DAATH

The new challengers...


Il y a les suiveurs et les leaders. Dååth, par exemple, est en train de tracer progressivement sa propre voie au sein de la scène Métal composée de nombreuses formations qui bien souvent se copient en suivant les modes cycliques. Formé du côté d’Atlanta (Géorgie) en 2003, ce groupe américain surdoué apporte du sang frais en matière de Métal extrême et leur quatrième album, sobrement intitulé Dååth, confirme véritablement tout le bien que l’on pensait d’eux, outre leurs incroyables qualités techniques. Alors quand il s’agit de taper la causette avec l’ex-batteur de Chimaira et son compère, cela donne la sympathique interview ci-dessous…

Interview également parue dans le Metal Obs' 43 d'octobre 2010

Entretien avec Kevin Talley (batterie) et Eyal Levi (guitares) – Par Seigneur Fred & Sophiecat
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En premier lieu, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Metal Obs ?
Kevin Talley : Je suis le batteur, et j’ai joué dans plein de groupes : Dying Fetus, Misery Index, Chimaira. J’ai fait une audition pour Slayer aussi et puis j’ai été de passage dans Cattle Decapitation, Black Dahlia Murder, The Red Chord, Hate Eternal, Suffocation, M.O.D., Devildriver. Mais mon groupe actuel est Dååth. J’ai enregistré plus de trois cent cinquante chansons avec mes groupes et aussi en tant que batteur de session studio.
Eyal Levi : Je suis Eyal Levi, guitariste. J’ai créé Dååth. Je joue aussi de la guitare pour Levi/Werstler qui est un projet instrumental aux côtés de l’autre guitariste de Dååth. Et je suis également producteur et ingénieur son. J’ai récemment rejoint Jason Suecof aux Audiohammer Studios en Floride.

Votre précédent album, The Concealers, a rencontré un beau succès. Qu’en pensez-vous ? En êtes-vous totalement satisfaits ?
Si quelqu’un pouvait me dire où en sont les ventes, ce serait plus facile pour moi de répondre. On dirait que plus de gens nous apprécient maintenant et nous respectent plus qu’avant donc je dirais que c’est plutôt un bon succès. Il nous a aussi conduits à ce tout nouvel album qui est notre expression artistique la plus honnête et la plus pure que l’on ait eue. Je dirais que The Concealers nous a aidés à avancer. En suis-je satisfait ? Grand dieu, non ! Si j’étais satisfait j’aurais déjà arrêté la musique (rires).
K.T. : Franchement je ne prête pas vraiment attention à tout ceci parce que je n’y crois pas  de toute façon. Les gens qui donnent leur avis sur les albums ont souvent, pas toujours, le site Smashmouth [NDLR : Blabbermouth en réalité] comme référence sur leur I-Pod. Et Century Media assure bien mais malheureusement toute l’industrie de la musique craint de manière générale, ah ah !

Pouvez-vous rappeler le sens du mot « Dååth » ? Pourquoi ce nom lors de la création du groupe en 2003 ?
Nous voulions être proches de Dio dans les bacs alors on s’est dit que « Da… » était proche de « Di… » (rires). J’ai donc ouvert un livre juif et la Kabbale, et j’y ai trouvé communément Daaaaath !!!
E.L. : Mais non mec, tu l’as mal écrit... c’est Death !!! Non, mec c’est  bien Dååth, ah ah !

Nous nous en fichons si les gens ne comprennent pas notre musique
 car nous ne voulons pas atteindre la masse.
Nous continuerons simplement à faire la musique que nous voulons faire.


Kevin, j’ai interviewé Jason Netherton de Misery Index, l’un de tes anciens groupes, il y a quelques mois. Il m’a dit que tu as habité quelques temps à Washington D.C. comme lui, et que tu travaillais dans un studio et enregistrais pour d’autres formations... Peux-tu m’en dire plus ? C’est toujours un ami à toi ?
K.T. : Oui, j’enregistre tout le temps des morceaux pour d’autres groupes. C’est un super moyen de se faire de l’argent en plus tout en améliorant et en perfectionnant ma technique. Et oui j’ai accès à un studio ici à Washington où je passe du temps avec Jason Netherton. Nous sommes toujours de bons amis et on traîne souvent ensemble ! Nous sommes des amoureux en secret….euh…de Métal bien sûr (rires) !!

