STRYPER

La pensée positive


Stryper a longtemps été le martyr de la presse française qui ne s’est pas privée pour traiter ce groupe de Rock chrétien d’objet marketing des autorités ponti-fécales, de Don Patillo sans tripes ni c… Stryper ne mérite pourtant pas ces qualificatifs. Les connaisseurs savent qu’il s’agit d’un véritable groupe de Metal dont la musique oscille entre un Hard violent et mélodique. Si certains crachent du feu ou de l’hémoglobine sur scène, le combo californien préfère balancer des bibles dans la foule. A chacun sa méthode, mes frères ! Il faut également se méfier des préjugés. C’est dans cet esprit que nous avons interviewé Michael Sweet, le chanteur-leader du groupe, afin qu’il s’exprime sur le nouvel album « The Covering », ses influences et sa foi. Le point de vue d’un homme juste et vertueux.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 47 de Mai / Juin 2011

Entretien avec Michael Sweet (Chant, guitare) par Philipe Saintes - Photos : JB-Brookman
Rechercher : dans l'interview
Comment s’est opérée la sélection des morceaux qui figurent sur The Covering ?
Nous avons choisi des groupes des 70’s et des 80’s qui ont marqué notre jeunesse. Il n’y a pas eu de brainstorming, la sélection s’est faite rapidement et naturellement. J’ai choisi des titres comme « Blackout », « The Trooper », « Set Me Free » de Sweet ou le morceau de UFO, « Lights Out ». Tim (Gaines) a souhaité que l’on joue « Carry On My Wayward Son » et Oz (Fox) « Highway Star » de Deep Purple. J’ai personnellement découvert le Rock avec Kiss à l’occasion d’un concert au L.A. Forum en 1977, j’avais 14 ans à l’époque. La présence de « Shout It Out Loud » est donc un clin d’œil à cette époque.

Vous rendez hommage à de nombreuses formations européennes sur cet album.
Au départ, notre musique est extrêmement influencée par ce qui se passait en Europe à la fin des seventies avec des groupes comme Iron Maiden, Judas Priest, Scorpions et Black Sabbath. Nous avons hérité de ces vieux groupes européens, durs et mélodiques. La musique qu’on joue fait partie de nous-mêmes, elle ressort avec toutes les influences, quelles qu’elles soient. C’est un vrai retour aux sources.

Vos versions sont très proches des originales, est-ce par respect ou manque d’audace ?
Ce travail a été fait dans l'amour et le respect des groupes. Il n’a jamais été question de réinventer les morceaux car ce sont des chansons tellement populaires. Nous avons juste apporté une petite touche personnelle sans pour autant dénaturer les originaux. De nombreux groupes ont la fâcheuse manie de reprendre des classiques en changeant leur structure, ce qui gâche à mon avis la magie des standards connus et hors du temps. Nous n’avons pas souhaité faire cela.

En tant que guitaristes, Oz et toi avez du prendre votre pied en jouant ces riffs de guitare célèbres et des solos comme sur « The Trooper »…
On retrouve la griffe Stryper sur cette chanson. J’ai joué la première partie du solo et Oz la seconde. Nous avons ensuite enchaîné en harmonie parfaite un peu comme sur « Soldiers Under Command » et « To Hell With The Devil ». Nous avons également partagé le solo de « Blackout ». Oz et moi sommes vraiment complémentaires même si nos styles sont différents.

STRYPER

Autre coup de cœur : « Over The Mountain » d’Ozzy Ozbourne, période Randy Rhoads. 
Oui, je suis un fan. J’adore les solistes comme Eddie Van Halen et John Sykes mais c’est à travers Randy Rhoads que j’ai découvert beaucoup de choses en tant que guitariste. Il était très doué et avait un feeling hors du commun. Je suis dingue de son jeu. Il est parti beaucoup trop tôt.

Avez-vous inclus « Heaven And Hell » en hommage au regretté Ronnie James Dio ?
Effectivement. Nous avions déjà choisi ce morceau avant le décès de Ronnie mais sa disparition tragique nous a confortés dans l’idée d’interpréter ce morceau aussi bien en studio pour « The Covering » que lors de nos concerts. « Heaven And Hell » est mon titre favori de l’album. La musique comme les textes collent parfaitement à l’esprit de Stryper.  

Rob Halford a salué votre travail sur « Breaking The Law ».
Rob a entendu notre version et nous a effectivement complimentés. Je vais te raconter une anecdote peu connue. Lors d’un concert de 1991 au Canada, nous avons décidé d’inclure «  Breaking The Law » dans la setlist après l’avoir testé durant le soundcheck. Bien que le club dans lequel nous jouions était bondé, j’ai aperçu un type qui ressemblait à Rob. Je me suis dit : « Non, ce n’est pas possible, ça ne peut pas être lui, pas ici ». Vers la fin du set, l’organisateur est monté sur scène et a pris le micro pour annoncer : « Mr. Rob Halford est dans le public ce soir ». Nous l’avons immédiatement invité à nous rejoindre pour interpréter « Breaking The Law ». Quelqu’un a immortalisé l’événement avec sa caméra et on peut aujourd’hui voir cette vidéo sur You Tube.  

