CEPHALIC CARNAGE

C’était pas mieux avant…


Alors que la majorité du public a découvert le groupe en 2005 grâce à son 4ièm album, Anomalies, Cephalic Carnage existe tout de même depuis 19 ans. Cette donnée est extrêmement importante pour comprendre l’évolution du combo. Le tournant plus « sage » entrepris par le groupe depuis quelques années va exciter les chevaliers noirs, ardents défenseurs de l’intégrité de la scène métallique. Ces courageux chevaliers qui crachent déjà leur prose en langage SMS sur les forums spécialisés. Peu importe, au Metal Obs’, on prend parti et on assume. Non, Cephalic Carnage, ce n’était pas mieux avant. C’était différent, c’était plus jeune et plus fou, mais c’est désormais plus efficace, plus subtil et plus vicieux aussi. Quoi de plus naturel qu’un groupe qui évolue, qui cherche de nouveaux défis pour ne pas pourrir dans ses certitudes ? Cephalic Carnage a opéré sa mue, lentement mais sûrement, en réinventant totalement sa façon de composer. Et elle est peut-être là la plus grande fierté de son chanteur, Leonard Leal, qui a bien voulu répondre à nos questions.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010

 Entretien avec Leonard Leal (chant) - Par Yath
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Leonard, Mislead By Certainty vient de sortir ici en Europe, vous avez mis du temps à le terminer cet album…
Ouais, c’était assez bizarre. On bosse dessus depuis janvier en fait, et on a fait quelques tournées avant de le finir, donc, alors qu’on était en plein dans les nouvelles compos, on a du réapprendre à jouer les anciennes chansons pour les interpréter sur scène. C’était assez compliqué… Maintenant que Mislead By Certainty est prêt, on est très soulagé et surtout heureux du résultat. C’est une partie très agréable de notre métier, que de voir notre nouveau bébé atterrir dans les bacs. On a maintenant hâte d’aller le défendre sur scène !

Et c’était donc un album difficile à faire ? Un accouchement douloureux comme c’est parfois le cas ?
Humm, je dirais 50/50. En ce qui concerne les idées, l’inspiration, c’était assez simple parce qu’on savait très bien ce qu’on voulait. Mais quand il s’agissait de jouer certaines parties, on a dû travailler très dur ! Certains passages sont vraiment compliqués et c’était un véritable challenge que d’arriver à les mettre en boîte. Donc, comme je t’expliquais, c’est vraiment du 50/50 : très excitant et très exigeant à la fois.

Vous n’avez plus qu’à attendre les retours sur l’album maintenant. Vous prêtez attention aux critiques ? Votre son évolue et certains ne sont vraiment pas contents…
Oui, bien sûr, on y fait attention. Mais tu sais, c’est assez drôle parce que quand tu commences à lire un peu les différents avis, tu te rends compte que tu ne pourras jamais satisfaire tout le monde. Et puis, on finit par faire ce qui nous inspire, on ne compose pas pour satisfaire telle ou telle partie de nos fans, on compose avant tout pour nous-mêmes. C’est à nous que ça doit plaire, c’est nous qui allons défendre cet album sur scène, ça serait triste de ne pas l’apprécier. C’est la vie, on perd des fans mais on en gagne des nouveaux. Nos premiers albums sont vénérés par certains qui apparemment détestent nos nouvelles compos. Eh bien, qu’ils aillent écouter les premiers albums d’autres groupes ! Il y a plein de groupes qui font des trucs aussi barrés que nos premiers essais et c’est tant mieux. On a besoin d’évoluer et on y trouve notre compte, c’est l’essentiel.

 CEPHALIC CARNAGE

Quelles sont les principales caractéristiques de Mislead By Certainty ? J’ai trouvé ce nouvel album extrêmement Heavy.
Ouais, je dirais effectivement Heavy et surtout compact. Nos albums précédents partaient un peu dans tous les sens. Pour celui-là, on avait une idée très claire de ce qu’on voulait, on l’a composé comme un bloc. Il y a encore de la folie, de la technique et de la vitesse, mais tout ça est très contrôlé et étudié. On a vraiment composé un album et des chansons, pas juste un enchaînement de riffs. Et puis, c’est probablement notre effort le plus collectif à ce jour, on a vraiment composé ensemble, ça aide si tu veux un album plus cohérent.

Ça reflète aussi votre évolution, vos compos sont plus mûres et ressemblent de plus en plus à de vraies chansons.
Exact, on voulait quelque chose de cohérent et un album qui sonne en live. On vit pour la scène et on voulait proposer quelque chose d’efficace à ce niveau-là. On ne voulait pas écrire un de ces albums que t’écoutes juste au casque, chez toi. On vit pour la scène et on compose désormais dans cette optique. Il y a tellement de groupes fantastiques qui sont juste chiants sur scène… On travaille dur pour faire évoluer notre son afin de l’adapter au mieux à la scène.

