DORNENREICH

Dans les flammes de l'Enfer...


Un vrai coup de cœur ! Ce nouvel album de Dornenreich s’est imposé à votre serviteur, pas franchement fan du groupe autrichien jusque là. Mais voilà, le cœur a parlé et la magie opéré. Mais ce n’est pas tout. En creusant un peu, on comprend pourquoi Dornenreich en est là aujourd’hui. Le groupe a travaillé, essayé et surtout il a suivi une ligne de conduite claire et intouchable. Travail, intégrité, talent, expérience, une petite part de génie et la claque est là, Flammentriebe est assurément un des albums de l’année. Une formidable excuse pour en parler au leader de Dronenreich, Eviga, qui a bien voulu répondre à nos questions et qui s’est montré intarissable lorsqu’il s’est agi d’expliquer SA vision de la musique et de son art.   

Interview exclusive Noiseweb

Entretien avec Eviga (guitares, vocals) - Par Yath
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Je ne vais pas tourner autour du pot Eviga ! Pour moi, Flammentriebe, votre nouvel album, c’est un condensé de tout ce que vous aviez fait jusqu’à présent, et la bonne nouvelle, c’est que je n’avais encore rien entendu de tel ! 
(Rires) Merci pour ton enthousiasme ! Je vois les choses de la même manière que toi. Nous avons essayé d’utiliser toutes les possibilités artistiques liées au Black Metal pour créer une entité unique et personnelle. Au final, cette entité doit forcément transcender les genres et les étiquettes, surtout par l’utilisation d’éléments contrastés. Par exemple, je pense aux combinaisons riffs électriques/guitares acoustiques, cris/chuchotements, silence/excès sonore. Tout cela possède une magie artistique et un sens – presque spirituel – profond.

Oui, vous avez essayé d’utiliser tout ce que vous aviez fait avant, et de le doser sur Flammentriebe.
C’est exact, c’était notre démarche dès le départ. Flammentriebe traverse la véhémence émotionnelle de « Her Von Welken Nächten », l’aura mystique de « Hexenwind » ou « Durch Den Traum » et les arrangements touchants de « In Luft Geritzt ». En plus, le son de cet album est encore plus organique que celui de nos toutes premières réalisations car on a remplacé les claviers par un violon, qui apporte beaucoup de force émotionnelle ainsi qu’une grande fragilité. Quel autre instrument peut illustrer de manière aussi dramatique la nostalgie humaine ?

 Comment avez-vous atteint cet équilibre justement ? Avez-vous travaillé dur ou est-ce que l’assimilation de toutes vos expérimentations est venue naturellement ?
Un peu des deux, forcément. Comme toujours pour Dornenreich, tout part d’une intuition primaire. Tout est lié à mon approche intuitive de la guitare. Ensuite, ça devient évidemment plus conscient et réfléchi. Gilvan et moi-même passons plus de temps que jamais à entrelacer guitare et batterie sur le plan rythmique. Nous faisons de même sur le plan mélodique avec Inve. On a travaillé sur une période de deux ans quand même. Enfin, les arrangements nous viennent progressivement, pendant qu’on répète. En fait, jusqu’à la fin, c’est-à-dire pendant l’enregistrement, on a continué à travailler les arrangements, ce qui fait que le processus entier a été excitant et haletant du début à la fin !

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C’est certainement pour ça qu’il y a deux niveaux d’écoute effectivement : un niveau instinctif et brut, avec un groove et des riffs et un niveau plus fin et sophistiqué, lié aux arrangements et aux structures plus complexes.
Ah, je suis heureux de voir que tu as perçu l’album comme on l’a imaginé. C’est tout à fait notre objectif, ça me fait penser à cette classe particulière du genre Black représentée par Ulver ou Kvist. C’est ce qui fait aussi que c’est le seul style qui me fascine totalement. Le Black Metal a quelque chose de magique, une alliance du physique et du métaphysique. D’un côté, tu as la force archaïque et brutale de la musique et de l’autre, une nostalgie et une atmosphère spirituelle. C’est très important pour ma vision artistique. Quand j’écoute du Black Metal, je ne vois pas des musiciens, mais des scènes d’interaction d’éléments de la nature dans leur expression la plus pure.

J’aimerais parler un peu des paroles qui m’ont semblé assez importantes, puisque Flammentriebe est un concept-album, non ?
Effectivement, il s’agit d’un album conceptuel. Les paroles sont un peu la mise en accusation de notre civilisation. Plus spécifiquement, on accuse « l’Homme De Flammes » (« Flammenmensch », premier titre de l’album) qui a décidé d’imposer ses standards et sa vision, quel que soit le prix à payer pour les autres et pour la nature. Sans vouloir stigmatiser qui que ce soit, car on porte tous « l’Homme De Flammes » en nous, je m’adresse à l’individu, car il est le seul, avec sa conscience et son émotion, capable de faire des changements. Cependant, l’exploitation de notre planète et ses propres créatures par notre civilisation, à cause de nos habitudes de consommation et notre soif de « toujours plus », c’est quelque chose qu’il faut dénoncer. Tu sais que ce sujet me tient tellement à cœur, qu’on a dû interrompre l’enregistrement des vocaux car ma voix était morte à cause des cris ! Quand je te disais qu’on a tout lâché, sans aucune retenue…

On a dû interrompre l’enregistrement des vocaux plusieurs jours
car ma voix était morte à cause des cris !
Quand je te disais qu’on a tout lâché, sans aucune retenue…


L’importance des paroles explique pourquoi tu utilises toujours ta langue natale, l’allemand. Jamais été tenté par l’usage de l’anglais ?
Effectivement, la langue allemande est une partie fondamentale de Dornenreich. Ce groupe est bâti sur une philosophie de vie et sur une authenticité artistique et il est donc naturel pour moi d’utiliser ma langue maternelle. En plus, l’identification, la fusion même de mes croyances avec les paroles, justifient encore plus l’usage de l’allemand ! Je suis sûr que même si tu ne comprends pas un mot de ce que je chante (NDLR : presque vrai !), tu sens que je suis impliqué émotionnellement (NDLR : c’est vrai aussi…). C’est ce qui compte par-dessus tout pour moi. Et puis, si tu veux les paroles en anglais, va voir notre site, www.dornenreich.com !

Encore une fois, la pochette de l’album est somptueuse…
Merci, c’est, comme d’habitude, mon père qui l’a réalisée. Elle représente parfaitement l’idée du disque : l’homme face à l’immense conséquence de son mode de vie exploitant.

Vous allez tourner bientôt ?
Oui, en février, on va promouvoir Flammentriebe en Allemagne, en Autriche et en Suisse, on va tourner avec Agrypine et on va tous les deux jouer un set acoustique et un set Metal chaque soir. Mais tu sais qu’on fête le 15ième anniversaire du groupe cette année, on veut tourner énormément ! On viendra en France en Avril normalement, et on va partager la tête d’affiche avec un groupe français qui est… suspense (Rires) ….[NDLR : il s’agit en fait d’Alcest] ! Donc « A bientôt, j’espère » (NDLR : en Français) !


DORNENREICH – Flammentriebe
Prophecy Productions


Site : www.dornenreich.com



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