IRON MAN

Sabbath, à la vie à la mort…


Pour beaucoup d’amateurs, la sortie d’I Have Returned d’Iron Man en 2009 a été vécue comme une véritable révélation. Et en plus, cet album fantastique de Doom traditionnel est arrivé sans prévenir sur Shadow Kingdom Records, un label qui a depuis acquis une véritable notoriété underground dans le Doom et le Heavy Metal traditionnels. Les éléments semblent donc enfin réunis pour qu’Iron Man, c’est-à-dire Al Morris III - leader et le fondateur du groupe - puisse enfin atteindre un public qui l’attendait. Qui l’attendait d’ailleurs sans le connaître parfois, car si le groupe a toujours eu une notoriété certaine dans le milieu du Doom, il a aussi été oublié depuis les années 90, avec tous ses confrères jadis signés sur le mythique label allemand Hellhound.

Article paru également dans le Metal Obs' 42 de Sept. 2010

Entretien avec Al Morris III - Par Yath
Rechercher : dans l'interview
I Have Returned est le quatrième opus de la discographie d’Iron Man, groupe atypique, totalement passionné et dévoué corps et âmes au doom et à sa tradition. Pour « surfer » sur le succès d’estime récolté par ce dernier album, le label Shadow Kingdom a décidé de rééditer un à un les trois précédents albums du groupe, ce qui a permis aux nouveaux amateurs de se remettre à la page et aux anciens de pourvoir enfin remettre la main sur des albums mythiques devenus introuvables. C’est la fin de l’été (enfin, imaginez que c’est le cas si vous êtes déjà de retour au boulot) et on a le temps, alors prenez une bonne boisson bien fraîche et revisitons ensemble, avec la complicité du BOSS Al Morris III himself, la drôle de carrière d’Iron Man.

Les débuts : 1987-1993
Pour comprendre Iron Man, la seule chose qu’il faut savoir est qu’Al Morris a d’abord fondé le groupe comme un tribute band à Black Sabbath, « après avoir vu le groupe sur scène en 1985, au Live-Aid. Ils avaient arrêté à l’époque et j’ai décidé de fonder Iron Man pour garder leur musique en vie. On s’est éclaté à jouer les morceaux de Sab’ à travers le pays. A New York, certains se sont même mis à genoux et faisaient semblant de prier à l’écoute des chansons ! À d’autres shows, des mecs scandaient « Iron Fuckin’ Man » tout du long ! On était si heureux de voir que les gens répondaient ainsi à nos reprises. ». Ça en dit long effectivement sur le véritable culte que certains vouent au Sab’ et aussi sur la qualité des prestations scénique d’Iron Man. Car la deuxième chose à savoir à propos d’Iron Man, c’est qu’Al Morris est un PUTAIN de guitariste. Son jeu est d’une limpidité incroyable, et il a une approche bluesy typique de la scène du Maryland, à laquelle son groupe sera immédiatement affilié.

1993 - sortie de Black Night, le premier album du groupe
« Tu sais, j’ai dû composer mon premier morceau en 1969… Et je n’ai jamais cessé d’écrire, même pendant les tournées hommage à Sabbath. Parfois, j’incluais même des titres personnels dans le show, quand j’estimais qu’ils étaient assez mûrs. ». Astucieusement, le groupe a décidé de surfer sur son succès en tant que tribute et s’est retrouvé signé sur LE label Doom de l’époque, Hellhound. « On avait déjà 7 chansons de prêtes. On a composé pendant les tournées. Après la signature, avec Rob, qui s’est occupé des paroles alors que je fournissais les riffs, on a mis en boîte 4 nouveaux titres. Tout s’est très bien passé à l’époque ! ». Après la sortie de Black Night, le groupe a un peu tourné aux Etats-Unis, assurant même des shows avec Pentagram et Cathedral et les retours des fans sur Black Night ont été plus qu’enthousiastes. Aujourd’hui, près de 20 ans plus tard, l’album paraît un peu vieillot, notamment à cause des paroles de Rob Levey, symptomatiques des années 90. Peu importe, il y a là un paquet de riffs qui feraient faire dans son froc n’importe quel fan de Doom trad’.

 IRON MAN

1994 - The Passage, deuxième album
Très vite après la sortie de Black Night, le groupe enregistre un nouvel album mais doit ajuster son line-up. Dan Michalak va remplacer Rob Levey (qui a osé dire bon débarras ?) et Gary Isom va remplacer Ronnie Kalimon au poste de batteur, ce dernier étant transféré chez Unorthodox, qui était alors également signé sur Hellhound.
The Passage est meilleur que Black Night, incontestablement. Il est plus régulier, plus consistant et le nouveau chanteur offre plus de possibilités. La réédition de Shadow Kingdom (chroniquée dans ces même pages) en atteste : cet excellent manifeste de Doom trad’ a bien vieilli, en plus. Et quand on parle de cet album à Al Morris, on est étonné d’apprendre que c’est le label, Hellhound, qui a commandé le changement de chanteur ! « En fait, on a essayé de réaliser un album plus complet que Black Night. On a tenté des trucs, des tempos différents, des textures nouvelles. Tout ça en essayant de rester le plus HEAVY possible. Malheureusement, quand le label a écouté les chansons, il nous a demandé de changer le chanteur…On a alors auditionné et on a choisi Dan. Il a composé les paroles et on a pu enregistrer The Passage avec la bénédiction que Hellhound. Dan est un excellent chanteur, avec sa voix, on a pu approcher le domaine du Power Metal ». Drôle d’histoire, mais force est de reconnaître que le label ne s’est pas planté sur ce coup-ci… La réédition de Shadow Kingdom comporte un DVD bonus avec 2 shows très particuliers, dont celui du Sabbathon, sorte de messe énorme à la gloire de Black Sabbath où différents groupes se succèdent pour jouer 2-3 titres. A l’occasion de ces 2 concerts, on peu s’apercevoir qu’Al Morris a du mal à garder un line-up stable, capable d’assumer des tournées et des concerts bookés au dernier moment. Les galères habituelles d’un groupe underground quoi…

