MISERY INDEX

Politiquement incorrects...


S’il y a bien une formation de Death Metal originale sur la scène actuelle et qui excelle à la fois sur album et en live, c’est bien celle des Américains de Misery Index. Formé en 2001 dans le Maryland, ce groupe impressionne par sa technicité et son efficacité scénique. Jason, fondateur et seul membre d’origine du gang, a bien voulu nous en dire plus sur le petit dernier, Heirs To Thievery, fusionnant avec talent Death, Grind et Punk/Hardcore, et évoque ses sources d’inspiration made in USA…

Interview parue également dans le Metal Obs' 41 de Juin / Juillet 2010

Entretien avec Jason Netherton (basse, chant) – Par Seigneur Fred et Sophie Carron
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Peux-tu (ré)expliquer le sens du nom du groupe « Misery Index » pour nos lecteurs stp (c’est un indicateur économique crée par l’économiste Arthur Okun, si je me trompe pas ?!) et pourquoi avoir choisi ce nom ?
C’est exact ; ça a ce sens en sciences économiques, c’est un terme qui a été inventé dans les années 70. Ça cadre assez bien notre point de vue, parce que c’est un aspect assez étrange de l’esprit humain d’aller de l’avant et de créer une façon de « calculer » la nature de la misère humaine dans un pays donné. C’est aussi le nom d’un album d’un groupe pionniers du grindcore en Floride, Assuck, dont l’album sorti en 1997 s’appelée « Misery Index » et c’est de là qu’est venue l’idée initiale qui a attiré mon attention. J’ai choisi ce nom parce qu’il a des connotations qui « collent » aux paroles, et puis, ça sonne bien.

Depuis que vous avez signé avec Relapse Records, vous êtes très productifs… Qu’est-ce qui vous inspire autant ? Tous les problèmes dans notre société et sur Terre par exemple ?
Nous avons en sorte choisi ce chemin dans la vie, de choisir l’écriture et les tournées comme une activité quotidienne, nous voulions juste tout donner si nous voulions aller dans cette voie, alors on a fait pleins de tournées et on a eu la chance de voir le monde et de jouer de la musique. En ce qui concerne l’inspiration, nous avons un profond amour pour le Metal et pour en jouer. Pour l’inspiration des paroles qui peuvent être (comme tu dis) détournées d’incidents et d’aspects de la vie de tous les jours, ça attise notre feu.

Maintenant, vous êtes de retour avec votre 4ème album studio (le 3ème pour Relapse Records).  Avez-vous écrit et composé cet album en tournée ou relax à la maison ? Comment Misery Index fonctionne-t-il pour l’écriture en général et surtout cette fois-ci ?
Eh bien, 18 mois se sont écoulés depuis Traitors et avec celui-ci, on s’est senti plus vite inspiré que pour les précédents. On avait plein de riffs dans notre imagination collective et après la fin des festivals d’été, on a décidé de s’y mettre, d’arrêter les tournées et de bloquer tout l’automne et le début de l’hiver 2009 pour écrire et faire une démo du nouvel album. Le résultat, c’est Heirs To Thievery, et nous en sommes très contents. La création est entièrement spontanée pour nous et comme nous composons tous, on a un large éventail de musique dans lequel on peut piocher quand on met en place nos albums. Du coup, ça rend nos albums très variés et dynamiques (enfin, on l’espère !). Pour l’écriture, on écrit des riffs et on essaye de laisser les idées germer pendant que nous sommes en tournée, mais parfois la fatigue ne s’y prête pas bien. On a une routine quand on tourne, comme trouver un bon endroit pour se poser et se concentrer, alors composer des riffs devient difficile avec la route, les soundchecks, etc… Mais cette fois-ci, 2-3  chansons environ ont germé pendant le « Traitor Tour ».

Pourrais-tu expliquer le titre de ce nouvel album, Heirs to Thievery (on n’a pas eu les paroles, seulement la promo mp3 avec  des « bips » toutes les 30 secondes…) ?
Le thème dominant de la pochette et du titre, c’est  d’attirer l’attention sur des événements de l’histoire des Etats-Unis (et ses colonies) en général, dans laquelle énormément de faits sur l’exploitation, l’expropriation et la violence qui ont eu leur place dans la « naissance » de la nation. Ces choses sont souvent cachées dans les manuels scolaires américains et sont omis des mythologiques historiques glorieuses des nations modernes. Ce n’est pas bon de promouvoir le nationalisme et le patriotisme si tu dois reconnaître que toute la Terre et les ressources du pays ont été bâties sur ce qui a été pris de force et par l’expulsion des indigènes. La vérité ne favorise pas vraiment la  vision des choses de l’Américain « souriant », alors avec cet album, nous avons pensé axer le titre sur l’histoire américaine alternative, celle racontée par les losers, les esclaves et les indigènes.

