CRADLE OF FILTH
Back from Hell

Après un petit passage à vide tout relatif au début des années 2000, avec des albums qui n'ont pas fait l'unanimité, comme Thornography, jugés peut-être trop gothiques dans l'esprit et pas assez agressifs, Cradle Of Filth est revenu à son meilleur niveau avec Godspeed On The Devil's Thunder en 2008, renouant avec sa tradition Black Metal sur fond de concept album. Le groupe enfonce aujourd'hui le clou avec Darkly, Darkly, Venus Aversa, un album encore plus agressif que son prédécesseur, surtout dans sa 1ère partie. Après une première interview zappée par Dani en septembre (on commence à être habitués avec lui), nous avons pu finalement chopper Paul Allender fin octobre pour en savoir plus. Malheureusement, autant Dani peut s'avérer être un vrai moulin à paroles en interview, autant Paul ne goûte pas trop à l'exercice... On agrémentera donc cette courte interview de commentaires sur l'histoire de l'album en fin d'article.

Interview exclusive Noiseweb
Article présentation de l'histoire également paru
dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010

Entretien avec Paul Allender (guitares) et présentation de l'histoire par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview
Salut Paul ! Comment se passe la promo de l’album ? Quelles sont les réactions de la presse (pour info, nous avons beaucoup aimé l’album ici…Félicitations…) ?
La promo se passe bien à vrai dire. L’intérêt porté à cet album est excellent.

Et comment te sens-tu quelques jours avant sa sortie ?
Pour être franc, je ne sais pas ! Je suis tout excité qu’il sorte et j’espère que tout le monde appréciera tout le dur travail que nous avons accompli pour faire cet album.

Que penses-tu de Godspeed On The Devil's Thunder maintenant ? Es-tu encore fier de cet album ? on dirait que cet album vous a aidé à conquérir de nouveaux fans car il était plus brutal et épique…
J’adore cet album, Godspeed a été le point de départ de notre voyage vers une voie plus rapide et brutale.

Parlons de Darkly, Darkly Venus Aversa… Pourquoi avez-vous quitté Roadrunner Records ? Vous vouliez trouver un label de vrai/seulement Metal extrême ?
Non ce n’est pas ça du tout. Nous avions terminé notre contrat avec Roadrunner et on cherchait un nouveau label. Roadrunner semblait intéressé pour nous signer à nouveau mais au final ils se sont concentrés sur leurs groupes plus commerciaux, à cause de çà nous avons décidé d’aller chez Peaceville.

Tu te souviens quand toi et les autres avaient pensé à écrire un nouvel album concept ?
Nous n’y avons pas pensé car la musique devient un concept à partir du moment où Dani nous apporte les textes.

CRADLE OF FILTH

Peut-on considérer Lilith comme une sorte d’Elisabeth Bathory ?
Seulement dans le sens où nous avons écrit un album sur elle, mit à part çà ce sont deux sujets bien différents.

Que dirais-tu si tu devais comparer cet album avec les précédents ? Je sais que c’est mon job de faire ça mais quelles sont les grosses différences ? Si je te dis qu’il y a plus de riffs et de blast-beats par exemple, il y a plus de solos et moins de parties symphoniques, tu es d’accord ?
Je suis d’accord sur le fait que c’est plus rapide avec plus de blast-beats et de solos mais c’est encore symphonique. Mais cette fois, les parties orchestrales sont plus derrière la guitare pour leur donner une base plus symphonique.

Ça ne te gêne pas que les gens qui ne parlent pas anglais ne comprennent pas les paroles de vos albums ? En d’autres termes, la musique de Cradle Of Filth se suffit-elle à elle-même, sans les paroles ?
Non, ça Pas du tout, quand les gens écoutent notre musique ils pénètrent dans tout son univers, dans le monde que nous créons, qu’ils parlent anglais ou non.

J’aimerais parler du son de cet album car la version streaming que nous avons sur le serveur de Peaceville est ultra compressée et c’est presque une torture d’écouter un album de Cradle dans ces conditions ! Qu’avez-vous amélioré cette fois et combien de temps avez-vous mis pour enregistrer cet album ?
Le son de cet album est excellent donc non je ne le changerai pour rien au monde. L’entière réalisation (de l’écriture à l’enregistrement) a pris 7 mois au total.

