OTARGOS

Religion is a plague...


Forts d’une prestation très remarquée cet été au Hellfest, nos quatre frenchies aux corpse paints explicites nous présentent fièrement No God No Satan, un cinquième album très convaincant qui ne reprend pas aveuglément les recettes du passé. Plus encore que l’artwork dérangeant ou le contenu sans concession, c’est le titre emblématique qui fait actuellement couler beaucoup d’encre dans les milieux autorisés du Black Metal : XxX, bassiste et graphiste de son état, met les points sur les i et explique la démarche du groupe avec son franc-parler.

Interview parue également dans le Metal Obs' 42 de Sept. 2010

Entretien avec Alex XxX (basse) - Par Will Of Death - Intro par J.C. Baugé
Rechercher : dans l'interview
Avant de parler du nouvel album, revenons un peu à Fuck God… Comment perçois-tu cet album aujourd’hui et comment juges-tu l’accueil qu’il a reçu ?
Fuck God-Disease Process a été très bien reçu, et cela par deux fois, puisque la sortie française sous Rupture Music avec son DVD bonus a été complimentée, ce qui nous a permis un an après de le ressortir chez Season Of Mist au niveau international. Cet album a annoncé un nouveau virage pour Otargos et nous sommes vraiment fiers des retombées ! Je pense que FGDP a amplement reçu les retours qu’il méritait !

Vous avez pas mal tourné pour cet album, en France mais aussi à l’étranger, avec notamment une tournée mémorable au Brésil, ce qui n’est pas commun pour un groupe de Black Metal, français de surcroît ! Que retiens-tu de ces dates et aussi de la dernière en date au Hellfest ?
Le live est une chose très importante aux yeux d’Otargos et nous travaillons beaucoup à cela. Notre musique prend encore plus de dimension sur scène et c’est pourquoi nous nous efforçons de faire beaucoup de concerts ! La tournée au Brésil s’est montée tout naturellement grâce à un promoteur de Sao Paulo qui admirait beaucoup notre formation ! Cela a été une expérience unique dans la carrière du groupe : jouer sur l’autre continent nous a beaucoup apporté, et les mentalités là-bas n’ont rien à voir avec ici. Tu vois, en Europe, et particulièrement en France, les « métalleux » ont tendance à s’enfermer dans un style de Metal (Death, Black, Heavy…) : on se toise du regard, ça crée des conflits, etc. Là-bas, les aficionados se moquent de l’orientation musicale, du moment qu’elle porte le mot METAL quelque part ! La communauté est tout aussi éclectique qu’ici, mais on assiste à une réelle fraternité qui mélange tous les styles. Une communauté qui apporte de l’émulation, des discussions et beaucoup de tolérance ! Quand au Hellfest, tu dois bien imaginer la banane que j’ai eue quand Ben Barbot m’a contacté pour nous proposer un slot sur l’édition 2010… le Hellfest a été la plus grosse scène qu’Otargos n’ait jamais déflorée ! Tout simplement Dantesque !

Qu’est-ce que votre arrivée chez Season Of Mist a changé pour vous ?
Ça a changé beaucoup de chose pour nous… durant presque 10 ans, j’ai assuré la quasi-totalité de notre gestion/booking/promo. Depuis cette signature, c’est réellement la première fois qu’on se sent soutenu par une équipe solide, motivée et compétente ! Merci à eux !

OTARGOS

Le fait que Fuck God ait été très bien reçu vous a-t-il mis une pression particulière au moment d’aborder la composition du nouvel album ? En gros, fallait-il plutôt enfoncer le clou dans la même veine ou continuer dans les expérimentations ?
Nous nous moquons complètement de ce que peuvent bien attendre ou espérer les fans ou les détracteurs d’Otargos. Nous partons du principe que si tu travailles ta musique dans l’optique de satisfaire les fans, cela devient un réel frein à ta créativité et à ton inspiration ! Il n’y avait aucune pression à notre niveau je pense, et c’est vrai que nous avons voulu aller encore plus loin dans l’expérimentation avec ce nouvel album ! Mais une chose est sûre : nous ne voulions pas faire un Fuck God-Disease Process n°2 !

