EDGUY

Le retour du Joker...


Tobias Sammet, le frontman d’Edguy, est définitivement un OVNI. D’une sympathie n’égalant que son talent, celui-ci prend tout son temps pour nous parler du nouvel album Age Of The Joker et de sa perception de la musique. 

Interview également parue dans le Metal Obs' 49 de Sept. / Oct. 2011

Entretien avec Tobias Sammet (chant) par Corentin Charbonnier
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Age Of The Joker va sortir dans quelques jours. Comment s’est passé l’enregistrement et la production ?
Ça fait déjà 3 ans qu’on travaille dessus, depuis le dernier album en fait. Nous avons eu une longue tournée avec Edguy, puis je suis parti travailler sur les albums d’Avantasia et le DVD. On a également fait un DVD d’Edguy… Je n’ai pas arrêté. Au milieu de l’année dernière, je me suis rendu compte que j’avais de plus en plus d’idées pour un nouveau CD avec le groupe. J’ai commencé à noter toutes ces idées, ces riffs, ces mélodies. Puis la tournée avec Scorpions a autant été source de fatigue que d’inspiration : on a fait des stades, joué avec Iron Maiden, participé au Wacken… Vu qu’il y avait déjà un projet en cours avec Avantasia, j’ai continué à écrire, composer, mais nous n’avons pas eu le temps de nous préparer à l’enregistrement. On s’est donc réservé du temps cette année pour l’album. Je ne pensais pas que ça allait se faire si vite mais en avril, tout était prêt, on est donc rentrés en studio. On a été surpris du résultat par rapport à nos premières attentes. L’album est très bon, mais on veut toujours faire mieux que le précédent. Ce que je crains, avec le temps, c’est de ne plus avoir d’idée. Alors pour celui-là, je me suis placé dans cette optique : comment faire encore mieux ? Age of the Joker est solide, facilement identifiable, plein de couleurs. C’est du Edguy pur et dur. On est influencés par de nombreux styles de musique et ça se ressent. Je ne dirais pas qu’on fait du Hard Rock, du Rock, ou du Heavy Metal car je ne vois pas toujours la différence. Edguy reste Edguy, avec des guitares Heavy et des mélodies imparables.

Certaines chansons portent des noms connus : « Robin’s Hood » (Robin des bois), « Pandora’s Box » (boîte de Pandore). Pourquoi ces choix ?
« Robin’s Hood » a été choisi car beaucoup de groupes Metal choisissent des titres liés à des figures historiques connues. C’est devenu un cliché. Alors on en a choisi un bien ridicule. Les paroles sont légèrement sarcastiques, dans l’esprit de Spinal Tap. Pour « Pandora’s Box », c’est différent. J’apprécie beaucoup l’expression « boîte de Pandore », c’est un fondement de notre société. C’est vraiment curieux de voir tant d’espèces survivre et d’autres non. L’idée de toutes les mettre sur un même bateau n’a pas de sens : tu crois franchement qu’en sauvant les lions et en les mettant à côté des agneaux, tout va bien aller ? A la fin de la journée, les uns auront mangé les autres. « Pandora’s Box » est juste une chanson bâtie autour de ces incohérences.

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L’album développe beaucoup d’harmonies à base de claviers…
La musique est pour moi plus importante que les paroles. C’est pour ça que j’aime Iron Maiden et pas Metallica. Maiden s’est toujours focalisé sur la mélodie, ce qui ne semble pas être la priorité pour Metallica. Le premier instrument dont j’ai joué et que je maîtrise vraiment - même si je me débrouille à la basse - est le clavier, et plus particulièrement le piano, sa déclinaison classique. C’est un super instrument d’orchestration. Je suis un grand fan de Queen, Meat Loaf… Ce type de groupes aux mélodies d’exception. Je ne veux pas non plus changer pour sonner comme Blind Guardian ou Rhapsody : nous serions considérés comme un groupe de Heavy sans pouvoir faire machine arrière… De toute façon, ils sont meilleurs que nous dans ce style, leurs orchestrations sont  magnifiques. J’adore ces groupes mais je veux qu’Edguy garde son identité.

La tournée débute dans quelques semaines. Avez-vous des attentes particulières ?
Que les fans soient là (rires) ! C’est le principal. Ça fait deux ans qu’on n’a pas tourné avec Edguy, alors nous avons hâte de les revoir. On veut sortir, revoir nos amis, reprendre le tour bus avec nos gars du crew, nos esclaves permanents (rires). On jouera certainement 4 ou 5 nouveaux titres puis on enchaînera avec nos classiques. Ce sera une sorte de set best-of avec un brin de neuf. On veut un show énorme avec une grande scène, comme toujours. On a adoré la dernière tournée : super entente dans le tour bus, dans les salles, sur scène et avec les fans. C’est tout ce qu’on peut espérer, et je suis optimiste.

Vous avez une belle discographie et le même line-up depuis 1998. Est-ce la clé de votre succès ?
Je pense que ce qui est important, c’est que les fans sachent qui nous sommes vraiment. Ce n’est pas que du business, Edguy est né d’une idée très innocente : celle de jouer ensemble. C’est normal qu’on veuille vivre de notre musique, mais on est avant tout 5 fans et amis. Ce n’est pas vraiment un secret et tout le monde peut comprendre ça. Le groupe fonctionne car nous nous connaissons très bien.

Tu as enregistré 2 CD avec Avantasia il y a deux ans, puis le DVD l’an passé. Cette année tu sors un CD avec Edguy… Tu ne peux pas rester en place ?
Il ne faut pas comparer ce que je fais à un travail qui m’obligerait à me lever le matin pour aller au bureau. Je me lève tous les matins pour travailler, mais comme musicien : c’est ma passion. Ecrire un album ou une chanson, ce n’est juste pas du travail pour moi. Je le ferais même si je ne touchais pas un rond. J’ai la chance que ce soit mon hobby en plus de mon travail. Je suis très relax du fait que j’en vis. Quand je suis stressé, je m’enferme dans mon studio et je compose. J’y mets toute mon énergie et j’espère que ça se sent. Je ne pourrais pas faire autre chose. J’ai beau adorer le foot, par exemple, je serais trop vieux pour commencer maintenant (rires).

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Mais tu es encore jeune !
Oui, j’ai encore de beaux jours devant moi en tant que musicien mais pas en tant que footballeur (rires).

Edguy fêtera ses 20 ans l’an prochain. Tu as prévu quelque chose de spécial ?
Non, même si on y a pensé. On parle encore de nous comme de « jeunes mecs », mais on ne veut pas réveiller les lions, comme on dit chez nous. On ne veut pas que les gens réalisent qu’on est un vieux groupe. Je me rappelle quand Kiss a fêté ses 20 ans. Je m’étais dit : « Ouah, c’est plus tout jeune. Ce sont des dinosaures du Rock ». Je ne veux pas passer pour un papy, je n’ai que 33 ans. Je ne suis pas encore dans l’état de Mick Jagger ou Keith Richards.

Et tu te vois où, dans 10 ou 15 ans ?
Je ne sais même pas où j’en serai l’année prochaine. Je ne trace pas de plan pour le futur. J’espère juste que je serai en bonne santé, c’est tout. On vient de finir l’album, alors pour l’instant on est parti pour une longue tournée. Je vais continuer à composer car c’est ma passion. Je veux juste prendre un peu de temps pour faire du skate, du bateau, aller à la montagne et faire de l’escalade. Il y aura sûrement un nouveau Edguy dans 1 ou 2 ans mais il est trop tôt pour en parler.


EDGUY - Age Of The Joker
Nuclear Blast / PIAS



Site : www.edguy.net

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