PAIN


Les aliens sont de retour...



Pain, c’est avant tout le projet discret d’un homme bien connu de la scène Metal pour être le leader d’Hypocrisy et le producteur de groupes tels que Dimmu Borgir, Immortal ou Dark Funeral. Autant dire que Peter Tägtgren n’en était pas à son coup d’essai lors de la sortie du premier album éponyme de Pain en 1996. Il fallu cependant trois albums pour que la presse commence à s’intéresser sérieusement à la formation suédoise, et c’est avec Nothing Remains The Same (2002) que le groupe rallia le peuple à son Metal industriel.  15 ans après la formation du groupe,  Peter revient avec un nouvel album,
You Only Live Twice.  Il nous fallait en savoir plus...

Interview également parue dans le Metal Obs' 48 de Juillet / Août 2011

Entretien avec Peter Tägtgren (chant, guitare) par Elisa Wolf
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Le passé

Que penses-tu du nouvel album, par rapport aux précédents ? Penses-tu que quelque chose a changé chez Pain ?
You Only Live Twice reste assez similaire aux deux précédents albums, Cynic Paradise et Psalms Of Extinction, mais est beaucoup plus orienté guitares, car je n’ai pas utilisé de claviers pendant la composition. Je pense que le résultat est plus organique, plus humain, d’autant qu’il y a une vraie batterie, une vraie basse, et non pas des machines qui font tout le travail derrière. Cela reste toutefois un album de Pain.

Justement, qu’est-ce qui lie tous les albums de Pain depuis la création du groupe ?
Sans vouloir être égocentrique : moi (rires). Plus sérieusement, c’est ce que j’ai envie de donner : mon inspiration, le son…


Le présent

Quinze ans plus tard, Pain est toujours là, avec sept albums au compteur dont le dernier You Only Live Twice tout juste sorti dans les bacs. Véritable « one-man band » en studio, Peter Tägtgren donne cette fois dans l’agressivité, avec un album sombre et lourd qui pourtant recèle des touches d’humour inhabituelles.

Comment te sens-tu après l’enregistrement et la sortie de You Only Live Twice ?
Je me sens complètement vide. Tu donnes tellement de toi et d’énergie. L’enregistrement a duré trois mois, mais le processus de création m’a pris un an et demi. Maintenant que j’écoute le résultat final, j’en suis vraiment heureux. Je n’aurais rien changé avec plus de temps et je trouve qu’après des dizaines d’écoute, You Only Live Twice continue à me botter les fesses. C’est donc très positif (rires).

Tu n’aurais rien changé, soit, mais aurais-tu ajouté d’autres titres encore cachés quelque part ?
En réalité, il y a encore trois chansons qui ne sont pas sur l’album : une pour l’exclusivité iTunes, une autre pour un remix, et une dernière réservée pour un chanteur français… Je ne sais toujours pas avec qui je la jouerai. J’ai plusieurs personnes intéressées, mais qui ne disposent pas d’assez de temps. Il se peut donc qu’elle soit repoussée au prochain album. Mais elle verra le jour, c’est sûr.

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Tu parles d’un son plus humain, et pourtant, la jaquette représente un robot à la Iron Maiden…
Oui, c’est vrai que ce n’est pas très logique (rires). J’avais en tête ce visage mais je ne savais pas trop quoi en faire. Une chose est sûre : je ne voulais pas encore me retrouver sur la jaquette. En réalité, je n’ai jamais d’idée pour le visuel des albums. Au dernier moment, on arrive toujours à prendre un cliché de moi pour le coller sur le disque, mais j’en avais vraiment marre de me déguiser en ange ou en vampire (rires). Du coup, nous sommes partis sur cette idée de masque, ou de robot, appelons-le comme on veut. Et l’équipe a fait le reste.

Parlons de « Dirty Women » : on était habitués à des singles parlant de vampires ou d’aliens, mais cette fois, le sujet est bien réel. Sommes-nous vraiment, nous les femmes, des créatures surnaturelles ?
Cette chanson sonne différemment des autres, elle est vraiment taillée pour faire un single. « Dirty Women » n’est pas contre les femmes, mais plutôt contre la débilité des hommes qui pensent plus avec leur queue qu’avec leur cerveau. C’est de ça dont il est question (rires)… De ça et du grand pouvoir qu’exercent les femmes sur nous, hélas !

C’est très surprenant de lire des textes pareils venant de Pain. Encore une fois, le groupe nous a habitués à quelque chose de plus mystique, de moins terre-à-terre.
Oui, mais ce n’est pas évident de toujours chanter dans ce registre, j’ai parfois envie de parler d’autre chose, histoire de ne pas enfermer le groupe dans un carcan. C’est important d’avoir une large palette de couleurs.

N’as-tu pas peur que le public n’adhère pas ?
Je ne sais pas, honnêtement. Après, ça ne concerne pas toutes les chansons de l’album. Pain ne s’est jamais posé en donneur de leçon. Les textes restent simples, tout le monde pourrait les écrire à ma place. Ils n’ont que la prétention d’être vrais, dans le sens où ils me touchent vraiment. C’est ce qui compte le plus.

