WITCHSORROW

Persécutions maléfiques...


2 garçons, 1 fille, 1 premier album, 5 titres, 45 minutes. Voici résumée à l’extrême et en quelques chiffres la carrière tout récente de ce groupe anglais de Doom à coloration vintage. Dans l’attente de voir Witchsorrow évoluer sur une scène digne de ce nom - le Bloodstock Festival à Catton Hall en août - Metal Obs’ est allé demander aux deux tiers du groupe de se présenter.

Interview parue également dans le Metal Obs' 41 de Juin / Juillet 2010

Entretien avec Necroskull (chant, guitare) et Emily Witch (basse) - Par Jean-Christophe Baugé
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Necroskull, comment as-tu formé le groupe ?
L’idée de monter Witchsorrow m’est venue en 2005 alors que j’étais encore guitariste dans un groupe de Grindcore (www.myspace.com/mfkzt). J’aime le Grind et le Death, certes, mais je suis aussi fan de Doom depuis que je suis ado. Toutes mes premières tentatives pour former un groupe de Doom ont capoté, mais je me suis accroché en ne me fixant aucune limite kilométrique pour aller répéter. J’avais dans l’idée de rendre hommage à tous ces groupes que j’adore : Saint Vitus, Electric Wizard, Cathedral, Reverend Bizarre et bien sûr Black Sabbath ! Quand j’ai parlé de mon projet à ma femme, Emily, elle a vraiment insisté pour tenir la basse. Elle est autant fan de Doom que moi, donc pas de problème. J’avais déjà rencontré Morrelhammer du temps de mon ancien groupe car on avait joué avec Koresh, son groupe de Punk. Je ne le connaissais pas plus que ça. J’ai donc été voir son profil sur MySpace et lui ai proposé de rejoindre Witchsorrow à la batterie. Il a été OK et nous avons pu donner notre premier concert en 2006.

Comment en êtes-vous arrivés à signer avec Rise Above ?
Je ne me rappelle plus trop des circonstances, juste que Lee (NDLR : Dorrian) voulait faire quelque chose pour nous car il appréciait notre musique. Nous n’avions pas l’ambition d’être signés au début. On avait juste prévu d’enregistrer et de distribuer nos disques en indépendant.

Est-ce que la formule du power-trio est la meilleure pour jouer du Doom ?
Je ne pense pas qu’il y ait de recette à suivre dans ce domaine - prends Black Sabbath ou Candlemass, par exemple - mais la formule en trio sied bien au Doom, c’est un fait. En ce qui nous concerne, l’adjonction d’un musicien supplémentaire poserait plus de problèmes qu’autre chose. Il est déjà assez difficile de se mettre d’accord à trois !

Emily, est-il facile d’évoluer dans un milieu musical parfois macho ?
Ça ne me dérange pas trop, je n’ai pas eu de problème jusqu’ici. Les gens ont bien compris que je suis musicienne et que je n’étais pas là pour faire de la figuration. Bon, c’est parfois un peu dur d’être la seule fille à jouer dans la salle, mais je m’y fais. Bien que traditionnellement, les femmes ne soient pas beaucoup représentées dans la scène Doom, c’est en train de changer avec Liz Buckingham d’Electric Wizard, Emma de The Lamp Of Thoth ou encore Federica Gialanzò de Centurion's Ghost, et c’est une bonne chose. Je préfère largement faire partie d’un courant musical où les femmes sont peu nombreuses mais impliquées, plutôt qu’un autre où elles sont majoritaires et reléguées au rang de potiches.

Tu as d’autres influences que celles citées précédemment ?
Au-delà des groupes de Doom référentiels comme Saint Vitus, Candlemass, Pagan Altar, Iron Man ou Electric Wizard, je citerais Celtic Frost, Hellhammer, Iron Maiden et Darkthrone. Nous sommes avant tout des fans de Metal. Et de Punk aussi : Gallows, Discharge …

Les lyrics semblent faire référence au Witchfinder General dans « The Trial Of Elizabeth Clarke » et à Dracula dans « Impaler, Tepes »…
Oui, tout à fait. Le propos de « Elizabeth Clarke » n’est pas spécifiquement centré sur Matthew Hopkins ; il est plutôt question de chasses aux sorcières et de personnes acculées, persécutées. De nos jours avec internet, tout le monde est au courant de ce qui passe en temps réel, et on a vite fait de cataloguer des gens à tort. Cette chanson traite à la fois de l’injustice à l’époque des chasses aux sorcières et de la nécessité de bien réfléchir à ce que l’on dit à l’ère du tout-multimédia. « Impaler, Tepes » fait référence à Vlad l’empaleur. Sachant qu’il devait aller rôtir en enfer, je pense qu’il a tué le maximum de gens pour que le diable lui-même ait peur de l’accueillir et lui donne la vie éternelle. Certains êtres sont tellement cruels qu’ils ne peuvent être tués, à l’image du monstre qui, à chaque fois qu’on lui coupe une tête, en a deux qui repoussent. J’ai écrit « Gomorrah » à propos des banquiers qui se sont fait virer à Londres, dans la tourmente de la crise financière. Pendant toute une semaine, j’ai croisé à la gare des traders en pleurs … des gars qui l’avaient bien cherché. Les journaux ont bien insisté sur le fait que les banques ont construit de véritables empires sur du sable et que, quand tout s’écroule, il y a des dommages collatéraux. Ça s’applique à tous ceux qui creusent leur propre tombe : ils finissent par tomber dedans.

 WITCHSORROW

L’album est sorti en CD, mais aussi en format double vinyle : c’est un clin d’œil aux seventies ?
On peut dire ça. Bon, la raison principale, c’est que les chansons étaient trop longes pour être convenablement réparties sur les deux faces d’un même disque. Mais l’idée de ce format double me plaît bien.

Que penses-tu des autres groupes à l’affiche du Bloodstock Festival ?
Il y a beaucoup de groupes cools à voir, notamment Benediction, Enforcer, Behemoth et Devin Townsend. Le Bloodstock Festival est excellent quelle que soit l’affiche. J’y vais chaque année boire quelques pintes de bière avec des potes, c’est fun.

Vis-tu de ta musique ?
J’aimerais bien, crois-moi ! Jouer du Doom n’est pas une activité très lucrative, c’est aussi vrai pour la plupart des autres formes de Metal actuellement. A cause du téléchargement illégal, beaucoup de gros groupes se retrouvent en difficulté. D’après ce que j’ai pu voir, soit tu te fais un maximum de fric, soit tu ne gagnes rien : il n’y a plus de juste milieu.

Est-ce que Witchsorrow va tourner à la rentrée ?
On l’espère. L’une des raisons pour laquelle on ne tourne pas beaucoup est qu’on ne sait pas trop à qui s’adresser. On aimerait bien tourner dans toute l’Europe, donc un si un promoteur est intéressé en lisant cette interview, qu’il nous fasse signe via notre MySpace.

Je pense que tu as été affecté par le décès de Ronnie James Dio…
La nouvelle nous a tous attristé. Il a été sans aucun doute le plus grand chanteur de Heavy Metal de tous les temps. De plus, c’était une personne charmante, un parfait gentleman. On l’avait vu, Emily et moi, au Hellfest l’an dernier avec Heaven & Hell : il montrait la même passion et le même enthousiasme à chanter que d’autres en âge d’être ses petits-enfants. On se faisait une joie de jouer avec Heaven & Hell au Bloodstock Festival. Il va tellement nous manquer !


WITCHSORROW - Witchsorrow
Rise Above / La Baleine



Myspace : www.myspace.com/witchsorrowdoom