Vous avez enregistré près de chez vous, dans le Suffolk. Pourquoi avoir choisi cet endroit ? Il n’y avait pas un risque que vous soyez distraits en étant près de chez vous ?
C’est pour çà que nous avons enregistré si proche de chez nous pour la majeure partie d’entre nous, nous voulions pouvoir rentrer à la fin de l’enregistrement et ne pas être bloqué au studio.

CRADLE OF FILTH

Je sais que c’est une question très stupide car il est difficile d’y répondre, mais si tu devais choisir 3 morceaux qui décrivent au mieux l’album, peut-être les plus représentatifs, lesquels choisirais-tu ?
The Cult Of Venus Aversa, One Foul Step, Lilith Immaculate.

C’est vous qui avez choisi la date de sortie de l’album, le 1er novembre (la Toussaint), disons « le jour des morts » ou le label ? C’est une date parfaite pour la sortie d’un album occulte non ?!
Nous avons toujours voulu sortir nos albums lors d’Halloween ! C’était l’idée des deux à vrai dire, je suis content que cette fois nous avons un label qui nous suit totalement et fait un excellent travail.

Ok Paul, quand allons nous vous voir en France ? Je ne sais pas si tu es au courant mais vous avez beaucoup de fans partout en France, à Lyon, à Lille…Paris n’est pas la seule ville avec de bonnes salles !
Ok je parlerais aux décideurs ! Je suis pressé de revenir en France et de faire des concerts de dingues.

Merci pour cette interview !
Salutations, Paul.
 

CRADLE OF FILTH  - Darkly, Darkly Venus Aversa
Peaceville Records

Site : www.cradleoffilth.com

Myspace : www.myspace.com/cradleoffilth



Darkly, Darkly, Venus Aversa – l’histoire…
[Par Will Of Death]

Le nouvel album de Cradle Of Filth va sortir le 1er novembre, autrement dit le Jour des Morts ! Ce n’est évidemment pas un hasard, tant l’histoire contée dans ce concept-album, le quatrième pour le groupe, est la plus sinistre jamais écrite par Dani Filth. La perversion du personnage central, Lilith, créature démoniaque surgie des Enfers, première femme d’Adam sacrifiée autrefois sur l’autel de la pureté, semble sans limites et on en vient même à rêver à une adaptation cinématographique de cet album d’horreur gothique moyenâgeuse, tant les images suggérées sont fortes.
Pour supporter une telle histoire, il fallait une musique sans concessions et comme l’a signalé Jean-Christophe Baugé dans sa chronique, que nous vous faisons découvrir ici également en avant-première, Cradle Of Filth sort certainement aujourd’hui son album le plus brutal depuis Dusk And Her Embrace. Comme l’annonce Dani Filth, cet album, c’est une version d’ « Iron Maiden sous crack dans un cimetière d’anges »

Plutôt que de vous faire un track-by-track classique (nous préférons que ce soit Dani qui vous parle des titres dans l’interview qui paraîtra le mois prochain), nous allons vous parler du début de l’histoire, afin de vous mettre l’eau à la bouche pour la suite…

Le culte de Venus Aversa…
Tout démarre dans le comté de Shropshire en Angleterre. Un narrateur invisible annonce qu’il porte un très lourd secret, qu’il aurait préféré ne jamais révéler.
On apprend alors qu’un Templier et ses hommes, revenus de la 9ème Croisade complètement azimutés, pillent sans vergogne les alentours. Ayant fondé une secte maléfique, ils vont jusqu’à bâtir un temple dédié à Baphomet, le dieu du Désert spirituel, dans lequel ils s’adonnent à des orgies nocturnes dédiées à la Bête. Or, un jour, lors de leurs incantations, surgit par accident des profondeurs des Enfers Lilith, première femme d’Adam, sacrifiée par Dieu lorsqu’elle était vierge afin de préserver la pureté des Hommes. Depuis, « emprisonnée » sous terre, celle-ci est devenue Maîtresse des Enfers ; enfin libérée, elle s’apprête à répandre son pouvoir démoniaque sur les Hommes…