Concernant l’aspect visuel de Pain, la vidéo de « Dirty Women » est très surprenante.
J’ai eu cette idée délirante que le clip ne serait qu’une seule prise du groupe jouant le single, avec le batteur en arrière-plan qui détruirait sa batterie. Mais avec les contraintes pyrotechniques, nous n’avons pas pu faire un seul shooting et avons dû couper et ajouter d’autres images. Du coup, nous sommes partis dans l’idée très cliché d’une fête avec plein de femmes sur fond de Rock N’ Roll (rires).

Puisque nous nous retrouvons à la fin avec un « to be continued », quelle sera la suite du clip ?
Il s’agira de « The Great Pretender », mais je ne peux pas en dire plus. Ce sera très amusant. Pain a toujours été un groupe relativement sérieux dans ses propos, ses compositions ou ses vidéos, et je voulais donner un côté frais à certains passages de cet album. Je suis quelqu’un qui ne peut pas s’enfermer trop longtemps dans les mêmes schémas, je ne peux pas répéter les mêmes choses indéfiniment. C’est ce qui fait la différence entre chaque album, je pense.


Le futur

Rendez-vous dans quinze ans ? Peter Tägtgren l’a fait comprendre depuis quelques années, son groupe principal est désormais Pain. Le désir de le faire grandir et gronder est bel et bien là. Reste à savoir si le groupe saura garder cette fraicheur et ce dynamisme pour que les fans ne décrochent pas, le Metal n’étant pas épargné par les effets de mode.

Est-il difficile pour Pain de survivre avec l’arrivée de tous ces jeunes groupes pleins d’imagination ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de groupes créés chaque année, c’est fou. Mais je n’y pense pas trop, je préfère rester concentré sur mon travail. Si je commence à m’intéresser à ce qui marche ou fait vendre, je vais me perdre en tant que compositeur de Pain. A côté de ça, j’écoute la radio comme tout le monde, mais je n’ai pas besoin d’écouter les groupes de Metal… Ça ne m’avancerait à rien.

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Comment être sûr, dans ce cas, que les fans ne seront pas dans l’attente de quelque chose de différent ?
Tu ne peux jamais être sûr de rien, c’est impossible. Je suis juste ce que me dicte mon cœur, ce que je pense être bon. C’est toujours dur pour un artiste d’écrire de la musique et d’imaginer si ça plaira. Je fais ça depuis tellement longtemps que je ne me pose plus ce genre de question. Pain perdra toujours autant de fans qu’il en gagnera, tu ne peux jamais satisfaire tout le monde.

Tu ne dis pas, comme tout le monde : « C’est notre meilleur album, on n’a jamais fait mieux » ?
Honnêtement, c’est notre meilleur album au jour d’aujourd’hui (rires). J’en suis satisfait et très fier. Mais demain, ce sera peut-être différent.

Combien de temps penses-tu pouvoir tenir le rythme entre Hypocrisy et Pain ? Cinq ans ? Dix ans ?
On verra bien (rires) ! On me demande souvent comment j’arrive à trouver le temps de tout faire. Il faut bien comprendre qu’Hypocrisy est un groupe déjà bien établi qui ne me demande pas autant de temps que Pain. Nous jouons souvent, les compositions avancent facilement et le son revient vite. Mais je sais que sa popularité a atteint son maximum. C’est un groupe confirmé sur lequel il faut travailler sérieusement sans non plus tenter d’exploser avec. Avec Pain, tout le travail reste encore à faire. Nous voulons faire de notre mieux et pour ça, nous trouvons et prenons notre temps.

Donc Pain doit encore prouver sa légitimité dans le monde du Metal ?
Disons qu’il doit encore convaincre et répandre son venin (rires). Bien sûr qu’un groupe est heureux de pouvoir présenter ses nouveaux titres en live aux fans, mais il veut aussi se faire entendre auprès de ceux qui ne le connaissent pas. Pain n’est encore qu’un petit groupe, il lui faut réunir une plus grande armée !

Avez-vous pu partir à la rencontre du public américain ?
Non, toujours pas. Nous pensons que ce sera possible l’année prochaine. Mais pour le moment, la tournée qui se prépare s’allonge de jours en jours (rires). D’autant que nous allons faire des concerts de deux heures, minimum. Autant dire que nous n’aurons plus la force de partir à la conquête de l’Ouest.

Pour conclure, et puisque nous ne vivons que deux fois, quels changements penses-tu apporter à ta prochaine vie ?
Toi aussi tu as remarqué que ce titre prenait sérieusement la tête quand on y réfléchissait (rires) ? Je ne changerais certainement rien. Oh, à part divorcer deux fois, ou me marier deux fois, plutôt (rires). Mais je continuerais exactement à l’identique, avec les mêmes bêtises et les mêmes joies. C’est comme ça qu’on apprend, non ?


PAIN - You Only Live Twice
Nuclear Blast / PIAS



Site : www.pain-france.fr

Myspace : www.myspace.com/pain