Avec ce nouvel album éponyme, votre musique sonne, comme toujours, variée, groovy, puissante et technique. C’est l’objectif principal de Dååth quand vous créez et composez pour un album ?
Pour chaque album c’est différent et pour celui-ci on s’est dit : «  Putain ! Faisons tout ce que nous voulons, on s’en fout du reste », ce qui était la devise de Dying Fetus dans le temps. Variée : oui, je fais toujours attention à ce qu’il y ait assez de beats différents sur chaque album… trop de beats identiques c’est lassant. Groovy : ma façon de jouer a tendance à être groovy à cause du placement de ma grosse caisse [NDLR : « kick drum » en anglais]. La plupart des batteurs suivent le « picking » de la guitare ce qui rend la musique plus saccadée. Je place mon coup de grosse caisse à des endroits qui n’ont souvent rien à voir avec le riff… mais le beat contrasté et le riff vont ensemble pour créer un groove puissant. C’est semblable à l’intro de la chanson « Refuse/Resist » de Sepultura. Igor Cavalera ne suit pas le riff avec sa grosse caisse et c’est un des meilleurs jeux groove qui soit. Igor m’a beaucoup influencé, tu sais.

Dans quel état d’esprit êtes-vous en général quand vous écrivez de nouveaux morceaux ? Et quels étaient vos sentiments à l’approche de ce quatrième album ?
Personnellement j’étais dans le même état d’esprit que d’habitude lorsque je crée des chansons : très chaud et excité, ah ah ! Mais en plus de cela, nous étions très soucieux d’écrire un album qui pourrait être écouté encore et encore, sans devenir lassant. Nous avons donc vérifié et revérifié chaque partie… « Kevin, pourquoi cette partie de double grosse caisse est-elle là ? » Je leur disais alors « Parce que « bla bla bla… » et ils répondaient : « oh, ok ! ». On a prêté une attention particulière à chaque détail alors que d’autres groupes diraient : « c’est bien comme ça ». Le moindre beat de cet album est très spécifiquement en accord avec le riff.

Où et avec qui avez-vous enregistré Dååth : avec James Murphy (production sonore) et Colin Richardson (mixage) comme sur The Hinderers ou bien avec Jason Suecof et Mark Lewis comme pour The Concealers ?
E.L. : Cet album est une coproduction entre Mark Lewis et moi-même. Nous avons enregistré dans la ville natale de Dååth, à Atlanta, essentiellement dans mon studio. Nous avons aussi loué une immense pièce pour la batterie pendant deux semaines. C’était vraiment intéressant car nous devions enregistrer de 11h du soir jusqu’à 9h du matin, chaque soir. Et cela impacte forcément ton état d’esprit. Une fois cela terminé, nous sommes retournés au studio, sommes revenus à des heures de journées normales et avons décidé que Mark enregistrerait les rythmes, la basse, la moitié des chants et ferait aussi le mixage. Dans une pièce de contrôle séparée, j’ai enregistré le reste des chants, les parties de guitares rythmiques et les solos, les claviers et la programmation. Jason Suecof a lui travaillé sur une partie de notre production et a également produit la plupart des chants sur le titre « Arch Enemy – Misanthrope ». C’était un énorme projet pour un si court laps de temps et je suis surpris que personne n’ait été blessé physiquement.

J’ai l’impression qu’il y a moins de claviers sur les nouveaux morceaux, comme sur l’album The Concealers, et quand il y en a, ils sont utilisés différemment dorénavant. Pourquoi cette nouvelle orientation ?
Tes oreilles te jouent des tours mon ami. Il y a bien plus de claviers sur cet album que sur n’importe lequel des anciens albums de Dååth. Nous avons simplement utilisé une toute nouvelle approche avec les claviers. Nous n’étions jamais satisfaits de la manière dont ils ressortaient sur les autres albums mais nous n’avions jamais mis ça sur le dos de l’instrument lui-même. Il y a énormément de possibilités et d’options avec, alors nous avons donc décidé d’avoir une nouvelle approche au lieu d’abandonner carrément les claviers. Notre bon ami Eric Guenther, qui a aussi fait les claviers sur l’album Avalanche Of Worms [NDLR : le projet parallèle des guitaristes Levi/Werstler], était en charge de cela. Cette fois-ci, au lieu de porter notre attention sur une partie en sachant que c’est juste une partie de claviers et qu’elle sonne comme telle, nous nous sommes attachés à créer un mur de son énorme, avec des textures où l’interaction entre la guitare et le synthé est quasi transparente. Je peux t’assurer qu’il y a des parties sur cet album qui semble être de la guitare et qui sont en fait des synthés et vice-versa. Nouveau mec aux claviers, nouvelle approche, nouveau son !

Vous mélangez beaucoup de choses dans votre musique et Dååth est probablement un des groupes les plus intéressants sur la scène Métal depuis quelques années ! Quelles sont vos influences musicales principales et vos racines ? (Death Metal technique, Power/Thrash, Metal extrême moderne, néo-classique) ?
Il y a de supers groupes dans chacun de ces styles. Je déteste le concept de classification, après soit la musique est excellente, bonne, médiocre ou alors c’est de la merde horrible. Je pourrais te faire une liste de nos influences et de groupes que j’adore longue comme cette page mais cela n’expliquerait pas pourquoi notre musique est unique. Plus tu écoutes de musique, plus ton cerveau a d’options pour la comprendre, et quand vient le moment d’exprimer un sentiment musicalement, tu as toutes ces possibilités stockées à explorer. C’est quelque chose d’inconscient qui survient comme un effet secondaire pour un esprit ouvert à la musique.
K.T. : Je ne suis qu’un humble batteur (rires).

