EVILE

Stronger than death...



« On ressent un mélange de fierté et d’angoisse, comme d’habitude, mais cette fois la fierté l’emporte largement. On n’appréhende pas la réaction du public à notre nouvel album : on a juste hâte qu’il puisse l’écouter ». Après ce qui est arrivé au groupe, les gars peuvent être fiers de leur nouveau bébé. L’Histoire nous a montré qu’un groupe peut survivre au décès brutal d’un de ses membres (Metallica, Decapitated plus récemment) mais ça ne rend pas les choses plus faciles pour autant.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 49 de Sept. / Oct. 2011

Entretien avec Ol’ Drake (guitare) par Yath
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Le bassiste Mike Alexander est décédé brutalement lors de la tournée Infected Nations en 2009. Deux ans plus tard, le groupe, qui a recruté un remplaçant, s’apprête à sortir le plutôt bon Five Serpent’s Teeth. « C’était extrêmement dur au départ, mais Joel (NDLR : Graham, nouveau bassiste) s’est révélé être une personne formidable, un bon musicien et un ami. Il nous a bien facilité les choses et on a réussi à enregistrer exactement l’album qu’on voulait ». En général, pour le mec qui débarque, c’est quand même compliqué comme situation : « Oui, certainement. Mais l’Histoire nous a montré que dans ces cas-là, il faut bien traiter les nouveaux membres et ne pas décharger sa colère sur eux. C’est ce qu’on a fait pour lui faciliter la tâche et ça a marché. Du coup, il nous a aidés à traverser ce coup dur. Il est un peu comme nous, il vient de la même région et il a le même genre d’humour, ce qui a permis d’avoir un bon contact dès le départ ».  

Cette histoire tragique a certainement influencé le groupe, notamment dans son approche de la musique : on réévalue ses priorités, on évite de perdre du temps… Evile a tout remis à plat et a décidé de produire exactement l’album qu’il avait envie de jouer et défendre sur scène. Five Serpent’s Teeth est un mélange des deux premiers disques du groupe, et c’était entièrement voulu : « Carrément. On s’est rendu compte qu’on avait des fans du premier album, qui est très rentre-dedans, et des fans du second, plus technique. Or nous, on adore les deux : on a donc essayé de faire un mélange équilibré des deux approches ». Le groupe a simplement mûri et a compris que le public qui venait aux concerts attendait de pouvoir « headbanguer, chanter à tue-tête et faire de l’air-guitar, pas forcément entendre une démonstration technique ». Vous avez remarqué, aussi, qu’on parle du groupe comme d’un vieux briscard de la scène alors qu’il n’en est qu’à son troisième album ?  C’est exactement ce qui nous fait dire qu’Evile peut aller loin. Après ce qu’il a surmonté, notre conviction n’en est que plus forte. Ol’ Drake fait d’ailleurs preuve d’une maturité assez étonnante, il est lucide et prend son groupe très au sérieux : « Les deux albums étaient nécessaires. On a appris énormément d’Infected Nations, même s’il n’a pas plu à tout le monde. Et celui-là aussi est nécessaire, je pense qu’il est vraiment différent des autres : il possède la folie d’Enter The Grave et la technique démentielle d’Infected Nations ». C’est absolument vrai et le groupe le démontre dès le très bon titre d’ouverture, l’éponyme « Five Serpent’s Teeth » qui casse le cou et les neurones en même temps.

 EVILE

Ce qui est sympa aussi avec Evile, ce sont les paroles. Toujours cette obsession, ce trip de l’homme contre la machine. Ça vient d’où, ça, Ol’ Drake ?  « Je ne sais pas trop. Les paroles, c’est le domaine de Matt (NDLR : Drake, chant, guitare). L’homme contre les machines, c’est assez marrant, tu sais. Les gens ont d’abord pensé qu’on parlait de Terminator (rires), mais c’est quand même un peu plus profond que ça. Matt aime parler de choses concrètes de la vie, de certaines pratiques de notre société. Peut-être que sur le prochain album, il fera une chanson parlant de la qualité des disques blu-ray regardés sur une bonne télé HD (rires) ». En tout cas, s’il n’a pas l’air très calé sur le contenu des paroles, Ol’ Drake est particulièrement fier de la superbe pochette de l’album réalisée par Gustavo Sazes, qui a également travaillé pour Morbid Angel.

Et maintenant, le groupe va refaire ce qu’il aime le plus : tourner. On dirait qu’Evile ne vit que pour ça, et d’après les chanceux qui ont vu le groupe sur scène, c’est là qu’il s’exprime le mieux : « Oui, je dirais que c’est sur scène que je me sens le mieux. Le sentiment qui m’habite quand je joue ma musique à des fans qui me renvoient toute cette énergie… C’est indescriptible. Autant j’adore être en studio, composer, bidouiller, autant sur scène, c’est une autre histoire ». Tenez-vous donc prêts : l’album sort fin septembre et Ol’ Drake nous a promis que le groupe allait jouer en France. Il garde d’ailleurs un excellent souvenir de sa date de 2008 en première partie de Megadeth.

Evile possède ce facteur X qui va certainement le faire durer : il a une envie terrible d’en découdre. Ça se voit sur scène et ça se sent quand on discute avec ses membres. Ceux-ci analysent leur production et essayent constamment de s’améliorer. Alors c’est vrai, Five Serpent’s Teeth n’est pas encore le chef-d’œuvre d’Evile, la faute à quelque titres dispensables, mais le groupe est sur la bonne voie et la prochaine livraison sera sûrement la bonne.

De fan à fans maintenant, sachez que le nouveau disque va probablement sortir sous différentes versions, avec de nombreux « goodies ». Le premier album, Enter The Grave, était sorti avec un 7’’ rouge contenant 2 inédits, et le deuxième, Infected Nations, avec un CD bonus contenant une reprise du « Cemetary Gates » de Pantera et du live. Impossible de savoir pour le moment ce que nous réserve le groupe et le label, mais Ol’ Drake promet déjà une version vinyle qui tue, et avec l’artwork très travaillé de l’album, on veut bien le croire.


EVILE - Five Serpent’s Teeth
Earache / PIAS



Site : www.evile.co.uk