HATE

A new era...


En matière de Death Metal, on parle toujours des écoles américaines (Tampa) ou suédoises (Stockholm ou Göteborg), mais depuis la chute du rideau de fer en 1989 et grâce aux nouvelles technologies dont Internet, une nouvelle scène est née parallèlement en Europe de l’Est, précisément en Pologne. L’un de ses principaux activistes, parmi les groupes célèbres que sont Behemoth, Vader ou Decapitated, fête aujourd’hui ses 20 ans. Et Hate s’apprête à s’imposer définitivement sur la scène mondiale avec son nouvel et puissant album : Erebos.

Interview également parue dans le Metal Obs' 44 de Nov. 2010

Entretien avec Atf Sinner (chant, guitare) - Par Seigneur Fred & Sophiecat
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Vous achevez tout juste une tournée dans votre pays avec vos amis de Decapitated (de retour avec un nouveau line-up) et Christ Agony. Comment était-ce ? Avez-vous joué de nouveaux morceaux extraits de ce nouvel album Erebos ou alors était-ce la fin de la tournée pour l’album précédent, Morphosis ?
Ce fut une tournée tout simplement monstrueuse avec beaucoup d’intérêt de la part des Métalleux. Et oui, nous avons joué de nouvelles compositions de l’album à venir, mais nous nous sommes surtout attachés aux morceaux de Morphosis et Anaclasis. Avec cette tournée, nous finissions de faire la promotion de Morphosis qui est sorti en 2008. A partir de maintenant, nos shows vont un peu changer. On va utiliser des  décors et un répertoire différents. Le nouvel album est en fait comme une nouvelle ère pour nous, un nouveau chemin.

Beaucoup de gens découvrent Hate aujourd’hui, or en fait le groupe existe depuis 1990 ! Comment présenteriez-vous votre groupe et votre musique aux lecteurs français qui veulent vous découvrir en lisant cette interview ?
Nous jouons du Metal extrême avec un contenu mystique et un large éventail musical. Nous mélangeons différents styles mais le cœur de la musique est du Black / Death Metal avec des influences industrielles.

Venant de Varsovie en Pologne, est-il plus facile aujourd’hui d’être un groupe de Metal que par le passé ? Vous et d’autres formations importantes de la scène Metal polonaise (Behemoth, Vader…) avez beaucoup apporté pour qu’elle se fasse connaître dans le monde entier !
Oui, je suis d’accord. Je crois que notre scène est regardée de plus près par les labels dorénavant grâce aux succès spectaculaires de Behemoth, Vader et d’autres groupes dont le mien. C’était beaucoup plus dur de sortir un album à l’international pour un groupe polonais il y a 15 ans que ça ne l’est aujourd’hui. Beaucoup de choses ont changé. La scène Metal polonaise est assez forte aujourd’hui avec beaucoup de nouveaux groupes qui essaient de se faire connaître dans le monde. Soyez donc prêts !

HATE

Erebos est donc votre septième album studio. Comment le définis-tu par rapport à Anaclasis et Morphosis ? Peut-être plus direct et technique, avec moins d’influences Black Metal et moins d’électronique… ?
Nous sommes très satisfaits de cet album car c’est une suite logique de nos albums précédents, et il définit très bien notre style actuel. Erebos est sans aucun doute l’album le plus radical, le plus sombre et le mieux produit que nous ayons fait jusqu'à présent. Il contient énormément de Metal extrême avec l’ajout de styles musicaux différents. Nous avons exploré des choses qui n’ont pas été associées à Hate auparavant… Tu peux entendre des éléments de Deathcore, de Black Metal encore un peu, de Heavy Metal, d’Indus, d’ambiances, et beaucoup de Death Metal bien entendu aussi… C’est toujours du 100 % Hate mais en plus élaboré, sophistiqué et redéfini d’une certaine manière.

Toujours à propos des sons électroniques et des effets spéciaux : ils sont peut-être moins mis en avant dans les nouveaux morceaux par rapport à Anaclasis. Pourquoi les avoir enlevés ou les avoir utilisés différemment ? Pour plaire aux fans de Death Metal pur et dur ?
Eh bien, il y a beaucoup de samples industriels sur Erebos mais on les entend moins car la plupart sont dans les basses fréquences donc tu ne peux les entendre qu’avec de très bonnes enceintes (rires). Mais ils jouent toujours un rôle important pour la musique car ils apportent un aspect plus brut et sale. Les samples et les éléments d’ambiances relèvent la plupart des refrains et des éléments principaux sur les nouvelles chansons d’Erebos. Cependant, en tant que producteur, j’ai essayé de ne pas saturer l’album avec des parties électroniques inutiles. C’est important de trouver le juste milieu entre les instruments et les samples, et je dois dire que je suis assez satisfait de la manière dont ils sonnent sur ce nouvel album.

J’ai parlé à Inferno il y quelques jours de l’état de santé de Nergal (Behemoth)
 et il m’a dit qu’il avait vraiment le moral, racontait des blagues…
Je lui souhaite de vite se rétablir !

Franchement, je suis impressionné par l’énorme production sonore sur Erebos ! C’est incroyable et excellent ! Où et comment l’avez-vous enregistré : au Hertz Studio en Pologne ? Dis-moi tout sur l’enregistrement en studio, la pré-production, le mixage, le traitement fantastique du son…
Merci pour ton avis ! Erebos est comme une référence dans notre discographie. On a de nouveau travaillé en grande partie au Hertz Studio avec les frères Wieslawski comme ingénieurs du son, et Kris Wawrzak comme coproducteur. J’étais (comme d’habitude) responsable de la production et de l’arrangement global des morceaux.