Quand on parle de l’album The Passage à Al Morris,
on est étonné d’apprendre que c’est le label, Hellhound,
qui a commandité le changement de chanteur !

1999 – Generation Void, troisième album
Si le groupe a enchaîné très vite son premier et second album, il mettra bien plus longtemps  à accoucher de ce troisième CD. La faute évidemment à la faillite de Hellhound Records. Un mythe s’écroule, la passion de ce label pour le Doom n’était malheureusement pas compatible avec les demandes d’un marché du disque où il n’y avait plus de place pour ce genre de passion fidèle et anachronique pour le Doom. Le groupe mettra 3 ans à trouver un nouveau label, Brainticket Records.  On aura le temps de reparler de cet album particulier car il sera aussi réédité par Shadow Kingdom. Generation Void est considéré comme l’album le plus expérimental du groupe et il a une place particulière dans le cœur d’Al Morris III : « On l’a enregistré sachant que ça allait être notre premier CD distribué aux States, on voilait tout donner ! On a aussi expérimenté, puisqu’il y a une power-ballad et un solo de batterie sur ce disque, ainsi que d’autres petites nouveautés ». Miam, vivement la réédition alors.

 IRON MAN

2009 – I Have Returned porte bien son nom
Après Generation Void, il aura fallu 10 ans à Al Morris pour lui accoucher d’un successeur. Le line-up est flambant neuf, le son est exceptionnel et les compos sont remarquables. L’album récolte des chroniques dithyrambiques et relance l’intérêt pour Iron Man qui renaît définitivement de ses cendres. Les années d’essais et de tentatives d’Al Morris ont donc fini par payer : « Entre 2000 et 2005 grosso modo, il ne s’est rien passé du tout. J’ai essayé de faire de nouvelles maquettes, mais je n’arrivais pas à trouver un chanteur ni un line-up pour enregistrer. J’ai donc laissé tomber. Un jour, Louis Strachan (basse) et Gus Basilika m’ont appelé, car ils voulaient faire un nouveau groupe avec moi, j’ai trouvé l’idée formidable ! On s’est d’ailleurs réunis pour composer pour la première fois le 6 juin 2006 – evil - et la chanson qu’on a écrite ce soir-là est « Sodden With Sin » ! ». Comme quoi, les mecs aussi talentueux qu’Al Morris ne restent pas dans l’ombre indéfiniment. Le groupe ne tarde pas d’ailleurs à signer avec Shadow Kingdom Records et la suite, on l’a déjà évoquée, tient en quelques mots : I Have Returned est probablement un des meilleurs opus de Doom sortis ces dernières années. Et les choses continuent de s’accélérer puisque le groupe semble enfin sur les bons rails, avec des tournées qui s’annoncent, notamment un show au festival Hammer Of Doom en Allemagne.  « Vous allez entendre parler de nous plus souvent, on va venir tourner en Europe bientôt, je vous l’assure ! ».

On s’est réuni pour recomposer pour la première fois le 6 juin 2006 (6.6.6)…
Evil !!


En fait, Al Morris III est tout ce que le fan de Doom adore : il incarne la fidélité à ses racines tout en essayant d’innover un petit peu. C’est l’ouvrier modeste, qui ne vit que par et pour sa passion, sans prise de tête et sans plan de carrière. C’est le musicien surdoué qui reste dans l’ombre, loin du business et de ses dégâts, mais qui trouve quand même le moyen d’atteindre ses nombreux fidèles. Le mot de la fin ? Impossible de faire mieux qu’Al lui-même, lorsqu’il répond à cette question : que gardes-tu de ces années d’activité au sein de la scène Doom ? « Aucun regret, de la passion et de la joie profonde. J’ai des « fans » partout dans le monde, c’est dingue ! J’ai la chance de jouer la musique que j’aime et d’apprécier les réactions des fans quand ils écoutent mes nouvelles compos. J’ai côtoyé de superbes musiciens au fil des années et j’ai gardé des souvenirs inoubliables ! Je voudrais d’ailleurs en profiter pour saluer les fans français du groupe, car il y en a ! Merci du fond du cœur pour votre soutien et votre fidélité, on se verra sur scène en 2011, GET READY TO FEEL THE POWER ! ».

IRON MAN - The Passage
 Shadow Kingdom Records



Site : www.freewebs.com/provisions

Myspace : www.myspace.com/ironmanband