MACHINE HEAD


Le retour du roi...



Lorsqu’un groupe sort un album qui recueille des critiques dithyrambiques de la presse et des fans, autant dire qu’il est attendu au tournant lors de la sortie de son successeur. Pour Machine Head, Unto The Locust a la lourde tâche de succéder à The Blackening, et tout le monde veut savoir comment le groupe a su mener sa barque entre-temps… Réponses avec Robb Flynn, frontman du groupe. 

Interview également parue dans le Metal Obs' 49 de Sept. / Oct. 2011

Entretien avec Robb Flynn (chant, guitare) par Elisa Wolf
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En février 2010, Phil nous disait que Machine Head n’avait que de très vagues idées sur le prochain prochain album et imaginait une entrée en studio autour de mai 2010. Comment cela s’est-il déroulé finalement ?
Je ne sais pas où il a encore été cherché ça (rires) ! En mai, l’année dernière, on était même très loin d’écrire les nouveaux morceaux. Nous sommes venus en France pour notre concert du Zénith en février, et nous avons continué de tourner jusqu’au mois de mars. Nous avons alors pris deux mois de pause, jusqu’à ce que je commence à écrire. Phil et Adam ont encore profité de quelques mois dont ils avaient clairement besoin. J’ai continué d’écrire jusqu’en avril dernier, rejoint entre temps par Phil et Adam, qui ont alors commencé à s’entraîner sur les nouveaux titres. Puis nous sommes rentrés en studio.

Beaucoup de vos fans pensaient ne jamais entendre un nouvel album de Machine Head, suite aux problèmes rencontrés au sein du groupe ces dernières années. Comment avez-vous fait pour aller de l’avant ?
Il fallait aller de l’avant, c’était nécessaire. C’était une tournée très intense de presque 3 ans : Phil a commencé à ne plus la supporter, et Dave l’a rejoint dans ce ras-le-bol. Il faut aussi comprendre qu’en plus de la fatigue, nous étions tous les 4 enfermés dans ce bus, ça devenait lourd (rires). Il n’y a pas besoin d’être un grand scientifique pour relier les causes et les effets. Il a fallu qu’on se reprenne, sans doute parce que nous avons conscience que notre quatuor sait faire une musique bien spéciale et propre à lui.

Même dans les heures les plus sombres, il n’a jamais été question de changer de line-up ?
Non, certainement pas. Phil, avec qui les problèmes étaient les plus graves, est quelqu’un de très compliqué, qui fonctionne souvent de manière très aléatoire. C’est quelqu’un de difficile à suivre : en tournée, ça devenait très oppressant. Mais maintenant, tout va bien. Il va beaucoup mieux (sourire).

 MACHINE HEAD

Revenons à votre nouvel album, Unto The Locust. Il semble moins complexe, moins torturé que The Blackening…
Nous donnons toujours le meilleur de nous dans nos chansons. Même si les arrangements peuvent être complexes, ou les titres plus longs que la normale, notre but sera toujours d’écrire et de donner au public des chansons qui reflètent nos envies. Avoir tourné avec Metallica pendant 6 mois m’a beaucoup aidé à composer cet album dans le sens où j’ai intégré des choses fondamentales. Quand tu les vois tous les soirs jouer « Enter Sandman », tu finis par comprendre pourquoi c’est un titre qui marche si bien. Idem pour « Master of Puppets », avec ses chœurs et tous ses arrangements : tu comprends pourquoi cette chanson marche aussi bien, si ce n’est encore mieux que la première, plus catchy. Avec cette tournée, nous avons sans doute réalisé où le public voulait qu’on l’emmène. Au final, peu importe la chanson, complexe ou directe.

