ANTIMATTER


So British !


La compilation Alternative Matter est certainement un des objets qui nous a le plus touché en cette fin d’année 2010. En plus d’une compilation classique, cette superbe rétrospective regroupe des inédits à la pelle et elle sera vendue dans une édition très spéciale comprenant 3 CD, 1 DVD et une centaine de photos. L’occasion était trop belle pour contacter Mick Moss et revenir sur ces dix années d’Antimatter, ce qu’il retient, ce qui le motive et sur ses perspectives. Le bonhomme est loquace, heureux, et fait preuve d’une telle passion dès qu’il s’agit de musique qu’il en devient particulièrement attachant. Une élégance qui n’a d’égale que sa propre musique.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 45 de Janv / Fév. 2010

Entretien avec Mick Moss (chant, guitares) - Par Yath
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La première chose que j’ai envie de te demander, c’est ton sentiment par rapport à une telle sortie : une rétrospective de 10 ans, c’est quand même quelque chose !
C’est sûr qu’au début, je n’aurais jamais imaginé ça. Mais ce n’est pas par pessimisme non plus, j’étais juste focalisé sur l’instant présent et sur les objectifs à court terme. Si on m’avait posé la question à l’époque, j’aurais certainement répondu : « Pourquoi pas ? ». C’est vrai que le projet Antimatter a grandi lentement, mais j’ai l’impression que les choses se sont accélérées récemment.

Revenons-en maintenant à l’objet lui-même. Selon quels critères as-tu choisi les chansons ?
C’était horriblement difficile. Pour moi, c’était un enfer, vraiment. J’ai commencé par faire une shortlist de 38 chansons qui a été encore raccourcie à 29. Mais c’était encore trop pour un double album : même si techniquement ça tient, 29 titres ça tue la fluidité de l’ensemble. J’ai dû aussi me prendre la tête sur certains arrangements, voire des passages dans les compos, puisqu’il y a des inédits. J’ai accumulé une quantité incroyable d’enregistrements, et avec mon perfectionnisme, c’était l’enfer !

Mais tu avais un objectif, non, pour qu’un sentiment précis se dégage d’Alternative Matter ?
Oui, la cohérence avant tout. C’était vraiment difficile, ne serait-ce que parce que les pistes sur lesquelles j’ai travaillé ont été enregistrées à des périodes différentes et dans des studios différents. Pour faire un rendu fluide, j’ai bossé comme un dingue et je pense avoir plutôt bien réussi.

ANTIMATTER

J’ai effectivement ressenti cette fluidité, d’où ma question. J’ai l’impression aussi qu’Antimatter est un groupe typiquement british, avec ce sentiment permanent de mélancolie et ces ambiances feutrées : une signature bien précise.
Oui, je pense que cette mélancolie vient du climat. Les américains font les films mieux que tout le monde, mais pour la musique, nous, anglais, restons les meilleurs !

L’album sort en deux éditions : un double CD dans un joli digipack et une édition très spéciale avec 3 CD et 1 DVD. Peux-tu m’en dire plus sur ce CD extra (Forbidden Matter) ?
Bien sûr, l’histoire est simple. Lors de la dernière sélection des titres pour le double CD, j’ai dû éliminer 7 chansons. C’était un déchirement car pour moi, elles sont aussi excellentes que les autres. Et tu imagines bien que quand l’opportunité s’est présentée d’inclure un troisième CD, j’ai sauté sur l’occasion pour y remettre ces titres écartés, d’où le titre « Forbidden Matter » (NDLR : matière interdite).

Et le DVD ? Le documentaire est sympa, et j’ai été bluffé par la vidéo de « Conspire ».  C’est super bien fait !
C’est un mec qui s’appelle Krzystof Baran qui l’a réalisée avec des collègues (Kasper Grubba et Andrzej Szych). Krzystof est un spécialiste de l’animation, et un ami à lui faisait un remix d’un de mes morceaux : c’est comme ça qu’on s’est rencontré. Chaque plan est dessiné à la main, et sachant que pour chaque seconde il y a 7 plans, tu imagines le travail qu’a réalisé Krzystof ! Je trouve le résultat somptueux et il complète parfaitement la musique. Vos lecteurs peuvent aller voir le clip sur YouTube en tapant Antimatter Conspire, je vous garantis que vous ne serez pas déçus !

Les Américains font les films mieux que tout le monde,
mais pour la musique, nous, Anglais, restons les meilleurs !


Dans l’édition spéciale, il y a aussi 100 photos en grand format qui ont dû être assez difficile à compiler également…
Cette édition a suscité l’intérêt de pas mal de gens, c’est assez impressionnant. Ça sera certainement vendu très rapidement.

Tu vas commencer à sortir toi-même tes disques via une structure que tu as créée (Music In Stone). C’est une façon de rester indépendant et d’assurer un minimum de qualité je suppose.
Oui, c’est une idée qui s’est imposée progressivement. J’ai besoin de tout contrôler et il était évident que j’aillais finir par créer un label pour sortir mes propres disques. Vu la conjoncture actuelle du marché et les choix faits par certaines maisons de disques, je préfère largement tout faire moi-même.

Tu produis aussi d’autres artistes…
Ecoute, au moment de produire ma première sortie, « Antimatter - Live At The Club », je pensais vraiment que cette structure serait exclusivement dédiée à Antimatter. Mais je me suis rapidement retrouvé à sortir d’autres artistes, simplement parce qu’ils sont brillants ! J’ai rencontré Lisa Cuthbert et Averse sur des tournées. Ils n’avaient pas encore de deal mais le matériel qu’ils avaient était phénoménal : il était hors de question de ne pas les signer ! Lisa joue une musique sombre basée sur le piano, avec un petit côté celtique. Averse est un groupe de Prog’ qui mélange King Crimson avec Emperor pour pondre des chansons épiques de 20 minutes. Je suis distribué en France par Season Of Mist et Averse va faire du bruit chez vous puisqu’ils chantent un peu en français et qu’ils sont de Lille. Je vais aussi sortir le prochain album de Duncan Patterson (ancien collaborateur d’Antimatter, faut-il le rappeler ?), « Herenica », en 2011. Allez voire un peu tout ça sur www.musicinstone.com.


ANTIMATTER - Alternative Matter
Prophecy Productions


Myspace : http://antimatter.free.fr/uk