulière au sein du groupe, c'est une véritable énergie positive.

Du coup, vois-tu The Obsidian Conspiracy comme un nouveau départ ou comme une nouvelle étape à franchir pour le groupe ?
Je pense que c'est plus une nouvelle étape et c'est assez logique car tous les albums se doivent d'être différents les uns par rapport aux autres. Pour moi, cette fois-ci, nous avons composé des chansons plus directes, plus lourdes sans partir dans des structures trop complexes et au final, tu t'imprègnes bien mieux des chansons. Bien sûr, il y a toujours ce petit côté progressif qui caractérise Nevermore mais je pense que nous sommes parvenus à créer un album qui pourra surprendre légèrement les fans et en conquérir de nouveaux.
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C'était une véritable intention de sonner plus direct avec moins de compromis ?
Je ne sais jamais trop comment je vais fonctionner lorsque je commence à composer. Je suis plutôt du genre à me poser et à me laisser aller en composant naturellement, sans m'imposer de limites. J'ai composé environ 15 chansons pour cet album et j'essaye toujours d'en écrire un peu plus pour avoir de quoi faire, donc au final, il y en a 10 sur l'album, qui sont pour moi les meilleures.

Comment se sont passées vos retrouvailles au moment d'entrer en studio ?
Ce fut très étrange! Il y a eu de véritables moments de tension car il n'a pas été facile de se retrouver après une longue période de repos. Nous étions assez mal à l'aise et chacun voulait procéder à sa façon en pensant que c'était la meilleure chose pour le groupe et on avait presque l'impression qu'on ne travaillait pas ensemble comme une équipe mais plutôt chacun pour soi. La batterie a été enregistrée seule dans un studio puis le reste a été fait dans un autre lieu en Caroline du Nord. Mais bon, ça se passe comme ça pour beaucoup de formations au final (rires).

Je fus assez surpris du travail fait sur la voix pour ce nouvel album. Elle est moins mise en avant et moins ponctuée que par le passé. Pourquoi ce choix ?
Je crois que Warrel voulait faire quelque chose de diffèrent avec plus de chœurs qui se superposent les uns aux autres. Il a fait ça seul dans son coin sans trop nous en parler mais je sais qu'il voulait proposer une vision différente de son instrument tout en restant dans une couleur mélancolique.

Il y a toujours quelque chose qui me fascine chez Nevermore, c'est votre capacité à toucher un large public qui peut tout aussi bien écouter du Death que du Black ou du Thrash Metal. Penses-tu que c'est votre principal atout ?
Absolument, tu as raison, je pense que nous nous diversifions beaucoup et si nous pouvons capturer un public large, c'est évidemment une grande force pour le groupe et si tu penses que nous y parvenons, il faut croire donc qu'on est plutôt bons dans ce que nous faisons (rires). Plus sérieusement, ça me conforte que tu me dises ça, c'est vraiment une bonne chose pour nous.

Justement, est-ce que vous ressentez encore une forme de pression lorsque vous sortez un nouvel album ? Quels challenges avez-vous encore à franchir ? Car après toutes ces années, est-ce que l'inspiration et l'envie sont toujours présentes ?
Je ne sais pas, je pense que c'est plutôt sain d'avoir une forme d'excitation avant de sortir un nouvel album et d'être un peu stressé. Les gens savent que sur un nouvel album, nous allons essayer de faire des choses différentes mais je ne suis pas effrayé en attendant leur réaction, et c'est toujours très intéressant d'avoir plusieurs avis. Mais lorsque je sors un disque, je suis sûr de moi et de ce que je fais. Concernant l'inspiration, je suis du genre à enchaîner les idées de riffs assez rapidement mais lorsque je me rends compte que rien de bon ne sort, je n'hésite pas à faire une pause de plusieurs jours pour que mes oreilles et mon cerveau puissent respirer. Je procède ainsi depuis un moment et cela me réussit assez en termes de renouvellement de ma musique. Au final, je suis très heureux de la carrière de Nevermore même si je sais par où nous avons dû passer pour en arriver là, avec la quantité de travail que cela représente. Etre en tournée, dans un bus, ce n'est pas toujours évident mais j'essaye de profiter de chaque moment et de me dire que nous sommes heureux et chanceux d'être des musiciens accomplis.
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Comment ressens-tu l'évolution du marché de la musique, dans la manière de la diffuser, de la vendre ? Est-ce-que tu te vois vendre un nouvel album de Nevermore en digital uniquement ?
A mon avis, nous sommes en train de vivre un bouleversement. On n’écoute plus de la musique mais on la consomme, surtout quand je vois le nombre de disques qui sont piratés ou disponibles sur Internet. Je ne pense plus que l'on puisse aller chez son disquaire dans les cinq années à venir car ils n'existeront plus et les gens iront acheter en ligne ou téléchargeront illégalement. Tout cela va bien sûr remettre en cause toute l'économie du disque mais pas seulement. Je ne suis pas certain que l'on puisse financer des tournées ensuite et tout cela me paraît assez sombre en tout cas. Je ne sais pas comment Nevermore pourra évoluer dans ce marché, peut-être que nous serons amenés à sortir nos prochains disques en digital uniquement. Je vois tellement de groupes qui enregistrent leur production seuls dans leur sous-sol avec Pro-Tools et qui distribuent ensuite leur musique uniquement sur des plates-formes de téléchargement. Pourquoi pas donc... le temps nous le dira.

Quels sont vos projets dans les mois à venir ? Ne me dis pas que nous allons devoir encore attendre 5 ans avant votre prochain disque !
(Rires) Non ! Nous allons déjà partir sur la route. Une grosse tournée nous attend entre les festivals et les dates en tête d'affiche. Nous allons en faire une en Amérique puis tourner en tête d'affiche en Europe et au Japon. Je sais que nous venons vous voir au Hellfest cette année, j'espère que tu y seras car on va envoyer le paquet ! Ensuite, nous devons encore un album à Century Media donc nous n'attendrons pas cinq ans avant de le sortir !

NEVERMORE  – The Obsidian Conspiracy
Century Media / EMI


Myspace : www.myspace.com/nevermorefans