THE VEIL


Pour parler franchement, le Metal fortement teinté de gothique a bien souvent de bien piètres représentants, et ce même chez les labels les plus prestigieux. L’exception qui confirme cette triste règle nous vient de France : The Veil surprend, envoûte … et s’apprête à prendre son envol lors du prochain Metal Female Voices Fest.

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Jensara Swann (chant) - Texte et photo par J.C. Baugé
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Comment est né The Veil ?
Dans la douleur (rires). Il est vrai qu’on avait pas mal bu le soir où on a composé notre premier morceau « Enlietenment », et le réveil a été dur. Mais plus sérieusement, dans la douleur, oui, car c’est après la mort d’amis à Ben et à moi que nous avons décidé de plonger tête baissée dans la création.

Quels sont les liens qui existent avec feu Anorexia Nervosa ?
Du point de vue technique, quelques membres d’Anorexia ont par le passé participé à The Veil à certains niveaux. Nos deux EP ont été produits par Xort (clavier) et nous, Stefan (guitare) a produit notre EP digital « Reveilations », et ils ont tous les deux été musiciens de session à nos cotés à l’occasion de nos premiers concerts. Pier (basse) s’occupe régulièrement de notre backline, et Nicolas (batterie) a co-designé toutes nos pochettes ainsi que notre site web. Quant à Hreidmarr, il a toujours mis un point d’honneur à boire beaucoup de Jack Daniels avec nous, et a donc activement contribué à notre processus de création. Avant de donner naissance à The Veil, Ben et moi avons travaillé à leurs côtés en tournée : Ben au backline et moi au merchandising. Bref, c’est une histoire de famille, et nos diverses collaborations ne vont certainement pas s’arrêter là.

Comment définirais-tu le style du groupe ?
Ah, la question que craignent tous les musiciens (rires) ! Après tout, c’est ton boulot de définir notre style, non ? Je ne pense pas pouvoir ou vouloir le définir précisément : c’est une entité en perpétuelle évolution, faite de nombreuses petites touches de peintures différentes. Nous aimons intégrer des éléments de Metal - plutôt dans les styles extrêmes (doom, black) - avec de l’électro, un peu d’indus, du jazz, de la musique classique ... honnêtement, je ne sais pas trop où ça s’arrête (rires). Nous composons ce qui nous vient, en gardant une seule composante essentielle à l’esprit : que ce soit sombre et grand.

Quelles sont tes influences (chanteuses), ainsi que celles de Ben (claviéristes / arrangeurs) ?
Hmm ... pour moi : Julie London, Nina Hagen, Peter Steele, Lisa Gerrard, Sebastian Bach, Freddie Mercury, Iggy Pop, The Bangles, Beth Gibbons, Alan Nemtheanga (Primordial). Pour Ben : Cevin Key (Skinny Puppy), Trent Reznor (NIN), Praga Khan (Lords Of Acid), Nic Endo (Atari Teenage Riot). Mais ce sont loin d’être nos seules influences … au sein de The Veil, Ben est bien plus que claviériste et je suis également plus que chanteuse.

L’éloignement géographique (Ben à Nantes, toi à Londres) n’est-il pas un handicap pour travailler ensemble ?
L’éloignement en lui-même … non, je ne pense pas vraiment. Ben et moi nous connaissons tellement bien que la distance ou l’absence ne nous empêchent pas de rester sur la même longueur d’onde. Ce qui est plus complexe, c’est le temps, puisqu’on est tous les deux toujours barrés un peu partout (rires), et évidemment, un groupe séparé entre deux pays, ça coûte un peu plus cher ! Mais c’était une décision commune, et grâce à internet, c’est plutôt gérable au final.

Comment s’est passé le recrutement de Chris Besson ? Le style d’Ultra Vomit était pourtant différent du vôtre ?
Nous venions de finir une tournée en Europe et notre guitariste de session précédent, Greg, avait décidé de se consacrer à son propre groupe, Reverence. Il nous fallait quelqu’un assez vite pour assurer le show du Wave Gotik Treffen. Notre batteur live Julian avait un groupe avec Chris, que Chris avait rejoint après son départ d’Ultra Vomit, et l’a donc naturellement proposé. De plus nous connaissions déjà Chris, vu que tous ces groupes sont originaires de la scène nantaise. Le courant est bien passé et nous avons donc continué. Ça fait maintenant 2 ans qu’il joue live à nos cotés.