Avec la folie de la tournée Metallica et le succès de votre précédent album, vous n’aviez pas peur d’enregistrer un second Blackening malgré vous ?
Nous ne voulions surtout pas enregistrer un second Blackening. Et en même temps, même si on l’avait voulu, cela aurait été impossible. Pour The Blackening, le processus créatif a été très différent. Nous avons commencé à travailler sur cet album dès 2005, pour une sortie en 2009. En 5 ou 6 ans, tu as le temps de vivre ! Je ne veux pas dire que nous sommes complètement différents maintenant, mais il y a eu quelques changements. Alors, forcément, quand est venu le temps pour nous d’écrire le successeur de The Blackening, nous avions accumulé suffisamment d’expérience pour ne plus faire un album similaire. Et heureusement ! Bien sûr que c’est toujours du Machine Head, mais l’auditeur averti ne s’y trompera pas : le groupe a grandi !

Dans une interview donnée lors de la sortie de Through The Ashes Of Empires, tu disais qu’avant d’écrire cet album, tu avais peur d’agrémenter tes chansons d’arrangements complexes, d’y ajouter des mélodies plus lentes, en bref « d’agir comme un vrai musicien ». Avec Unto The Locust, on a le droit à des chœurs d’enfants et même à de la musique classique en introduction. J’imagine que tu n’as plus peur du tout, maintenant…
C’est vrai qu’à l’époque de Through The Ashes Of Empires, on prenait pas mal de risques, notamment avec des chansons comme « Descend The Shades Of Night », avec ces solos et ces moments très mélodiques. Et tu as toujours cette angoisse qui te fait dire : « mon Dieu, comment les gens vont prendre ça ? ». Avec Unto The Locust, la musique est toujours sombre, les paroles profondes et les chansons Heavy. Mais comme avec tous nos albums, il a fallu qu’on expérimente des choses, comme des chœurs d’enfants sur « Who We Are », la dernière chanson. Ça ne devrait pas surprendre nos fans, au final. Musicalement, c’est très enrichissant d’être à ce carrefour où tu peux décider ou non de prendre des risques. Certains groupes passeront toute leur carrière à écrire la même musique, encore et encore, et pour certains, cela marchera très bien. Mais pour Machine Head, ça ne marche pas. Il faut que nous tentions des choses, que nous expérimentions. Pour moi, ce serait inconcevable de ne pas exploiter toutes ces possibilités et ne jouer que de la musique cataloguée Metal. C’est pour ça qu’on fait chanter des enfants et que nous mettons de la musique classique, entre autres.

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Le public de Machine Head s’enrichit de plus en plus de femmes et d’enfants. Est-ce le Metal qui devient tendance, ou le groupe lui-même ?
Je t’avouerais qu’on n’y pense pas trop. Nous essayons surtout de garder nos fans et de les contenter musicalement, ce qui n’est pas facile. On ne peut pas nier que le Metal est de plus en plus populaire. Les enfants sont souvent amenés par les grands frères et c’est très flatteur de voir plusieurs générations réunies. Mais notre priorité est de donner le meilleur de nous et de grands concerts. « Big, big, big » : c’est tout ce que nous avons en tête (rires).

En parlant de gros, gros, gros concerts, Machine Head a partagé l’affiche avec de très grands groupes ces dernières années : Metallica, Slipknot, Lamb Of God… Quelle est la prochaine étape ? Le « Big Five » ?
Ça peut paraitre dingue, mais j’ai toujours l’impression de ne pas en avoir fait assez. Tourner avec Metallica a été énorme, effrayant même. Ça m’a beaucoup inspiré pour la suite. Tu réalises qu’une musique Heavy peut finalement connecter beaucoup de gens ensemble. Alors oui, pourquoi pas essayer d’écrire notre propre « black album » ? Aujourd’hui, quelqu’un m’a demandé si on comptait devenir les prochains Metallica, ce à quoi j’ai répondu : « Non : on veut juste devenir les prochains Machine Head ». Nous ne voulons pas suivre la voie des anciens, il est inutile de copier ce qui a été fait. Mais on frappera fort à chaque fois.


MACHINE HEAD - Unto The Locust
Roadrunner / WEA



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