EVERGREY


Made in Sweden


Superstar en Suède, Evergrey sera à l’Elysée-Montmartre le 22 avril prochain pour un concert exceptionnel en compagnie de Kamelot et au Sonisphere en juillet. Les départs conjugués d’Heinrik Danhage et Jonas Ekdahl, qui ont décidé de se consacrer entièrement au projet DeathDestruction, apparaissent comme un symbole : la fin d’une époque et l’aube d’une nouvelle. Invité à parler des changements de personnel et surtout du dernier né, Glorious Collision, Tom S. Englund fait preuve d’une courtoisie que l’on pense de prime abord professionnelle et qui, au fil des minutes, s’avère très spontanée.

Interview également parue dans le Metal Obs' 46 de Mars / Avril 2011

Entretien avec Tom S. Englund (chant, guitare) par Philipe Saintes
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Exit Heinrik Danhage (guitare), Jonas Ekdahl (batterie) et Jari Kainulainen (basse). Pourquoi avez-vous changé de line-up à ce point ? Trois cinquièmes du groupe, ce n’est pas rien…
Malheureusement, notre musique devenait une part de moins en moins importante de leur vie, et ce pour des raisons diverses. Nous avons convenu de continuer l’aventure sans eux. Crois-moi, ils ont quitté le groupe sans animosité. Prenons l’exemple d’Heinrik qui reste mon meilleur pote : il voulait tout simplement faire autre chose et nous a quittés de son plein gré. Notre amitié, celle qui nous a réunis il y a quatorze ans, est toujours intacte. On est peut-être même plus proches maintenant qu’autrefois. Ce sont des choix personnels qui ont motivé les trois intéressés. Je suis très fier de ce qu’on a fait dans le passé mais leur départ marque, d’une manière symbolique, la fin d’une période.

C’est donc dans un état d’esprit serein que vous avez commencé à travailler sur Glorious Collision…
Nous sommes dans une spirale très positive. C’est comme un sentiment de bien-être qui s’amplifie. J’ai enfin pu produire l’album que je rêvais de faire depuis 5 ans maintenant. Cela a été facile puisque nous n’étions plus que deux à bord au moment de commencer l’écriture de Glorious Collision. Rikard et moi avons pas mal d’influences communes. Nous nous sommes dits : « Faisons notre propre album ». C’était un fameux défi puisque Heinrik et Johannes étaient très créatifs au sein du groupe. Nous avons essayé de progresser en tant qu’auteurs. Par la force des choses, nous avons mis le meilleur de nous-mêmes.

Cette écriture spontanée est une sorte de thérapie pour vous ?
Absolument. Nos disques sont un instantané de l’état d’esprit dans lequel nous nous trouvons. Glorious Collision aborde des thèmes comme la peur, le désespoir, mais aussi le bonheur et la liberté. En tout cas, la composition repose sur notre complicité. On est arrivé à rassembler les choses que chacun d’entre nous peut ressentir et à les travailler ensemble.

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Une « collision » de styles en quelque sorte…
Je crois qu’aux oreilles des gens, ça va sonner très Evergrey, mais en même temps, je pense qu’ils seront surpris car nous avons intégré davantage de genres différents. Je dois dire que nous sommes satisfaits du résultat. Est-ce notre meilleur album à ce jour ? Sur les quinze premières interviews que je viens de faire, tous les journalistes ont été unanimes pour dire que c’était un foutu bon album. Je vais être honnête avec toi, c’est la première fois que cela se produit.

Quelle est ta chanson préférée sur cet album ?
«To Fit The Mold », mais mes chansons préférées changent tout le temps. Cela dépend de quelle façon on les joue, et si on développe quelque chose d'intéressant ou de nouveau en live.

Peux-tu présenter les nouveaux membres du groupe ?
Notre batteur a participé à son tout premier enregistrement studio. Il s’appelle Hannes Van Dahl, c’est belge ou hollandais ça, non (rires) ? Son professeur n’est autre que mon ami Snowy Shaw, actuellement chanteur de Therion et ancien membre de King Diamond. Hannes n’a que 21 ans mais c’est déjà un fabuleux batteur. A la basse, nous avons Johan Niemann qui a également joué avec Therion et Tiamat. Il sait jouer de plusieurs instruments. Enfin, Marcus Jidell est notre second six-cordistes. Il est le musicien le plus professionnel du groupe. Il a notamment fait partie de Royal Hunt, Jekyll & Hyde et Pain.  Il a aussi travaillé avec une multitude d’artistes Pop. J’ai composé deux titres avec Marcus et la collaboration a été efficace. Tous les trois ont apporté du sang neuf, de l’énergie nouvelle. C’est très excitant.

Ton épouse, Carina, est une fois de plus de la partie…
Absolument. Elle chante sur « And The Distance » et a écrit le chorus de « Out Of Reach ». Cela fera je pense le bonheur de nombreux fans. J’ai reçu de nombreux e-mails me suppliant de l’intégrer officiellement au sein d’Evergrey mais elle a son propre groupe. Cet album est aussi une histoire de famille puisque ma petite fille Salina qui est âgée de 10 ans a posé sa voix sur l’intro de « I’m Drowning Alone », un titre assez mystique.  Elle a dû apprendre le texte en anglais, ce qui n’était pas évident vu son âge, mais elle a fait un superbe travail.