Pourquoi seulement 5 titres pour Vestige ?   
Demande à mon banquier (rires) ! C’était principalement une question de financement et de temps, mais cela nous a convenu parce que le chiffre 5 a son importance sur le CD. Il correspond en symbolisme au chiffre des émotions profondes et cachées, ce qui était le thème de l’album. En caractères romains, le chiffre 5 est représenté par la lettre V, que tu retrouves sur le front de la pieuvre de la pochette, dans le titre de l’album Vestige, le titre principal « Voodoom », ou simplement notre nom.

Vous faites allusion au vestige de quoi, exactement ?
Aux ruines de l’amour, à ce qui reste de nous après s’être détruits les uns les autres : des vestiges, statues mortes et silencieuses d’un passé grandiose.

 THE VEIL

Travaillez-vous déjà à son successeur ?
Oui bien sûr, et celui-là sera un album. Nous avons 11 titres en préparation, nous enregistrerons les démos cet été et l’album l’hiver prochain.

Qu’avez-vous appris des autres gros groupes avec qui vous avez déjà joué ? As-tu quelques anecdotes à nous raconter ?
Des groupes majeurs avec lesquels nous avons joué ou que nous côtoyons à travers nos diverses activités, nous avons évidemment appris ce que leur expérience de la scène pouvait nous apprendre, des méthodes de préparation aux shows aux installations techniques optimales. Honnêtement, nous apprenons autant des gros groupes que des petits, qui ont parfois une passion plus contagieuse que les grosses têtes d’affiche ! Pour ne citer que quelques exemples, je dirais que les groupes qui m’ont le plus appris sont ceux que j’ai suivis en tournée en tant que merchandiser, comme Dark Tranquillity ou Anorexia Nervosa, parce qu’ils m’ont permis d’appréhender très tôt les divers aspects de la mise en place de shows, du tournage de DVD, de la maintenance  physique nécessaire aux longues tournées, du management. Si je ne devais garder qu’une anecdote, c’est comment j’ai appris à dessiner au marqueur sur les musiciens endormis dans le front lounge du bus (règle n°3 du tour bus : « tu ne t’endormiras point dans le front lounge sous peine de te faire écrire sur la gueule en toute légalité »), par l’ingé son de Dark Tranquillity … et du Wu-Tang Clan (rires).

Que penses-tu des groupes à l’affiche du 2ème jour du MFVF 2010 ?
Je n’ai pas encore vu de quelle manière les groupes seront répartis sur le week-end, mais j’espère que nous serons programmés le même jour que Arch Enemy, Leave’s Eyes et Skeptikal Minds. Arch Enemy est un groupe dont nous apprécions beaucoup la musique, et Angela est une excellente frontwoman. Les Leave’s Eyes sont de vieux amis à moi, nous avons aussi collaboré dans le passé : je me suis occupée de leur merchandising sur une tournée européenne, j’ai également adapté un texte pour Liv il y a à peu près 3 ans, et Alex m’a invitée à enregistrer un duo avec lui sur le dernier album d’Atrocity. Quant à Skeptikal Minds, nous les avons découverts à l’occasion de deux concerts en commun en mars, et nous nous sommes très bien entendus : Karolina dégage une énergie particulière sur scène et nous avons bien cliqué au cours de nos discussions.

Vivez-vous de la musique et sinon, avez-vous un métier qui est en relation avec votre passion ?
Non, nous ne vivons pas de la musique de The Veil à proprement parler, même si j’avoue que le groupe nous a souvent aidés à payer le loyer ! Nous touchons de plus en plus d’argent sur nos cachets ou la vente de notre merchandising, mais c’est la plupart du temps de l’argent que nous devons réinvestir dans le groupe. Disons que nous en sommes au stade ou nous arrêtons de perdre de l’argent (rires), on est sur la bonne voie. Néanmoins nous avons toujours réussi à gagner notre vie en travaillant dans le milieu de la musique, en tant que backliner, merchandiser, journaliste, etc. Nous nous partageons toujours entre deux - trois boulots différents en fonction de nos besoins et de notre emploi du temps. En ce moment, je travaille pour un label de distribution musicale (aux cotés d’ailleurs du bassiste d’Anorexia) et Ben a un stand de piercings sur la majorité des festivals d’été. Avis aux filles : si par chance vous croisez son chemin, n’oubliez pas votre pack de Tripel Karmeliet, il vous aimera pour toujours (rires) !


THE VEIL - Vestige
Autoproduction / Epiphora Prod



Site : www.theveilofillusions.com

Myspace : www.myspace.com/theveilonline