SEPTIC FLESH


L‘apothéose...


A l’instar de leurs compatriotes Rotting Christ et Nightfall, les Grecs de Septicflesh demeurent indétrônables et toujours aussi inspirés après 20 ans d’existence. Ce pilier de la scène hellénique, qui a tout de même connu quelques déboires au milieu des années 2000 avant un retour en grande pompe avec Communion (2008), semble désormais à l’apogée de son art sombre et extrême. Nous avons rencontré backstage au Printemps de Bourges l’un des frères Antoniou, deux heures à peine avant l’entrée en scène du groupe venu défendre son nouveau chef d’œuvre : The Great Mass.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 48 de Juillet / Août 2011

Entretien avec Christos Antoniou (guitare, orchestrations) par Seigneur Fred
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Comment te sens-tu actuellement, Chris : soulagé mais ravi ? Fatigué après tout le travail fourni ces derniers mois ?
Nous sommes très heureux que l’album soit désormais disponible, bien que nous soyons quelque peu fatigués. Actuellement, nous sommes très pris par la promotion de ce nouvel album et enchaînons avec une tournée qui démarre véritablement en mai en France. Nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de souffler depuis l’enregistrement, le mixage, le mastering et l’élaboration de l’artwork. Nous venons de délivrer notre œuvre la plus aboutie en termes de travail et de sonorités à ce jour. C’est un nouveau cadeau pour nos fans, un nouveau souffle pour Septicflesh, et d’une manière plus générale une contribution importante à la musique Metal symphonique.

Ce soir, c’est votre premier show pour promouvoir The Great Mass à la veille d’une tournée marathon en France puis aux USA. Qu’allez-vous jouer ici à Bourges, devant un public composé de fans mais aussi de néophytes ?
Nous allons jouer 4 nouvelles chansons du nouvel album : « A Great Mass Of Death », « Five-Pointed Star », « The Vampire From Nazareth » et « Pyramid God ». On va peut-être aussi jouer « Oceans Of Grey ». Le reste sera principalement extrait de Communion (NDLR : un incident technique écourtera le set).

Sans rentrer dans le détail, peux-tu revenir sur les principales raisons de votre break en 2003 ?
Il y a de nombreuses raisons… Nous avons dû prendre à l’époque une décision difficile. Il fallait très sérieusement reprendre notre destin en main.

Tu continuais alors parallèlement tes études de musique en Angleterre…
Oui, je travaillais et terminais mes études de compositeur en Angleterre. Mon frère, Spiros alias Seth, était alors très occupé par son travail de graphiste et ses œuvres en cours (NDLR : Seth a réalisé de nombreuses pochettes d’albums de Metal). Sotiris Vayenas (guitare, chant clair) ne jouait déjà plus en live avec nous depuis quelques années (il sera présent exceptionnellement le lendemain au concert de Chaulnes). On s’est dit qu’on ne pouvait pas sortir un nouvel album ainsi, il nous fallait prendre du temps, du recul, pour créer quelque chose dont nous serions artistiquement fiers, avec un réel sens. Nous n’avons également pas eu de chance avec le label hollandais Hammerheart qui a connu de graves problèmes financiers juste après la sortie de notre album Sumerian Daemons en 2003.

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En revenant sur scène en 2006, vous vouliez faire les choses correctement, si je comprends bien ?
Exactement, on a pris notre temps et on a ensuite signé avec Season Of Mist.

Il y a toujours eu une relation spéciale entre vous et la France, comme pour d’autres groupes grecs d’ailleurs, que ce soit au niveau du public ou du label, et là je pense à celui qui vous a lancé en 1994 : Holy Records…
C’est vrai, et aujourd’hui plus que jamais ! Season Of Mist est un bien plus gros label. Nous les connaissions bien et ils nous ont fait une belle offre. Pour notre album Communion, on était plus réalistes qu’optimistes. On ne s’attendait pas à ce que ça se passe aussi bien. La France est le pays où nous avons le plus de fans à vrai dire, même plus que chez nous en Grèce ! Holy Records nous a permis à l’époque de nous développer ici et à l’étranger. A présent, c’est à une autre échelle avec Season Of Mist. Avec The Great Mass, je pense qu’on a encore atteint un niveau supérieur : il écrase le précédent album Communion.

Avec The Great Mass, je pense qu’on a encore atteint un niveau supérieur :
il écrase le précédent album Communion.