CRADLE OF FILTH

Le cauchemar peut commencer…
L’histoire se passe en 1308. La nouvelle présence de Lilith déclenche toutes sortes de manifestations bizarres dans les alentours, tel un cancer se répandant insidieusement. On décèle d’étranges cris dans les bois la nuit, des feux de couleur noire surgissent de la terre et de plus en plus de villageois sont pervertis par des rêves érotiques qu’ils assouvissent la nuit dans le temple. C’est alors qu’apparaît un autre personnage, la fille d’un notable local, qui, un jour, est comme les autres irrémédiablement attirée vers le Temple, véritablement possédée… Armée de sa torche, elle découvre alors un véritable harem d’hommes et de femmes s’organisant autour de Lilith, créature vampirique d’une beauté sans égale, qui brille au milieu de l’assistance telle une étoile.
Trouvant la force de résister à cet Enfer, elle raconte alors ce qu’elle a vu. A la demande de l’Eglise, le Temple est alors attaqué par les chevaliers de la Croix et tous les disciples sataniques sont passés par le fil de l’épée ; or, on ne retrouve aucune trace terrestre de Lilith parmi les victimes exsangues ! Le Roi Edouard II, convaincu qu’elle est allée se réfugier à nouveau dans les abysses, ordonne de détruire totalement le Temple et de boucher toutes les issues souterraines… Le cauchemar peut alors commencer !
Les années ont passé et le calme est revenu. Sur les lieux du Temple a été bâti un carmel peuplé de nonnes, appelé La Retraite du Sacré-Cœur, dirigée par l’abbesse Dubois, femme d’une grande piété qui impose une règle très stricte à ses pensionnaires. Le carmel, au fil du temps, est devenu un vrai havre de paix, une sorte de Paradis Sur Terre, un nouvel Eden… Or, ce calme et cette volupté vont être troublés par l’arrivée d’une certaine Victoria Varco, en provenance directe de Moldavie, femme au profil plus qu’inquiétant puisqu’elle a sauvagement assassiné mari et enfants. Envoyée dans ce désormais très réputé carmel par sa riche famille pour expier ses péchés et laver l’honneur de son nom, Victoria est enfermée et subit alors un sort peu enviable, allant jusqu’à la torture, d’autant que l’abbesse a remarqué que depuis son arrivée, certaines choses bizarres se passent la nuit. En effet, Victoria est de plus en plus animée de rêves coupables qui se traduisent même par l’arrivée fictive d’un étrange et sombre visiteur la nuit dans sa cellule pour assouvir ses désirs les plus charnels… Ce n’est autre que Lilith, ressurgie des profondeurs infernales sous la forme du Diable, et qui n’attendait que l’arrivée d’un personnage à l’esprit aussi torturé et mauvais pour à nouveau sévir sur Terre… Fécondée et bafouée spirituellement par le Malin en personne, Victoria se voit confier une mission par Lilith : retrouver un collier sacré perdu dans le labyrinthe de l’Ancien Temple… Mais pour quoi faire ?

Open the Gates Of Hell !
Alors que Victoria œuvre sournoisement dans le carmel à la recherche de son précieux trésor, se faisant de moins en moins remarquer par l’abbesse Dubois qui croit que la jeune fille rentre dans le droit chemin, un jeune homme du village voisin, Isaac, est employé par le carmel pour aider aux travaux des champs. On a pris soin de couper la langue du jeune homme avant son entrée dans le couvent, afin que celle-ci ne puisse plus servir à autre chose auprès des nonnes… Mais Lilith est une maîtresse peu patiente, opportuniste même : Victoria se voit confier la mission d’enrôler Isaac par tous les moyens afin qu’il l’aide à retrouver le collier, mais pas seulement, car la démone le verrait bien aussi aller pervertir le lit de l’abbesse Dubois, pas si angélique que ça au final… Quelques mois passent et l’été touche à sa fin. Les brumes automnales inquiétantes revenant, Lilith sait que Victoria lui est désormais totalement acquise, qu’Isaac va malgré lui l’aider : les Portes de l’Enfer vont pouvoir s’ouvrir et les souffrances absolues commencer, dans la perversion et la luxure…  

On apprend à la fin de l’histoire que le fameux narrateur invisible du début n’est autre qu’Isaac ! Mais qu’a-t-il bien pu se passer entre temps ? Le collier a-t-il pu être récupéré ? A quoi pouvait-il bien servir ? Ce sera à vous de le découvrir en lisant les paroles du livret tout en écoutant ce très bon album de Black Metal qu’on attend avec impatience de découvrir sur scène. On peut juste vous dire que Dani a encore une fois été très inspiré et que vous ne vous ennuierez pas… Cet album est un must-have pour tout fan de Cradle Of Filth ! 

‘’ Il est minuit, les bougies éclairent faiblement
Murmures de leurs charmes insidieux
Je renifle leurs langues, mon cœur tremblant
Ces mots que je prononce sont ceux des Portes de l’Enfer.
Pardonnez-moi, mon Père, car j’ai péché dans la cruauté ! ’’