Venons-en au nouvel album… Déjà, son titre et son artwork : No God No Satan… Dire non à Dieu pour un groupe de Black, OK, mais non à Satan, voilà qui risque de vous attirer les foudres des puristes ! Tu peux nous expliquer votre point de vue là-dessus et aussi nous parler de l’artwork et de son éventuelle adéquation avec le titre de l’album ?
Tu vois, ça me choque la façon dont tu formules ta question (rires). Si le nouvel album d’Otargos s’était appelé juste « No God », ça n’aurait frappé personne. Pourtant, si tu penses être un adorateur du diable, quelque part tu te dois de croire que son opposé existe, en l’occurrence « Dieu ». « No Satan » est simplement la conséquence de « No God » ! Otargos renie l’existence de TOUTES les religions quelles qu’elles soient (bonnes ou mauvaises). La religion est une pure affabulation qui a été inventée par l’homme pour soulager sa peur de la mort ! Ce titre, No God No Satan, n’est pas du tout une provocation pour nos confrères musiciens officiant dans le Black Metal, c’est simplement le résumé brutal du message d’Otargos ! Notre affiliation au mouvement Black Metal ? Nous pensons aujourd‘hui que le Black se définit plus par sa musique que par l’adoration de Satan. Et je pense qu’il existe énormément de groupes rattachés à 100% à ce mouvement qui ne sont pas des porte-paroles du Diable ! Pour le layout, en collaboration avec le musée Dupuytren de Paris, j’ai pu photographier des sujets très intéressants. A travers ce visuel, nous voulons démontrer le vrai secret de la chair face à l’impuissance pathétique de l’humanité (noyée et aveuglée par ses fausses croyances et ses religions absurdes). Ces clichés originaux sont le miroir de l’ignorance de l’homme face à la vraie genèse de la vie… une genèse qui ne découle certainement pas d’une intervention divine !

Le contenu de l’album maintenant… Il me semble qu’il est plus ambiant que vos précédentes réalisations, es-tu d’accord ? Quels horizons vouliez-vous explorer cette fois ?
Tu as raison, l’écriture de No God No Satan a commencé juste après la composition de Fuck God-Disease Process, et il en est la suite logique. Nous voulions quelque chose de beaucoup plus sombre, ambiant et profond. Nous voulions vraiment pousser jusqu’au bout notre idée. Dagoth est à la tête de la composition, et nous sommes vraiment très satisfaits de son travail. No God No Satan demande plusieurs écoutes et une oreille avertie pour en saisir toute la subtilité et c’est tant mieux, on n’est pas là pour faire de la musique accessible aux blaireaux de base !

OTARGOS

Autant les réactions pour Fuck God furent assez unanimes de manière positive, autant là, pour les premières chroniques qui tombent, c’est tout ou rien… Soit on adore, soit vous vous faites incendier. Déjà, prêtez-vous attention à ces critiques et comment expliques-tu que les avis soient plutôt tranchés cette fois ? Après tout, Otargos dérange et c’est très bien ainsi, non ?
Nous nous tenons informés des retombées, mais nous ne nous focalisons pas dessus, c’est vrai ! Je pense que beaucoup de personnes s’attendaient à un album dans la lignée du précèdent, et comme tu le dis : soit cet album est adoré, soit il est détesté, il n’y a pas de juste milieu… et tant mieux. La pire des choses qui puisse t’arriver quand tu fais de la musique, c’est que ton disque ne provoque aucune vague à sa sortie ! Et puis, la calomnie provient du succès, paraît-il…

En même temps, je lis ici et là des critiques comme quoi vous êtes trop traditionnels dans votre approche, trop old school si vous voulez… A croire que ceux qui disent ça ne connaissent pas votre approche depuis les débuts du groupe…
Le problème dans les conneries ne vient pas de ceux qui les lisent, mais de ceux qui les écrivent. C’est comme tous ces cons qui nous comparent encore à Dark Funeral !

Votre approche des textes a toujours été très nihiliste… Y a-t-il un message que vous vouliez faire passer cette fois avec cet album, au niveau des textes ? Peut-on voir plusieurs lectures dans vos lyrics ?
Comme je te disais, le leitmotiv de l’album dénonce le pouvoir manipulateur des religions, il dénonce la faiblesse de l’homme face à ses angoisses existentielles ! Le message était plus subtil sur Fuck God-Disease Process ; avec No God No Satan, on a vraiment mis les pieds dans le plat ! Otargos parle des vraies choses de la vie avec un œil contemporain : l’humanité, la mort, la vie, l’espace, la chair… On n’a pas de temps à perdre à inventer des comtes de fées avec des pseudo-démons ou anges qui se font la guéguerre ! Ça peut être divertissant certes, mais il faut quand même revenir sur terre. Dieu, Satan ou je ne sais quelle autre entité à la con… ils ont tous été inventés par l’homme et je vous rassure : il n’y a aucune vie après la mort !