 MISERY INDEX

Je trouve cet album plus groovy que les précédents et aussi mélodique, comme Traitors… Tu es d’accord avec ça ? Et selon toi, quelles sont les différences majeures entre Traitors et Heirs To Thievery ?
Eh bien, l’album précédent, Traitors, nous a fait beaucoup réfléchir, il était presque là, les idées étaient encore développées selon le type de groupe que nous voulions être pour notre soi-disant « carrière », nous savions que nous aimions le grind, le crust et le death metal, et pourtant nous cherchions la meilleure manière de placer nos influences dans nos chansons et de les rendre unique contre d’innombrables idées. Avec Heirs To Thievery, le procédé de perfectionnement a atteint son point culminant et on a enfin obtenu ce à quoi nous aspirions pendant toutes ces années. Donc en ce sens, Traitors est le projet qui a amené Heirs To Thievery.

La batterie est très importante dans votre musique et ça apporte beaucoup d’énergie, de dynamisme et de puissance dans vos chansons. Les parties de batterie sont encore une fois excellentes sur cet album. Comment votre batteur Adam Jarvis se prépare-t-il pour l’enregistrement de ces nouveaux morceaux ?
Il a composé tous ses morceaux avant l’enregistrement de l’album et a enregistré une démo dans un petit studio « maison » avant d’arriver au « vrai » studio. Pendant 3 mois, on a mis en place le squelette des morceaux pour se préparer à l’enregistrement, alors quand on est entré, c’était quelque chose que nous comprenions déjà et nous savions exactement ce qu’on voulait. La pratique et la préparation ont fait le reste, d’une manière très relax et fluide pendant l’enregistrement.

Adam est arrivé en 2004. Vous pensez que c’est vraiment le batteur attitré de Misery Index maintenant ?
Jusqu’à présent, il a surpassé toutes nos attentes et il s’améliore chaque année.

Tu es encore en contact avec votre ancien batteur Kevin Talley (ex-Chimaira, ex-Daath) et tu sais ce qu’il fait maintenant ?
Je le vois de temps en temps, il a habité au même endroit pendant un moment (Washington DC) et là, je crois qu’il enregistre le nouvel album de Daath. Il fait aussi du travail en studio quand ça se présente.

Tu penses que vous avez trouvé le cocktail musical parfait avec Misery Index, en combinant les styles death metal, grindcore, et punk/hardcore ?
Oui, cette influence punk et grind est une composante absolument unique de notre composition et de notre identité et sera toujours présente. Nous voulions que la production soit encore plus précise parce que nous voulons un son brut mais clair, ponctuel et lourd. Nous utilisons toujours une vraie caisse claire et des toms pour la batterie et je crois que ça contribue vraiment au « vrai » son, comme les productions death metal Morrisound et autres du début et milieu des années 90. Les paroles sont bien sûr très critiques et seront toujours mordantes, polémiques et provocatrices. Dans l’ensemble, je pense que tout ça est affiné sur ce nouvel album, c’est ce que nous essayons de faire depuis des années.

Quelques mots sur votre CD  (7“ EP+ CDEP) avec Mumakil sorti en 2008 sur Power It Up. Ce n’était pas facile de l’avoir et de l’acheter dans les magasins… et Mumakil : ce sont de bons amis ?
C’est un groupe de grind phénoménal, un des meilleurs au monde, et quand on les a vus pour la 1ère fois, ils nous ont troué le cul. Le projet  était une idée qu’on avait et qu’on a faite pour s’amuser parce que nous aimons beaucoup leur musique. Et oui, c’est une production faite par un label allemand très underground. Mais parfois, ça fait partie du truc de créer quelque chose de spécial et limité pour les fans dévoués.
 
J‘ai lu que vous avez tourné avec vos amis Dying Fetus. C’est un très joli paquet ! Mais le public a dû être  le même et les fans aussi… Pourquoi vous ne tournez pas avec d’autres groupes différents, ou Hardcore, pour élargir votre public ?
Oui, on vient juste de finir cette tournée. Premièrement, il y a beaucoup de fans de Dying Fetus qui ne savent pas qui nous sommes, il y a une nouvelle génération de fans qui commencent juste à nous découvrir, et deuxièmement, si tu es fan des 2 groupes, c’est tout naturellement un bon concert à faire. Troisièmement, c’est excellent de tourner avec des potes de la même ville. En ce qui concerne les autres groupes, ces dernières années, nous avons tourné avec des tonnes de groupes « différents »,  donc pas de problème de ce côté-là, mon ami (en français)…

Enfin, dernière question : Je suis triste car vous n’êtes pas à l’affiche du Hellfest cette année. Vous allez faire des festivals cet été (cette année) et quand peut-on compter vous voir en France ?
Humm, c’est intéressant. On connaît le Hellfest, on a joué 2 fois là-bas et on espère y jouer l’année prochaine. La seule date exclusive qu’on fait cette année est au Obscene Extreme en République Tchèque. Merci à vous !


MISERY INDEX - Heirs To Thievery
Relapse Records



Myspace : www.myspace.com/miseryindex