Contrairement à The Great Mass, Communion était très compact et direct avec des orchestrations largement inspirées du classique et de certaines musiques de films (Dracula, Les Dents De La Mer…).
Oui, je vois (rires). On adore tous au sein de Septicflesh les B.O. de films mais pas tant que ça l’œuvre de John Williams. Bien sûr, je travaille dans cet environnement et ai étudié la musique classique à Londres alors forcément, les orchestrations c’est mon truc. Mais on est davantage fans de Danny Elfman (NDLR : connu pour son travail avec Tim Burton), Elliot Goldenthal ou encore Jerry Goldsmith (La Planète Des Singes).

Comment présenterais-tu alors ce nouvel et formidable album ?
Pour nous, il représente une évolution. C’est un nouveau pas, encore plus loin, toujours plus haut. On ne veut pas se répéter car on finirait par se copier soi-même et virer commercial. Je veux créer quelque chose d’unique, tout le challenge est là. Bien sûr, on retrouve les éléments typiques de Septicflesh comme tu le mentionnais précédemment pour Communion, mais à un niveau supérieur, notamment au niveau des orchestrations dont je suis très fier.

Ce sont des samples ou un vrai orchestre sur le disque ?
Non, on a enregistré avec l’Orchestre Philharmonique de Prague, comme Dimmu Borgir l’a déjà fait. On a eu recours à environ 150 personnes : des chœurs, des sections de cuivres et de cordes, des percussions, etc. L’intégration de l’orchestre s’est faite naturellement. C’est un tout, ce ne sont pas de simples claviers rajoutés comme ça, à droite à gauche. On ne peut pas recréer l’apport d’un orchestre ainsi. Bien entendu, sur scène, ce sont des samples qui restituent les vrais enregistrements de nos orchestrations, pour des raisons évidentes de logistique et de budget. On n’est pas Metallica (rires) ! Néanmoins, tout est fidèlement restitué.

Est-ce qu’on peut comparer votre approche de la musique classique à celle de Therion sur certains de ses disques, notamment leur album live The Miskolc Experience enregistré en Hongrie ?
Je ne veux pas dire de mal de Therion car j’ai trop de respect pour Christofer Johnsson et son œuvre. Je pense que c’est différent. L’orchestre y est plus conventionnel, il est intégré de manière plus classique dans la musique. Nous sommes plus avant-gardistes, d’une certaine manière.

Rêves-tu un jour d’interpréter le répertoire de Septicflesh sur scène au côté d’un orchestre ?
Absolument. Nous avons justement une offre d’Athènes, c’est en projet. Ce sera lors d’un évènement spécial. Mais cela demande beaucoup de travail et de temps. Cela ferait l’objet d’un DVD live mais il est encore trop tôt pour en parler.

SEPTIC FLESH

Quels sont les thèmes évoqués sur The Great Mass ? Depuis vos débuts, la religion et la mythologie sont omniprésentes dans vos textes et cela passe évidemment par les noms des albums ou chansons…
Je vais te répondre de manière générale car c’est Sotiris qui est l’auteur de nos paroles depuis le début. Nous n’avons pas de religion particulière. Le nom de l’album revêt plusieurs sens. C’est à la fois une forme de musique (« messe »), mais aussi un lien vers certaines œuvres modernes de Stravinsky (NDLR : sa messe Canticum Sacrum en 1956). Et enfin, c’est aussi tout le système qui nous entoure : la culture de masse, les médias, etc. Mais il n’y a aucun message religieux de notre part. La religion est fondée sur la crainte et le mensonge, or combien de gens meurent encore aujourd’hui pour elle ? C’est fou ! Nous croyons en l’Homme avant tout.

Vous avez changé de producteur ou de studio, notamment pour le mixage…
Oui, nous avons enregistré chez nous à Athènes, et à Prague pour les orchestrations. Ce ne fut pas facile. Puis nous avons confié le tout à Peter Tägtgren qui a mixé l’album aux Abyss Studios en Suède.

La situation économique et sociale n’est pas facile actuellement chez vous en Grèce. Vous arrivez à vous en sortir avec votre musique ?
C’est un moment tragique et difficile, c’est vrai. On a beaucoup de gens dans notre entourage qui sont touchés. Nous, on arrive à vivre de notre musique mais pas à acheter des choses (rires) ! En fait, en tant qu’artistes souvent en déplacement à l’étranger, on est un peu à côté de tout ça mais on reste conscient de la situation.

Enfin, Chris, peux-tu lever le voile sur le prochain Chaostar, ton side-project ?
Pour le moment, je suis très occupé avec Septicflesh. J’ai commencé à composer un nouvel album qui sortira en début d’année prochaine chez Season Of Mist. J’ai monté le groupe avec les meilleurs partenaires possibles et on tournera bientôt avec Chaostar. On a d’ailleurs fait deux shows récemment avec Rotting Christ.
 

SEPTICFLESH - The Great Mass
Season Of Mist



Myspace : www.myspace.com/septicfleshband