Parlons du son de l’album. Vous êtes allés cette fois enregistrer chez Séb BST (ex-Garwall, ex-Aborted, actuel Order Of Apollyon). Déjà, pourquoi ce choix de bosser avec lui, comment se sont passées les sessions, quel type de son recherchiez-vous et comment juges-tu le résultat final ? Pour ma part, je dirais que le son est très sec, avec une caisse claire qui aurait peut-être mérité d’être plus lourde… Maintenant, peut-être était-ce voulu de votre part…
Nous avons voulu travailler avec BST parce que nous nous connaissions bien et qu’il suit Otargos depuis un bon moment. Nous connaissions son travail et nous savions que c’était quelqu’un d’ingénieux et de très assidu. De plus, Dagoth et moi étant sur Paris, nous voulions être à proximité du studio pour pouvoir bien superviser toutes les étapes de l’enregistrement. Nous avons travaillé le son pour qu’il soit le plus fidèle à notre son live, voilà pourquoi nous avons opté pour une production « organique ». Nous avons minimisé les arrangements au maximum ! Je te l’annonce, rien dans No God No Satan n’a été recalé et aucun « editing » n’a été  effectué sur la batterie ! Tout est naturel, et les prises sont bel et bien des prises acoustiques ! Trop souvent nous avons vu nos groupes préférés avoir un son énorme sur album et complètement à chier en live. La démarche était de rester fidèles à nous-mêmes et d’être les plus sincères par rapport à l’auditeur (N.B. : la batterie, quant à elle,  a été enregistrée à l’Echoes Studio sous la direction de R. Henry).

Parlons de la vidéo de « Cloning The Divine », qui est excellente… C’est carrément à un petit court-métrage auquel nous avons droit ! Comment avez-vous bossé sa réalisation ? Et puis, je vous suggère de l’envoyer à Christine Boutin, ça devrait lui faire plaisir de voir ça et vous risqueriez d’avoir de la pub à la télé suite à ça (rires) !
Nous avons travaillé 10 mois sur ce clip, ce fut un travail colossal entre l’écriture du scénario, la recherche des acteurs et des lieux de tournage, la création des décors, le recrutement de l’équipe technique, etc. Nous voulions vraiment faire quelque chose de complet avec une imagerie forte. Trop de clips dans le milieu du Metal sont merdiques, le but ici était de donner une vraie plus-value à notre musique et non pas le contraire ! Pour cela, nous avons fait appel au réalisateur italien Federico Anasatasi (11|10) ainsi qu’a la boîte de production parisienne Epix Studios. Le tournage en lui-même a duré 3 jours et je peux te dire que ça a été une expérience aussi éprouvante qu’enrichissante. Avec Dagoth, nous nous sommes investis à 200% dans ce projet, et il nous tarde de recommencer ! Et en ce qui concerne Christine, je lui pisse au cul…

OTARGOS

Vous retrouver tous ensemble dans la même pièce pour répéter ne doit pas être évident, vu votre éloignement géographique. Comment vous y prenez-vous avant d’entrer en studio ou avant les tournées ? Et penses-tu que la musique d’Otargos aurait un autre visage si vous étiez dans une configuration classique de groupe qui se voit tout le temps ?
Au niveau du studio, nous travaillons chacun chez nous et nous nous retrouvons soit à Paris, soit à Bordeaux avant l’enregistrement pour répéter ! C’est la même formule en ce qui concerne les lives et les tournées. Le groupe joue quand même assez régulièrement, nous n’avons pas vraiment le temps de perdre la main ! Pendant six ans, Otargos se voyait régulièrement pour répéter. Depuis trois ans, à cause de notre éloignement géographique, nous avons changé nos méthodes de travail, mais ça n’a en rien changé la musique ou la motivation pour autant !

A quoi peut-on s’attendre maintenant que l’album va sortir ? Une tournée est-elle prévue en France et à l’étranger ?
Nous nous apprêtons à rejoindre Watain et Destroyer 666 sur l’ensemble des 35 dates de l’European Reaping Death Tour 2010 !

Le dernier mot est pour toi, si tu veux ajouter quelque chose d’important pour nos lecteurs et pour une éventuelle meilleure compréhension de cet album… Merci pour tes réponses et à bientôt en live !
L’heure des affabulations et des histoires qui font peur aux enfants est terminée. En 2010, il faut lutter contre l’endoctrinement des religions qui asservit les masses. Réveillez-vous, libérez-vous et ne prônez que votre libre arbitre ! Aucun dieu ne vous a mis sur cette terre et aucun diable ne viendra vous emporter en Enfer… vous finirez comme moi, sous terre, bouffé par les vers ! GOD is the fucking HOAX… No God No Satan.


OTARGOS - No God No Satan
Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/otargos