ELECTRIC WIZARD


Horror, Sex and Weed...


L’approche vintage est tout sauf une mode passagère chez Electric Wizard : le quartet de Dorset (Justin l’unique rescapé du line-up de 1993, Liz la belle pouliche, Tas le tatoué de la face et Shaun le barbu chauve) est connu depuis longtemps pour pratiquer un Doom extrême dans le sens où il mêle sans concession sexe et horreur à la sauce 70’s. Le nouvel album, Black Masses, est tellement barré qu’il pourrait même rejoindre Dopethrone au panthéon des disques référentiels du genre… Notre confrère d’outre-manche Terrorizer ne s’y est d’ailleurs pas trompé en offrant au groupe sa couverture de Décembre.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 45 de Janv / Fév. 2010

Entretien avec Justin Osborn (chant, guitare) par Jean-Christophe Baugé - Photo : Ester Segarra
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Le précédent album, Witchcult Today (2007) avait été exclusivement enregistré avec du matériel vintage. En a-t-il été de même pour Black Masses ?
Oui, tout à fait : même studio (NDLR : Toe Rag), mêmes techniques. Je ne suis pas un fan de Pro-Tools et du travail sur ordinateur, j’aime prendre les choses en main. Notre son, crade et violent, est tel qu’on ne puisse pas dater l’album… La démarche me semble originale.

Votre producteur, Liam Watson, est d’ailleurs réputé pour travailler à l’ancienne, que ce soit avec The Datsuns, Supergrass ou The White Stripes.
Exact. J’aime le gros son et cette reverb naturelle qu’il a donné à tous ces groupes. De plus, c’est un fan de vieux films d’horreur : il a pu apporter sa touche sur les ambiances glauques. Il est à fond dans son trip, dans la musique et sa collection de vieux matos : il sait comment tout fonctionne et pourrait t’en parler des heures.

C’est un certain Edryd Turner qui joue du mellotron sur « The Nightchild ». Quel est son background ?
Edryd est un jeune metalhead qui travaille pour le studio, en fait. C’est le guitariste / claviériste de la chanteuse Pop française Fabienne Delsol (NDLR : connue pour sa reprise de « Laisse Tomber Les Filles » de Gainsbourg). Tout comme Liam, il est féru de technologie et l’assiste dans ses travaux de réparation. C’est un multi-instrumentiste de talent : on avait écrit les parties de mellotron à l’avance, ne sachant pas s’il était bon… Et il nous a vite scotchés !

Justin, outre la musique, tu es responsable des textes et de l’artwork…
Mes paroles traitent du mal sous toutes ses formes, dans la grande tradition du Metal : les mauvaises femmes, la fin du monde, ce genre de truc… Même si je n’ai pas changé ma façon de composer, l’inspiration me vient plus rapidement qu’auparavant. J’écris la plupart du temps dans des chambres d’hôtel en fumant de l’herbe. Ces endroits sont comme vierges. J’ai en tête tout ce qui m’influence : il suffit de faire sortir les idées. Je travaille jusqu’à très tard dans la nuit, je m’implique beaucoup, et les lyrics peuvent atteindre un certain degré de complexité. Quant aux photos du livret, elles sont extraites de ma collection de magazines de cinéma d’horreur. C’est une revue française que j’ai utilisée cette fois, mais le film en question est sûrement une parodie car je ne l’ai jamais vu (rires).

ELECTRIC WIZARD

Ouf ! J’ai cru un instant que la fille à poil en photo sur l’autel était Elisabeth, ta guitariste !
Ah, ah ! Non !

Est-ce que le morceau « Crypt Of Drugula » est la suite du « Satanic Rites Of Drugula » de Witchcult Today ?
C’est au contraire le commencement, comme l’est le film de 1966 de la Hammer en noir et blanc (NDLR : Dracula, Prince Des ténèbres) par rapport au remake de 1974, en couleur et avec plus de gore et de sexe.

Honnêtement, vous n’avez pas dû fumer que du tabac en enregistrant ce titre…
Tu l’as dit (rires) ! On ne se démarque pas du concept de base… Je n’aime pas jouer la comédie (rires).

Dans le livret du CD, tu rends hommage à Judas Priest, Serge Gainsbourg et Jess Franco, pour n’en citer que quelques uns. Que représentent-ils pour toi ?
Ce sont des personnages uniques, des épicuriens qui savaient apprécier les femmes (NDLR : cherchez l’intrus). J’apprécie les gens qui rayonnent, qui ont la capacité d’inspirer et d’influencer les autres.

J’écris dans des chambres d’hôtel en fumant de l’herbe.

Tu sais que Rob Halford lui-même n’a pas tari d’éloges sur Electric Wizard dans nos pages ?
Sans déconner ? Putain, j’en ai presque la larme à l’œil, mec !

Quels sont tes films érotiques et d’horreur préférés ?
Je citerais volontiers Eugenie (1969) et Vampiros Lesbos (1970) de Jess Franco… ainsi que la plupart des vieux films de genre italiens. J’aime aussi les films américains bien barrés, type La dernière Maison Sur La Gauche de Wes Craven (1972).

D’après toi, la vie était plus cool dans les années 60 et 70 ?
Je ne sais pas (rires)… J’en ai peut-être une vision édulcorée. En tout cas, du point de vue cinéma et musique, c’était l’âge d’or, il n’y a pas photo : il y avait de la fraicheur, de l’originalité, et on pouvait vivre de son art. On est passé désormais à l’ère du tout-numérique et le marché est saturé.

Toi-même, tu es musicien à temps complet ?
Maintenant, oui.

Que penses-tu du nouvel album de Ramasses (NDLR : fondé en 2003 par les ex-Electric Wizard Tim Bagshaw et Mark Greening), Take The Curse ?
J’ai croisé Mark la semaine dernière mais je n’ai pas encore écouté l’album. Je ne suis pas fan de leur musique, à vrai dire (rires).

Tu as jeté une oreille sur les nouvelles sorties de ton label Rise Above : Ghost, Steel Mill… ?
Pour Steel Mill, j’ai le vinyle original de 1972, mais pour le reste, je ne peux pas t’en dire plus : les mecs de Rise Above sont un peu lents à m’envoyer les disques…

Quand venez-vous nous voir en France ?
On a prévu 4 dates en mars prochain dont une à Paris, bien entendu… Puis viendra le Hellfest en juin !

ELECTRIC WIZARD - Black Masses
Rise Above / La Baleine


Myspace : www.myspace.com/electricwizarddorsetdoom