KLONE

Dark days...


Allez, un peu d’autocongratulation ne fait jamais de mal. Le jour où votre serviteur a découvert Duplicate, première autoproduction disponible à la vente de Klone, il s’est dit qu’on tenait là un futur grand. Ce groupe a quelque chose en plus, une ambition artistique affichée et un sens inné de la composition qui tue. Il aussi une faculté naturelle à allier sophistication et accessibilité. Petit à petit, Klone fait son nid. Avec assurance, sans se précipiter. Aujourd’hui, on tient Black Days, le troisième album du groupe entre les mains. Et les éloges pleuvent de partout. Klone vient de frapper un grand coup. Ce n’est pas le premier, et encore moins le dernier. Yann Linger, chanteur du combo, a bien voulu jouer au jeu des questions/réponses avec le Metal Obs’.

Interview parue également dans le Metal Obs' 42 de Sept. 2010

Entretien avec Yann (chant) - Par Yath – Photos : Carole Epinette
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Le nouvel album Black Days est sorti il y a un petit moment maintenant, je suppose que les retours sont juste exceptionnels non ?
Oui, nous avons de très bons retours. Beaucoup de personnes nous confient leurs impressions après avoir découvert Black Days, et elles sont généralement très bonnes ! Ça fait chaud au cœur !

Comment on se sent justement, quand on reçoit autant de compliments ? On a envie de se reposer, on se demande pourquoi on n’est pas encore riche ? Ou on a juste envie de remonter sur les planches et de redémontrer ce dont on est capable ?
Ça fait plaisir, évidement ! De l’intérieur, nous sommes très fiers de Black Days, mais ça nous ouvre aussi, musicalement, beaucoup de perspectives pour l’avenir. On a touché à quelque chose que nous n’avions pas fait auparavant, notamment avec l’arrivée de Flo à la batterie. Son jeu a influencé la musique, c’est indéniable. Nous avons encore énormément de choses à faire ensemble, et ce n’est que le début…

Ce qui m’étonne le plus, et ce qui est rare pour un groupe français, c’est le « feedback » très positif de la presse étrangère. En général, on s’enflamme moins aux Pays-Bas ou en Allemagne pour les groupes français, mais pour Black Days, tout le monde est sous le charme !
Oui, c’est très encourageant et motivant. La presse et les webzines étrangers nous soutiennent, et le bouche à oreilles fonctionne bien aussi… Petit à petit, l’oiseau fait son nid !

Ça vous donne des ambitions ? Ça vous ouvre des portes par exemple pour des tournées, des festivals ?
Nous avons des propositions pour la Hollande, l’Angleterre, la Suisse, le Benelux… Nous travaillons avec Romain Monnereau et sa structure de booking Die Ecke Production. Il nous est d’un grand soutien pour ce travail. Nous préparons actuellement une tournée à partir de la rentrée de septembre.

KLONE

Un groupe comme Klone a toujours fait les choses tranquillement, à sa façon, plutôt lentement pas rapport à certains. C’est une stratégie calculée à long terme ou juste une façon de rester lucide ?
Nous avançons à notre rythme. Nous ne nous installons pas dans une cadence de production à la chaîne, dans le sens où il faudrait faire un album tous les ans. Nous avons besoin de recul sur nos compositions et de temps pour travailler dessus. Et il y a aussi d’autres facteurs : les emplois du temps de chacun, les impératifs personnels, etc… car nous ne vivons pas de Klone aujourd’hui. Nous avons des activités en dehors du groupe qui prennent aussi du temps, c’est normal. Mais nous essayons d’être à fond dès que nous le pouvons. Je ne pense pas qu’on est une allure de croisière non plus… En tous cas, il n’y a pas de stratégie calculée, c’est une histoire de dosage et d’équilibre.

Les choses semblent quand même s’accélérer puisque vous aviez mis 4-5 ans entre All Seeing Eye et Duplicate puis High Blood Pressure… Alors que Black Days arrive 2 ans après All Seeing Eye…
Pour Black Days, nous avons établi des plannings précis, et nous nous y sommes tenus. Pour la composition et les répétitions dans un premier temps, puis l’enregistrement et le mix dans un second temps. On a voulu garder une fraîcheur et une spontanéité pour bénéficier d’une dynamique intéressante dans notre travail. C’était important pour nous de trouver ce tempo pour sortir Black Days. Il y a un équilibre à trouver entre faire les choses rapidement, mais avec peu de recul, et faire les choses lentement, décousues, et manquer de fraîcheur et de dynamique. On a su trouver le bon équilibre pour Black Days.

On a aussi l’impression que vous êtes tranquilles mais besogneux, acharnés, appliqués…
Nous essayons de laisser le moins de place au hasard, du moins très peu. Il y a en a toujours, on ne peut pas tout verrouiller, et je pense que c’est dangereux. Mais nous essayons d’être perfectionnistes, nous nous impliquons et nous appliquons à fond dans notre musique.

