Pour
commencer, j’aimerais rappeler le sujet de ce nouvel album, à savoir
les péchés capitaux. N’avez-vous pas eu peur de vous attaquer
à un thème si populaire dans le monde du Metal ?
Je t’avouerais que cela n’a pas été un problème
du tout pour nous, d’autant que nous voulions un titre d’album qui
sonne vraiment Metal et que le public sache à quoi s’attendre.
C’était important de souligner cet aspect après notre album
acoustique, pour que chacun comprenne qu’il ne s’agissait pas d’une
réorientation musicale pour Helloween, mais bien d’un projet parallèle
pour notre 25ème anniversaire. De ce fait, il fallait que ce nouvel album
souligne, dès son nom, son style musical : le Metal, et uniquement
le Metal !
Quitte à faire dans le cliché ?
C’était un risque à prendre, c’est sûr. Et des
stéréotypes, il y en a : que ce soit le choix du chiffre
« 7 », qui est le chiffre d’Helloween, que ce soit
la thématique du péché donc, ou que ce soit les deux titres
parlant directement de ce sujet, à savoir « Where The Sinners
Go ? » et « The Sage, The Fool, The Sinner ».
Même le nom de la chanson « Are You Metal ? »
sonne comme un cliché. Mais, au-delà de ces stéréotypes,
il y a surtout des chansons et des textes qui fonctionnent parfaitement.
J’ai également appris que le choix
de la jaquette s’est fait de manière plutôt surprenante…
En effet, le choix était peu commun (rires) ! Pour tout te dire,
à l’époque où on écoutait la démo de
l’album, nous avions les titres sur un lecteur mp3 et, comme il n’y
avait pas encore d’image, le lecteur affichait par défaut une image
en noir et blanc. Du coup, nous avons choisi une image au hasard sur Internet,
juste quelque chose qui nous plaisait… Et voilà notre jaquette.
Elle n’a pas changé depuis ce jour (rires). Cette étoile
à sept branches représente la force, et en cherchant plus d’informations
sur Internet, je suis tombé sur l’histoire des sept pécheurs,
envoyés sur terre par le diable, afin de répandre le mal. J’aime
beaucoup cette histoire qui parle à tout le monde, quel que soit ton
pays, quelle que soit ta religion. Et en plus de cela, l’image est très
parlante. Si j’étais fan d’Helloween, j’aimerais porter
un T-shirt avec ce logo (rires) !
Musicalement, est-il difficile de satisfaire
ses fans, quand on sait qu’ils ont désormais de 15 à 55
ans ?
Ce n’est pas tant sur la difficulté qu’il faut s’arrêter,
mais plus sur l’impact que peut avoir la musique, notre musique, sur plusieurs
générations de personnes. Nous sommes très fiers de voir
pères et fils côte à côte dans le public. C’est
bien la preuve que la musique n’a pas de limite. Mais pour répondre
à ta question, bien sûr, nous essayons tous de satisfaire nos fans
depuis ces 20 dernières années. En tant que parolier, il est parfois
ardu de mêler ce qu’un fan a pu aimer sur Walls Of Jericho, à
ce qu’un autre a pu apprécier dans notre dernier album studio.
Comment associer les influences des années 80 et celles des années
2010 ?
Justement, comment réunir toutes ces
influences en un seul album ?
Je pousserais même le bouchon en disant « en une seule chanson » !
Je ne pourrais pas te dire comment on arrive à faire de toutes nos influences
et de notre passé quelque chose de cohérent, mais en tout cas,
ça marche (rires) ! Le mélange t’offre la possibilité
de proposer aussi bien une chanson très Heavy qu’une ballade ou
une chanson Speed. Et c’est dans cette diversité que chacun trouvera
son compte. Aussi, tu peux satisfaire tes fans, qu’ils soient de la première
ou de la dernière heure.
Il
fallait que ce nouvel album souligne, dès son nom,
son style musical : le Metal, et uniquement le Metal !