Mais vous devez totalement changer votre approche alors : composer des chansons adaptées pour la scène et des trucs totalement barrés comme vous le faisiez sont deux choses bien distinctes. Ce n’est pas forcément naturel.
Oui, on essaye de s’améliorer, c’est notre challenge en ce moment. On tâche de rester naturel, on ne force pas les changements de riffs, mais on essaye par exemple de soigner nos transitions. On s’inspire de groupes géniaux comme Mr Bungle qui sautent d’un riff à l’autre sans choquer. C’est la clé quelque part. Si tu trouves les transitions naturelles, ta compo paraît bien plus fluide. La folie de notre musique reflète un peu notre environnement. Le climat est fou ici : dans la même journée, il pleut, il neige, il y a du brouillard et puis tout à coup le soleil apparaît (NDLR : Quoi, ils sont Bretons, Cephalic Carnage ?). On vient du Colorado (NDLR : Ah, OK) et notre musique s’en ressent à coup sûr...

Tu parlais de la scène tout à l’heure, donc tu penses que cet album sera plus efficace sur scène que sur CD ?
Ce que je peux te dire, c’est que les chansons de Mislead By Certainty qu’on a pu interpréter sur scène font un vrai carnage. On en a déjà joué trois et ça marche très fort, c’est un signe qu’on avance. J’espère que ça poussera les gens à acheter notre album à sa sortie.

J’aimerais te parler de la chanson « Repangea ». Ce titre très long résume l’album à lui tout seul, il y a des moments atmosphériques, des riffs très rapides, des passages lents et écrasants… Il symbolise parfaitement votre ambition.
Carrément, c’est un défi que de composer une telle chanson, c’est très difficile. C’est pour ça que j’admire un groupe comme Neurosis. Ces mecs sont impressionnants car ils composent ce qu’ils veulent, et ça sonne toujours comme du Neurosis ! On veut rester Cephalic Carnage, point, qu’on fasse du Doom, du Grind, ou du Death. Et il est là notre plus gros défi. Avec Repangea, on a voulu prouver que même en proposant un titre Doom, on reste Cephalic Carnage.

 CEPHALIC CARNAGE

Et tu penses donc que ce type de challenge vous aidera à aller encore plus loin la prochaine fois ?
Je le pense oui, ça pose un peu des fondations pour notre prochain CD. On compte écrire un titre Doom de plus de 20 minutes, c’est très excitant. On ne devient pas plus lent ou plus rapide, c’est juste une nouvelle facette de notre groupe.  Mais je t’accorde que c’est très différent d’un album de 45 minutes qui blaste du début à la fin (rires).

Je comprends que vous preniez en compte votre plaisir sur scène lorsque vous composez, puisqu’il apparaît aujourd’hui que le principal moyen de subsistance pour les groupes soit le live…
C’est ça, si tu ne t’exposes pas, tu n’existes plus, on t’oublie tout de suite. En tout cas, ici aux States, tu as intérêt à défendre ta position sur scène sinon, il y a un million de nouveaux groupes qui prennent ton créneau : ils vont jouer la même musique, utiliser la même image, vendre des T-shirts qui ressemblent aux tiens et les gens vont t’oublier ! La scène est aussi notre première source de revenus en tant que groupe, la vente d’albums ne rapporte rien aujourd’hui…

On va donc vous voir sur les planches bientôt !
Bien sûr, on part en tournée la semaine prochaine (NDLR : mi-septembre) et on est content parce que l’album est enfin sorti. On a donné quelques dates avant la sortie et c’était frustrant car des fans nous réclamaient le CD mais on ne l’avait pas ! On a hâte de venir rendre visite à nos fans en Europe.

Dans tes rêves les plus dingues, tu aimerais tourner avec qui ?
J’aimerais tourner avec ces groupes qui attirent des millions de gens comme Slayer, Metallica, Anthrax ou Megadeth (rires) ! Ça m’irait très bien ! Quitte à rêver, autant viser les plus gros. En Metal, il est difficile de faire mieux que ces groupes-là. Ou alors c’est carrément Iron Maiden... Mais il faut être réaliste, même si ça arrive, aux States, il serait impossible pour un groupe comme le nôtre de tourner avec de tels cadors. 

Pour finir, si tu devais choisir 3 mots pour définir Cephalic Carnage en 2010, tu dirais quoi ?
Je dirais Super Vachement Fun (rires). Franchement, Fun est le premier mot qui me vienne à l’esprit, on s’éclate vraiment dans Cephalic Carnage, on ne se prend pas trop au sérieux. On est là pour donner du plaisir aux gens en jouant du Rock et j’espère qu’on y arrive un petit peu.


CEPHALIC CARNAGE - Mislead By Certainty
Relapse / Pias



Myspace : www.myspace.com/cephaliccarnage