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La version japonaise du CD comprend un extra appelé « Rei-Zan ».
Oui, c’est un instrumental que j’ai composé avec Marcus. La maison de disque nous l’a réclamé en catastrophe pour la version japonaise. Nous l’avons écrit et enregistré en une journée à peine. Malgré ce délai très court, je crois que ce bonus est intéressant. Nos amis japonais auront la primeur mais le titre pourra être téléchargé à partir de notre site web plus tard.

Ce n’est pas vraiment étonnant puisque Marcus et toi jouez sur des guitares Caparison, une marque nippone.
Personnellement, J’utilise ce modèle depuis huit ans. J’en ai quatre exemplaires sur scène. Cette guitare a un très bon manche et un super son. Mes guitares font partie intégrante de mon univers, il m’est difficile de les considérer comme de simples ustensiles. 

Au fait, qu’est ce qu’un bon guitariste ?
Ce qui fait un bon guitariste, c’est avant tout le culot. Un bon guitariste est celui qui joue avec son cœur. Il n’est pas nécessaire de jouer très vite : le sens de la mélodie, le toucher et un bon phrasé sont mille fois plus important et bien plus difficiles à acquérir qu’une simple rapidité d’exécution. Rien ne vaut un guitariste dont le toucher se reconnaît quoiqu’il ait entre les mains.

Un mot sur la pochette de l’album : on dirait une image extraite d'un comics américain. Est-ce une nouvelle allégorie ?
Un type tombe d’un toit et on ne connaît pas la suite : va-t-il s’écraser ou bien n’est-ce là qu’un rêve ? C’est une collision de l’esprit. Nous devons faire avec ces fameuses incertitudes, ces doutes, ces mystères, ces choses inexpliquées de la vie que l'on est bien obligés de supporter. C’est le lot commun des hommes.

Comment définirais-tu le style musical d’Evergrey : Power Metal, Metal progressif ou Heavy Metal ?
Si je devais choisir entre les trois, je répondrais Heavy Metal mais les avis des gens extérieurs sont partagés. Je préfère personnellement l’appellation Metal mélodique. Nous écrivons des mélodies délicates et des morceaux qui deviennent par moment très brutaux. Nous essayons d’explorer un large éventail de sons et de peindre des atmosphères.

Quel est votre programme avant de partir en tournée ?
Au moment où je te parle, nous tournons la vidéo du premier single, «Wrong », qui est déjà disque d’or trois semaines seulement après sa sortie en Suède. Le clip est réalisé par Patric Ullaeus de la société Revolver Film Company, qui a entre autres travaillé pour Dimmu Borgir, Lacuna Coil et Kamelot. On la verra sur toutes les grandes chaînes musicales comme MTV, et j’espère même sur la lune (rires). Et il y a bien sûr le travail de promo. Nous avons aussi commencé à répéter cinq nouveaux morceaux en vue de la tournée européenne programmée au printemps avec Kamelot, Amaranthe et Sons of Seasons. Nous partirons ensuite en headliner aux Etats-Unis. Cela fait six ans que nous n’y sommes plus retournés à cause des problèmes de notre ancien label. Nous sommes désormais mieux distribués et nous allons montrer à l’Oncle Sam qu’Evergrey est toujours « Alive and Kickin’ ».

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Vous avez des projets d’album live ?
La chose est envisageable bien que ce ne soit pas décidé pour l’instant. Je crois qu’il serait intéressant de sortir un album live ou un DVD avec le nouveau line-up. Peut-être lorsque la tournée sera terminée…

Que penses-tu des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter ? 
Evergrey a désormais sa page Facebook car nous avons pris conscience de l'importance de ce support pour la promotion. Personnellement, je ne suis pas sur Facebook. Par ailleurs, notre site internet est mis à jour quotidiennement avec des news, des vidéos et des concours. C’est un bel outil : le feedback est quasi immédiat.

Internet a du bon mais il a aussi un côté pervers avec toutes ces plates-formes de téléchargement illégales. Les titres de Glorious Collision sont peut-être déjà téléchargeables alors que l’album n’est pas encore sorti officiellement.   
Que dire (long soupir) ? Je ne m’en fais plus désormais. C’est la façon dont fonctionne le monde aujourd’hui. C’était bien plus agréable d’être un artiste autrefois. Aujourd’hui, on doit compenser les énormes pertes engendrées par le téléchargement sauvage avec la vente de merchandising et de billets de concerts. Juste un conseil aux jeunes qui téléchargent sans vergogne : même de haute qualité, un mp3 ne vaudra jamais un vrai CD !

En parlant de CD, quel est le dernier que tu as écouté ? 
En ce moment, j’écoute un vieux classique : Somewhere In Time de Maiden. J’avoue que j’aime beaucoup d’autres styles de musique, comme U2 par exemple. Par contre, je ne suis pas trop intéressé par les nouveaux groupes : je reste branché sur la musique qui a bercé mon époque de teenager.

Dernière chose : Evergrey va faire la couverture d’un magazine français, Metal Obs’ en l’occurrence. Cela ne s’était plus produit depuis 10 ans.
Cool ! Merci beaucoup.


EVERGREY - Glorious Collision
SPV / Steamhammer


Site : www.evergrey.net

Myspace : www.myspace.com/officialevergrey


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