CATARACT


Natural Born Killers


Déjà le sixième album studio pour nos Suisses depuis Golem paru chez Ferret Music en 2000 et on ne s’en lasse pas un instant. C’est bien simple, tout s’est accéléré pour eux depuis leur signature chez Metal Blade en 2004 et c’est à la force du poignet et à la sueur de leur front qu’ils viennent régulièrement nous bombarder avec leurs rythmiques écrasantes, leurs terribles mosh-parts et le chant surpuissant de Fedy. En matière de Hardcore/Thrash, ils sont passés maîtres en Europe, aux côtés de leurs collègues de Born From Pain par exemple. Petit check up et présentation du nouveau missile par leur bûcheron Ricky, avant l’opération.

Interview également parue dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010

 Entretien avec Ricky Dürst (batterie) - Par Seigneur Fred & Sophiecat
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Es-tu entièrement satisfait de vos deux derniers albums Kingdom et Cataract ? A leur sortie, certains ont dit qu’ils étaient un peu moins forts que With Triumph Comes Loss par exemple… Qu’en penses-tu ?
Eh bien, chaque album que nous avons sorti sonne différemment avec le recul. Cependant, depuis qu’on est chez Metal Blade, il n’y a pas un album que je trouve « faible » ou dans lequel il manque des choses. Selon moi, le son de Kingdom était trop artificiel, trop Américain si tu veux, mais je présume que c’est une question de goût. Je préfère un son brut et je pense que nous l’avons obtenu pour ce nouvel album et le précédent. Enfin, c’est toujours une question de goût, encore une fois. Et il y a eu beaucoup de divergences d’opinions à propos de notre dernier album éponyme. Dans le milieu Metal, il a été bien accueilli puisqu’il contient des morceaux plus longs, plus complexes et plus expérimentaux, mais le public Hardcore n’a pas trop accroché.

Il y avait un CD bonus intéressant sur l’édition limitée de Kingdom avec une pochette différente et des morceaux live. Tu peux m’en parler ? Qui a eu l’idée de le sortir : vous ou Metal Blade ? C’était pour lutter contre le piratage en proposant une valeur ajoutée à l’album pour vos fans ?
Metal Blade essaie toujours de faire  quelque chose de spécial pour les premières copies. Ils sont donc très ouverts à toutes les suggestions pour rendre cette sortie spéciale. Avec Kingdom, nous avons réenregistré quelques chansons du catalogue Metal Blade et avons ajouté quelques morceaux live, plus notre reprise de « XXX » de Nasty Savage sur le CD bonus. Avec Cataract, c’était un CD de reprises également. On voulait rendre hommage à nos héros et à nos influences puisque cet album est sorti pour nos dix ans d’existence. On a aussi joué les chansons lors de notre concert pour la sortie de l’album à l’époque. Et puis, je suppose que ces versions peuvent être trouvées sur le Net maintenant, mais l’idée de base, c’était que les gens achètent l’album parce qu’il contenait quelque chose de vraiment spécial. Et nous les avons tous vendus (rires) donc ça a marché (rires) !

Avez-vous l’intention de sortir un jour un vrai album live (CD + DVD) avec votre label parce que vous êtes un putain de groupe live qui détruit tout sur scène ! Sur disque, c’est bien, en live c’est mieux !
Je suis totalement d’accord avec toi et ça serait bien de faire un DVD live. Mais cela n’a pas été possible jusqu’à présent, donc nous laissons cette idée dans un coin et nous verrons quand ça se passera... Il y a quelques vidéos géniales de nos prestations au Ieperfest 2010 sur YouTube, alors allez les voir ! On peut même y voir notre chanteur faire un genre de « stage diving » dans la mauvaise direction (rires). Il a été un peu sonné pendant quelques secondes et sa tête a doublé de volume mais il va bien (rires).

Maintenant, comment présenterais-tu ce nouvel album, Killing The Eternal, musicalement, au public et aux fans, notamment en comparaison avec les autres albums de votre discographie ? Toujours du Thrashcore ?
Nous voulions faire un album intense, qui s’intègre dans notre setlist mais sans négliger nos récents développements. C’est donc rapide et agressif, les chansons sont compactes avec ce qu’elles avaient besoin pour être complètes selon nous, mais il y a aussi beaucoup de variations de styles et de rapidité parmi elles. Je ne veux vraiment pas le ranger dans une catégorie, c’est du Cataract, ni plus ni moins !

CATARACT

C’est direct et très accrocheur, comme d’habitude. Vous réussissez toujours le bon mix entre la brutalité et un minimum de mélodie. Comment vois-tu l’évolution de votre musique depuis vos débuts en 1998 ?
Nous sommes toujours allés de l’avant en tant que musiciens, mais aussi en tant qu’artistes plus généralement, et si tu regardes notre histoire, tu verras que nous avons toujours navigué entre des trucs plus expérimentaux et des trucs plus brutaux. Le nouvel album se rattache aux choses les plus brutales qu’on ait faites. Cataract a été influencé par les changements de line-up. Par exemple, Tom (guitares) nous a beaucoup apporté : il joue aussi dans le groupe de Brutal Death Disparaged. Et nous voulions carrément faire quelque chose de différent de Kingdom, et c’est ce qui s’est passé. Nous sommes allés loin dans nos expérimentations dernièrement et les formats des morceaux étaient inhabituellement longs pour nous. Pour ce nouvel album, nous voulions donc tous faire quelque chose de plus direct, de plus intense.