DAATH

Les nouvelles chansons de cet album ne sont pas très longues (trois minutes en moyenne). Pourquoi ce temps limité en général sur les morceaux ? Vous pourriez prendre plus de temps pour vous exprimer ?
Pffff !!! Attends d’entendre le prochain album… Quarante-cinq morceaux d’une minute (rires) !!! Cet album ne dure que quarante-cinq minutes alors il nous laisse beaucoup de temps pour essayer de nouvelles choses. Cela me prend seulement quinze secondes pour essayer quelque chose qui va durer quinze secondes. Cela n’a pas d’importance de voir quand démarre et se finit un morceau. En ce qui me concerne, l’album entier fait une seule chanson en fait dans ma tête, et il est découpé par des nombres et des minutages futiles.

Certains disent que vous jouez du Death Metal industriel. Vous êtes d’accord avec ça ?
Nous sommes un groupe d’Acid Death Metal car on prend aussi de l’acide quand on compose (rires). Les enfants, ne prenez pas d’acide ! C’est mauvais. Très mauvais. Acid Metal, Acid Metal, quoi ? ACID METAL !!!!!!!
E.L. : Je ne me rappelle pas avoir écrit et composé la dernière fois dans une usine… (rires)

Kevin : comment as-tu appris la batterie quand tu as commencé ? Par toi-même ou avec des leçons dans une école avec un professeur ? Cela peut être intéressant pour les lecteurs qui veulent apprendre la batterie !
K.T. : J’aurais aimé avoir un professeur car j’aurais tout appris plus vite. Mais oui je suis autodidacte et j’ai appris tout simplement avec mes groupes préférés… Un conseil : tu dois juste beaucoup d’entraîner.

Et qui sont tes batteurs préférés : ceux qui t’ont inspiré et t’inspirent aujourd’hui ?
J’ai tendance à aimer les batteurs qui écrivent des parties de batterie géniales… pas les batteurs qui jouent des trucs très difficiles. Dans mes inspirations figurent Lars Ulrich, Igor Cavalera, Vinnie Paul, Dave Lombardo, Dave Grohl, Paul Bostaph, Dave Culross. Maintenant, j’adore le batteur de Gojira, Mario Duplantier. Il est surprenant personne, ne peut le nier. Il a beaucoup de goût et a beaucoup de puissance dans ses compositions et dans son jeu. La plupart des albums aujourd’hui ont des batteries équipées Pro-tools et quand tu entends un super batteur sur CD, finalement ça craint en live bien souvent. Mais Mario est un vrai !

Sur quelques parties rythmiques et riffs de guitares (« Oxygen Burn » par exemple) on peut entendre des (bons) stigmates qui rappellent Chimaira ou Misery Index... Es-tu de cet avis et penses-tu avoir hérité de cela dans ton jeu à travers tes diverses riches collaborations ?
Chaque groupe pour lequel je joue influence mon jeu d’une certaine manière. Alors avec chaque nouvelle chanson que j’écris, j’essaie de combiner les meilleurs aspects de tous ces groupes. Je dirais qu’après avoir fait du travail studio pour tous ces différents groupes depuis trois ans, mon écriture s’est énormément améliorée. Il y a une différence évidente entre la batterie de cet album et sur l’album précédent The Concealers. C’est parce que j’ai enregistré plus de cent cinquante morceaux en session depuis que j’ai fait cet album et ça fait une différence énorme.

Enfin, comment voyez-vous le futur de Dååth sur la scène Métal et n’avez-vous pas peur de vous y sentir un peu à l’étroit pour le développement de votre créativité musicale ?
Il y a beaucoup trop de groupes qui vont et viennent. Nous n’allons nulle part et nous nous en fichons si les gens ne comprennent pas notre musique car nous ne voulons pas atteindre la masse. Nous continuerons simplement à faire la musique que nous voulons faire. Je pense aussi que c’est bien mieux d’avoir notre genre de fans car ils seront nos fans pour toujours.

Merci les gars. Que souhaitez-vous ajouter à propos de ce nouvel album dans votre discographie, et que voulez-vous dire aux lecteurs français ?
Merci Fred, la France est un pays excellent !!! Je veux vous rendre visite, dormir sur votre canapé, boire de la bière et apprendre le français (rires). Et là nous en parlerons. N’oubliez pas mon site : www.drummerkevintalley.com.


DAATH – Dååth
Century Media / EMI


Site : www.daath1.com

Myspace : www.myspace.com/daath