En parlant de passé, vous avez enregistré
7 Sinners à l’ancienne, si on peut dire…
L’idée vient de Tony, notre batteur. Il est très fier de
son idée. Pour expliquer simplement le processus, il a décidé
d’enregistrer toutes ses parties sans ordinateur et sans clic. De cette
manière, il a pu ressentir la musique et jouer avec le rythme, pour donner
vie à ce qu’il créait. Cette façon d’enregistrer
nous a forcés à tous se retrouver dans une salle et à jouer
ensemble, jusqu’à ce qu’on ait le rythme et le son recherchés.
Auparavant, nous enregistrions nos pistes de notre côté, chacun
notre tour. C’était un pari risqué car le travail s’est
révélé fastidieux. Et coûteux aussi : nous avons
cassé beaucoup de matériel à force de trop jouer (rires) !
En tout cas, c’était très rafraichissant, et le résultat
donne vraiment l’impression de live, avec son feeling, son énergie
et sa spontanéité. Et c'est définitivement de cette manière
que l'on compte procéder pour les albums à venir. Même si
c'était comme ça que le groupe enregistrait ses albums dans les
années 80 (rires).
Pour quelle raison « Long Live The
King », chanson hommage à Ronnie James Dio, s’est-elle
retrouvée sur 7 Sinners ?
C’est vrai que « Long Live The King » était
initialement écrite pour un de mes projets solo. Mais pour des raisons
internes au groupe - à savoir que mon batteur est parti avec la femme
de mon guitariste (rires) - j'ai décidé de l’inclure dans
ce nouvel album d'Helloween, puisqu'elle y trouvait parfaitement sa place. Il
en est d'ailleurs de même pour « Where The Sinners Go ? »
et « The Smile Of The Sun » qui n'étaient pas prévues
pour cet album non plus. Cela dit, je suis content qu'elles se retrouvent sur
7 Sinners car le style colle parfaitement… Elles ont juste été
travaillées par Dany qui a apporté quelques modifications rythmiques
: je pense surtout à « Long Live The King » qui
se jouait dans un style à la Judas Priest, et dont le rythme a été
accéléré 3 fois à la batterie !
Beaucoup de temps s’est écoulé
entre le décès de Ronnie James Dio et la sortie de cette chanson.
Etait-ce volontaire ?
Tout à fait ! Je ne voulais pas que la chanson apparaisse dans la
semaine qui suivait son décès. Je trouve que ces hommages écrits
avant même qu'il ne décède avaient un côté
très hypocrite. Pour ma part, je ne voulais enregistrer « Long
Live The King » que lorsqu'il serait temps et opportun de l'écouter.
Mon grand regret est que Ronnie n'aura jamais pu entendre cette chanson.
Sa disparition a été une immense
perte pour le monde du Metal. L’avais-tu personnellement connu, de son
vivant ?
Je n'ai malheureusement jamais pu le rencontrer. Même si nous avons partagé
des affiches ensemble, je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler. Et je le
regrette maintenant, d'autant qu'il était l’une de mes plus grandes
idoles. Cela dit, je ne me voyais pas non plus arriver vers lui en disant « Bonjour,
je m'appelle Andy, je chante dans Helloween. Comment vas-tu ? ».
Je me sentais plus comme un enfant face à lui. Mais, rétrospectivement,
je me dis que cela me permet de garder une image idéalisée de
lui, comme un fan le ferait. Et c’est ce que je suis !
Revenons un peu à Helloween. Quels sont
les projets du groupe à la suite de la sortie de 7 Sinners ?
Nous allons partir en tournée, passant par une quarantaine de pays, dont
la France bien sûr, pour deux dates en janvier : l'une à Paris
et l'autre à Lyon. Et nous serons accompagnés de Stratovarius
sur la totalité de la tournée si tout se passe bien.
Une dernière question, puisque nous
avons parlé de péchés : quel serait le tien, si tu
devais choisir ?
Si je devais choisir un des péchés capitaux, sans aucun doute,
ce serait la luxure ! Ce n'est pas pour rien qu’on parle de « sex,
drugs and Rock'n'Roll », même si on se calme beaucoup avec
l'âge (rires).
HELLOWEEN - 7 Sinners
Sony
Site : www.helloween.org
Myspace : www.myspace.com/helloween