Quel est le concept derrière le terme d’Erebos ? C’est un mot grec, n’est-ce pas ?
Nous l’avons appelé Erebos qui est un mot grec, en effet, signifiant la tristesse ou une ombre très foncée, ici en gros cela fait référence à la tristesse de l’esprit humain. Ce n’est pas un album concept au sens strict mais il y a des leitmotivs qui apparaissent dans la majorité des compositions. C’est une vision assez apocalyptique sur la façon dont l’être humain vit dans le monde virtuel d’aujourd’hui, tel un esclave de sa colère, de ses faiblesses et de ses complexes… Il est l’esclave de ses rêves et ne vit pas vraiment, il rêve qu’il vit, nuance ! C’est comme cela que beaucoup de gens vivent, en fait : comme s’ils n’étaient pas dans un vrai monde, sans identité. Erebos se réfère donc à une quête d’identité, une illumination en quelque sorte.

Et pourquoi utilisez-vous des mots latins et grecs dans les titres de vos chansons (par exemple : Genesis, Lux Aeterna, Erebos) ? C’étaient les langues officielles de la Bible durant l’Antiquité, donc les langues officielles de la Chrétienté au Moyen-âge et encore maintenant pour certains fondamentalistes… Cela m’étonne de la part d’un groupe de Death Metal sataniste tel que le vôtre (rires) !
Ce n’est pas surprenant. Si tu regardes bien, le latin et le grec sont certes des langues souvent utilisées dans la religion, mais aussi dans les contextes mystiques. Notre message touche au mystique donc certaines idées s’expriment mieux avec ces langues. L’anglais semble souvent banal dans un tel contexte… Si j’avais dit « Lux Aeterna » en anglais pour notre chanson par exemple (« Lumière Eternelle »), cela perdrait son sens sans équivoque. Pour ce qui est du groupe, tout dépend de ce que tu entends par « satanique ». Ce mot est très souvent utilisé à tort et à travers, et donc mal interprété. Nous sommes proches d’une philosophie mystique, occulte ou luciférienne, mais nous ne sommes les fidèles adorateurs de personne. C’est pour cela que nous avons décidé de ne choisir aucun symbole évident comme un pentagramme ou une croix renversée car leur signification s’est banalisée, et on en abuse de bien nombreuses façons je trouve…

En tant qu’artistes, comment sont vos relations avec le gouvernement et les autorités polonaises, l’Eglise catholique étant encore très présente ? Etes-vous parfois encore censurés en Pologne ?
Eh bien, nous ne sommes pas censurés ou persécutés dans notre pays aujourd’hui. Les choses se sont améliorées depuis ces dernières années. Cependant, je me souviens de certains shows qui ont été annulés parce que les autorités locales ne voulaient pas qu’on joue dans leur ville. Il y a encore des organisations orthodoxes ici qui essaient de se battre contre un soi-disant mouvement « sataniste », même s’ils ne comprennent pas vraiment ce que c’est. J’ai vu une liste « noire » de groupes qu’ils voulaient interdire dans notre pays… Et il y avait notamment des groupes comme Sepultura ou Cradle Of Filth ! Cela montre bien à quel point ils sont ignorants…

HATE

Hate a beaucoup tourné ces derniers temps, notamment en 2009 où vous avez joué sur le continent américain (Brésil, Mexique…), et en 2010 aux Etats-Unis avec Hypocrisy et Scar Symmetry. Quels sont vos meilleurs souvenirs là-bas ?
Tourner nous a apporté beaucoup d’expériences. Cela te rend plus conscient de ce que tu fais et pourquoi tu le fais. Nous sommes devenus plus forts en tant que groupe et en tant que personnes : chacun d’entre nous a fait de gros progrès et cela s’entend sur le nouvel album. En tournée, nous ne sommes pas juste des musiciens : nous nous intéressons à la culture, à la politique, aux coutumes… C’est une grande leçon et cela t’ouvre l’esprit. Je pense que pour être un artiste, tu dois être « illuminé » dans un sens, toujours en quête de nouvelles sensations, de nouvelles sources d’inspiration… Et tourner dans des pays comme le Brésil, le Mexique et la Russie m’a donné de nouvelles perspectives sur notre civilisation et la vie en général. Par rapport à la tournée aux USA et au Canada avec Hypocrisy et Scar Symmetry, je pense que c’est la meilleure tournée qu’on ait jamais faite ! On était surpris de voir des foules de gens qui connaissaient nos morceaux au point de pouvoir chanter avec moi. C’était excellent ! Et nous nous sommes bien entendus avec les autres groupes aussi, surtout avec Hypocrisy qui sont de supers gars. J’étais fier de voir Peter Tägtgren jouer en arborant un T-shirt de Hate sur scène. Et les autres gars ont fait pareil du coup… On était bluffé. C’était sympa. On s’est senti tellement honoré !

Une question plus personnelle pour conclure : as-tu des nouvelles de Nergal de Behemoth car nous savons qu’il est malade et nous le soutenons ici à Metal Obs’. C’est un bon ami à toi, je présume, étant polonais ?
Oui, nous sommes amis avec Nergal et les autres gars de Behemoth depuis des années. Tout ce que je sais sur son état de santé, c’est que sa chimiothérapie a donné de bons résultats. Il est aussi prévu une greffe de moelle osseuse dans les mois à venir. J’ai parlé avec Inferno il y quelques jours et il a dit qu’il avait vraiment le moral, racontait des blagues… Je lui souhaite de vite se rétablir !


HATE - Erebos
Listenable / Pias


Site : www.hate-metal.com

Myspace : www.myspace.com/hatepoland