Et justement, quelles sont vous ambitions, si vous y pensez de temps en temps ?
Pour le moment, faire des concerts, aller voir ce qui se passe à l’étranger, pourquoi pas outre-Atlantique un de ces jours… et continuer à faire ce qui nous plaît, c'est-à-dire notre musique.

Nous avons encore énormément de choses à faire ensemble,
 et ce n’est que le début…


Qu’est-ce qui pourrait vous arrêter ? Arrêter votre progression ? Vous semblez très sûrs de vous et à chaque album, Klone devient meilleur !
A partir du moment où tu sens que ce que tu fais, composes, écris te semble moins pertinent ou est moins en adéquation avec ce que tu représentes à ce moment-là, c’est qu’à mon avis, il y a un souci d’intégrité. C’est ce qui peut engendrer une régression, et nous arrêter...

Bon, j’arrête un peu avec les éloges et passons au nouvel album. Ce qui m’a sauté aux yeux, c’est le travail hallucinant niveau prod’. Les arrangements sont sublimes, le son parfait… Vous semblez y avoir apporté une sacré dose de travail…
Avec Black Days, nous avons voulu optimiser le son. Pour la batterie, nous avons enregistré au LOKO Studio en Normandie, qui bénéficie d’une grande salle de prise avec une très bonne acoustique et d’un très bon matériel. Les prises cordes, voix, saxophone et samples ont été faites en autonomie, chez Guillaume, Matthieu et au Confort Moderne. C’est Frank Hueso qui s’est chargé du reste. Nous avons trouvé ensemble une bonne cohésion de travail. Nous avons beaucoup discuté en amont de la couleur du son, des ambiances, du type de matériel à utiliser, etc… Nous sommes très heureux du résultat, et tout s’est déroulé dans une très bonne ambiance.

Passez-vous beaucoup de temps justement à travailler les détails (le chant, les guitares impressionnent) ou est-ce que ça vous vient naturellement ?
La plupart des morceaux naissent de thèmes guitare. La base du morceau se fige. Puis s’ajoutent les voix, les ambiances guitare de Guillaume, les samples et saxophones de Matthieu. Ce sont deux étapes bien distinctes dans notre processus de composition. En effet, nous y consacrons pas mal de temps, du moins nous y attachons beaucoup d’importance car c’est ce qui fait aussi la couleur de notre musique.

Quand vous avez commencé à composer Black Days, aviez-vous un domaine particulier, un thème sur lequel vous vouliez vous focaliser ?
Nous avions en tête quelques mots clé qui nous permettaient d’avoir un fil conducteur, et quelque chose à quoi se raccrocher. Nous voulions une ambiance assez sombre, avec un côté tribal, mais toujours avec cette touche rock. Le jeu de Flo a permis encore une fois d’aller dans cette direction, avec notamment pas mal de parties aux toms. Nous voulions également beaucoup d’air dans le mix. Les tempos que nous utilisons permettent d’ouvrir le son et l’espace. C’est aussi quelque chose que nous avions en tête pendant les compositions.

KLONE
 
En général, les groupes qui jouent une musique très hybride comme Klone commencent par un peu « copier », mélanger et mettent quelques albums à trouver LEUR son, une identité unique. J’ai l’impression que vous y êtes presque là… Vous partagez ce point de vue ?
On n’a jamais vraiment essayé de copier ou de mélanger tel ou tel style de musique. Nous faisons à notre sauce ce qui nous correspond sur le moment. C’est vrai, l’identité d’un groupe se forge avec le temps. Je ne pense pas qu’il y ait de finalité au niveau sonore. Chaque album est différent et représente le groupe à un moment. On peut parler de maturité quand celui-ci, après plusieurs années d’existence, a trouvé une cohésion. Mais la recherche reste constante, et en même temps, ça serait dommage de se dire qu’on a trouvé notre son, car il n’y aurait plus grand-chose à chercher.

Une des seules critiques que j’ai lue sur Black Day vient du rapprochement parfois un peu trop voyant avec TOOL (sur une chanson comme « Rite Of Passage ») ; est-ce effectivement une de vos influences ?
Oui, comme beaucoup d’autres groupes de style et d’époque différents. Nous sommes très ouverts sur la musique en général. D’autres formes artistiques nous intéressent également. Les influences sont multiples et diverses. Quelque part, tout est forme d’influences. Par exemple, si tu perds quelqu’un de cher ou que tu rencontres l’amour, ou toute autre situation qui te bouscule, ce que tu écris ou ce que tu composes à ce moment-là est sous l’emprise de cet état. L’influence n’est pas que musicale.

Quels sont vos plans pour le futur ? Je pense à l’évolution de votre son, la direction artistique ?
Nous commençons à discuter de la prochaine étape, mais c’est encore tôt. Nous avons surtout hâte de tourner à la rentrée. Pour ce qui est du prochain album, nous n’avons pas encore de trame précise, mais assez de motivation et d’envie pour faire quelque chose de fort ensemble.


KLONE - Black Days
Season Of Mist



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