Les fans apprécieront le retour à la basse de Timothy Gaines. The Covering est le premier album studio en près de deux décennies sur lequel les quatre membres originaux ont enregistré ensemble.
Le line-up est définitivement reconstitué. C’est comme ça que je le conçois. Stryper est avant tout une équipe. Le secret de notre réussite, c’est notre unité. Nous avons vraiment pris du plaisir à enregistre ensemble cet album de reprises. Tim est un super bassiste et un membre important. Il aime explorer de nouvelles couleurs musicales. Il n’y a pas beaucoup de groupes de notre génération qui peuvent se vanter de continuer leur carrière avec les membres d’origine.  

On trouve un inédit sur The Covering : le titre « God ». Est-un un aperçu du prochain album de Stryper ? 
Nous avons voulu montrer au public que nous avons toujours des idées et que nous sommes restés sérieux au sujet de notre foi. « God » poursuit ce qui a été entrepris avec le précédant matériel. Je pense qu’avec ce genre de chanson, nous sommes en mesure de réaliser un grand album de Stryper. Reborn (2005) et Murder By Pride (2009) ont suivi une voie radicalement différente, sans forcément être opposée. Reborn s’est révélé être un excellent album mais peut-être pas aussi accessible que Murder By Pride qui est plus proche de ce que nous avons réalisé dans le passé. J’aimerais retrouver sur le prochain CD une voix haute, des harmonies à deux guitares et un tempo Heavy comme sur « God ». Nous allons probablement enregistrer de nouveaux titres dans les prochains mois mais l’album ne sortira pas avant l’année prochaine dans le meilleur des cas.

Vos textes possèdent pour la plupart un fort élément d’espoir. Pensez-vous que la musique de Stryper affecte le public ?
Ce que j’en sais, je le tiens des gens eux-mêmes, des lettres et des e-mails qu’on reçoit. Beaucoup de personnes nous disent que la musique de Stryper a influencé leur vie de tous les jours. J’en suis reconnaissant et honoré. Il y a effectivement une pointe d’espérance dans nos chansons, même lorsqu’on parle de choses sombres, troubles ou compliquées. Si l’on va encore plus loin, on peut dire que la musique est vraiment un reflet de soi-même. Nous ne sommes pas des intégristes. Notre but est d’aider et d’encourager les gens à rester positifs malgré les difficultés de la vie. La devise « Sex, drugs and Rock n’ Roll » ne fait pas partie de notre philosophie. On a simplement choisi de creuser à l’intérieur de nous même. Sinon, Stryper a les mêmes intentions que la plupart des groupes, c’est à dire donner le meilleur pour faire passer un bon moment au public. 

STRYPER

Que penses-tu des groupes de Death et de Black Metal qui véhiculent des images morbides et sataniques ?
J’écoute beaucoup d’autres styles de musique, y compris du Black Metal, mais je n’adhère pas au message des groupes qui vénèrent Satan à longueur d’albums. Pour certains, croire au Diable, c’est d’abord refuser de croire en Dieu. C’est stupide. Mais la plupart des gens qui se réclament du satanisme le font par dépit parce qu’ils éprouvent le besoin de trouver une identité. Je ne comprends pas cette façon de penser. Je suis totalement réfractaire aux textes qui prônent la violence, la noirceur la plus profonde, la colère. Le Metal est une musique certes violente, brutale, mais qui peut aussi véhiculer des choses positives.

N’êtes-vous pas nostalgiques des années 80 ? A l’époque, vous jouiez dans les plus grandes salles, vous comptiez des fans clubs dans le monde entier et des conventions étaient organisées en l’honneur de Stryper.
Nous vivons une nouvelle époque. Dans les années 80, on pouvait  facilement vendre 2 millions d’albums alors que maintenant, tu peux t’estimer heureux si tu parviens à en écouler 20 000 copies. Je ne vais pas perdre le sommeil parce que le Metal se porte moins bien. Tout ce qui compte pour moi, ce sont les groupes avec lesquels je joue. Le public, lui, a toujours envie de s’amuser et de voir les groupes sur scène. Plus de 25 ans après les débuts de Stryper, nous parvenons encore à attirer un public nombreux lors de nos concerts aux Etats-Unis. On peut voir des jeunes de 15 / 18 ans avec des T-shirts à l’effigie de Stryper ou lookés en jaune et noir. C’est génial !

Quel est le futur de Stryper ?
Nous venons de boucler la première partie de la tournée aux Etats-Unis. En juin, nous ferons quelques dates avec Cinderella en Europe. Nous avons souhaité inclure 4 ou 5 reprises en rotation tous les deux ou trois shows. « Breaking The Law » ne sera pas au programme car nous l’avons beaucoup joué lors des précédentes tournées. Nous allons également ajouter 4 ou 5 titres plus obscurs de notre répertoire. Ce sera un très bon set.


STRYPER - The Covering
Big 3 Records


Site : www.stryper.com

Myspace : www.myspace.com/stryper