Vous avez préparé l’album durant votre dernière tournée ou bien vous avez fait un break après l’album Cataract pour bosser à la maison, peinards ? Comment travaillez-vous ?
On écrit rarement en tournée. Bien sûr, nos guitaristes engrangent des idées et quand ils ont une ou deux chansons de prêtes, on commence à les répéter. Là, on a eu beaucoup de temps. Comme on devait déménager et changer de studio, cela nous a laissé quelques mois où nous avons dû refuser des concerts pour nous concentrer sur l’écriture. On prend souvent le temps de faire ça pour ne pas se retrouver à devoir faire des concerts et enregistrer en même temps. On a tous des jobs à côté, on utilise donc judicieusement notre temps.
 
Le nouveau disque s’appelle Killing The Eternal. Quels sont les thèmes principaux des textes ?
Le thème principal, c’est « tuer l’éternel » comme dans la promesse d’une vie éternelle ou d’une vie après la mort véhiculée dans l’humanité par les dieux qu’elle a elle-même créés. L’idée, c’est de tuer l’image du paradis qui nous attend après la mort si tu te comportes d’une certaine façon. Cette image possède beaucoup de faces cachées… Il faut se rendre à l’évidence : cette religion nous mènera à notre perte.

Concernant la collaboration avec Tue Madsen au Danemark : pourquoi avoir de nouveau choisi de travailler avec lui pour Killing The Eternal ? Peux-tu décrire une journée typique d’enregistrement avec lui à Aårhus ?
Nous avons de nouveau choisi Tue parce que nous savons qu’il comprend ce que nous voulons et il nous donne le son que l’on recherche. Il nous dit aussi quand quelque chose ne va pas ou quand nous essayons de faire quelque chose qui risque d’être bizarre. Il y a aussi une bonne connexion entre nous donc nous savons tous comment communiquer. Nous avons commencé par enregistrer la batterie. Ce coup-ci, il n’y avait que Greg et moi, puis Tom et Nico nous ont rejoints quelques jours plus tard et nous sommes passés aux guitares. Dès que notre chanteur Fedi est arrivé, encore quelques jours après, nous avons commencé tous les vocaux. Tue est assez strict sur les horaires de travail. Nous commencions vers 10 h et on travaillait jusqu’à 18h environ, parfois plus, parfois moins. Toutes les discussions portant sur la répétition de certaines parties ou le fait d’enlever des éléments avaient déjà eu lieu en amont, ce qui nous a permis d’aller très vite.

En ce moment, nous avons énormément de jeunes groupes
qui arrivent avec de la musique ambitieuse et sans compromis
et cela à travers toute la Suisse.


Pensez-vous avoir trouvé le son parfait et la solution idéale avec Tue Madsen ?
Oui. Tue nous donne le son qu’on veut et il est très ouvert à nos suggestions. Je sais que le genre Metalcore est connu pour ses sonorités de batterie Nintendo (rires) et l’utilisation abusive du « drums editing » et on voulait continuer à s’éloigner de cela le plus possible. Il a aimé l’idée donc il nous a donné un mixage massif sans avoir recours à des samples de batterie, à une batterie triggée, etc. Il fait partie intégrante de notre évolution, et à voir comment les choses ont pris forme, nous avons pris la bonne décision.

Quelques mots sur l’artwork qui est superbe ? Le type a un gros couteau dans la main, c’est une référence à une célèbre spécialité dans votre pays : le petit couteau suisse (rires) ?
A la base, on voulait qu’il tienne un couteau suisse de l’armée dans la main mais ils allaient nous poursuivre en justice et nous prendre tout notre argent (rires), alors on a décidé d’utiliser un couteau de boucher standard (rires). La pochette n’était pas censée être la couverture de l’album, nous avions autre chose en tête. Mais quand Colin (de Rain Song Design) nous a fait parvenir quelques dessins qu’il avait faits pour la pochette, celle-ci nous a vraiment impressionnés, nous avons donc laissé tomber la pochette initiale et utilisé celle-là à la place. C’est très subtil et effrayant. Elle fait bien ressortir le titre. La façon dont il a conçu la pochette correspond bien à la façon dont nous faisons notre musique. Il utilise un vrai modèle et fait des photos, puis il le transforme en quelque chose de totalement formidable !

Comment se portent les scènes Metal et Hardcore en Suisse en ce moment ? Certains artistes locaux m’ont dit par exemple qu’actuellement à Genève, la scène est plus orientée vers le Grindcore. Et la scène Metal/Hardcore à Zurich est totalement différente… Quelle est ta vision de la scène nationale depuis Zurich ?
Je pense que la région francophone (l’ouest de la Suisse) a ses propres caractéristiques mais ils ont des groupes vraiment excellents comme Knut, Mumakil, Kruger ou encore Zatokrev de Bâle. Bien sûr, ils n‘ont pas grand-chose en commun avec notre style mais si tu as la chance de les voir, ils vont t’en mettre plein les yeux. Par contre, il y a aussi des groupes comme Promethee ou Blown qui font plus de la musique pour nos salles de bals (rires) ! En ce moment, nous avons énormément de jeunes groupes qui arrivent avec de la musique ambitieuse et sans compromis et cela à travers toute la Suisse.

Quels sont vos projets pour cette fin d’année ? Quand allons-nous vous voir en France ?
Le concert pour la sortie de l’album est prévu le 22 octobre, puis nous commencerons à tourner en Europe, nous avons pas mal de shows de prévus déjà et certains sont en France. Allez sur notre site www.cataract.cc (et non ch !) pour voir les dates. Je crois qu’un concert à Belfort est d’ores et déjà prévu mais plus de shows vont venir s’ajouter car nous avons toujours des concerts de dingues en France. Coucou à tous ceux qui nous soutiennent !


CATARACT - Killing The Eternal
Metal Blade / Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/cataract