QUEENSRYCHE


Wine, women an’ song...



Peut-on encore être et avoir été ? Le cas Queensrÿche amène ce genre de questionnement tant les années fastes des 80’s/90’s semblent à jamais révolues. Les géniteurs des référentiels Operation Mindcrime et Empire peinent à trouver un second souffle depuis la révolution Grunge, et certains critiques versés dans le Metal Prog’ n’hésitent pas à affirmer que le groupe s’est lui-même sabordé en osant commettre - entre autres - Operation Mindcrime II en 2006. Dedicated To Chaos, le nouvel album, laisse perplexe : si les plus sceptiques le jugent trop décousu et parfois insipide, les vrais fans saluent son côté aventureux et son style multi-influences. Geoff Tate, dont on peut dire qu’il n’a jamais craint les changements de cap, préfère parler d’un nouveau chapitre dans l’histoire déjà impressionnante du groupe.

Interview également parue dans le Metal Obs' 49 de Sept. / Oct. 2011

Entretien avec Geoff Tate (chant, saxophone) par Jean-Christophe Baugé
Rechercher : dans l'interview
Afin de définitivement clore le chapitre American Soldier, comment s’est déroulée la mini-tournée en Irak dans les bases US ?
Il a fait extrêmement chaud : plus de 50 °C tous les jours (rires). Avec ce vent et ce sable, on était en terre plutôt inhospitalière. On a visité 7 bases en 2 semaines. Le bon côté de la chose, bien sûr, c’est qu’on nous ait offert l’opportunité de jouer l’intégralité de American Soldier à nos troupes. La configuration était particulière puisqu’on jouait sans lights afin de ne pas être pris pour cible. Mais on a été bien traités, les militaires ont apprécié notre venue.

Dedicated To Chaos est on ne peut plus varié. On y trouve des morceaux suprenants, comme le presque R&B « Wot We Do ». Qu’est-ce qui te l’a inspiré ?
C’est notre tournée cabaret de l’an passé (NDLR : shows interactifs type Cirque du Soleil pour adultes avec go-go danseuses, drag-queens, jongleurs et autres contorsionnistes). Je me suis inspiré de la vie dans les night-clubs. On y apprend beaucoup de choses sur la nature humaine, mon sujet d’écriture favori.

De quels types de saxophones joues-tu ? Soprano, alto, ténor ?
Je joue des trois. J’ai pris des cours de piano, de trompette, puis de sax au conservatoire. J’ai joué en orchestre et plus tard dans des groupes de Jazz.

Clairement, le titre « Around The World » tente de ratisser large. Penses-tu qu’il ait des chances de devenir un hit single ?
Oh, j’ai surtout écrit cette chanson parce que je crois aux idées qu’elle véhicule. Ce qui ne m’empêche pas d’espérer un succès commercial.

Kelly Gray est-il meilleur producteur (Dokken, Candlebox) que guitariste pour Queensrÿche ?
Il est très bon dans les 2 disciplines. C’est un compositeur qui déborde de créativité. Il est très communicatif et sait faire partager ses idées pour avancer. C’est un talent très apprécié au cours de nos séances de brainstorming.

QUEENSRYCHE

Quel effet cela fait de travailler avec Parker, ton propre gendre (marié à Miranda Tate le 18/06/09) ?
Parker est un excellent musicien. Il peut s’attaquer à n’importe quel type de musique, et j’aime ça. C’est également un très bon chanteur.

Comment comparerais-tu les jeux de Chris De Garmo, Kelly Gray, Mike Stone and Parker Lundgren qui se sont succédé au sein du groupe ?
Ils sont tous différents, uniques en leur genre, musicalement et humainement. Mais ils ont en commun d’être de très bons guitaristes.

Queensrÿche doit-il être considéré en 2011 comme un groupe Rock ou Metal ?
Queensrÿche reste Queensrÿche. Rien que pour l’abandon des étiquettes, je me réjouis de l’effondrement de l’industrie du disque. On a suffisamment souffert des plans marketing des labels.

Ta voix fait toujours des merveilles en studio. La travailles-tu régulièrement ?
Oh oui, tous les jours.

Queensrÿche, qui va bientôt fêter ses 30 ans d’existence, compte encore 4 membres fondateurs dans ses rangs. Qu’est-ce qui te motive encore pour continuer ?
La vie, qui apporte son lot de challenges à relever. Mes proches, source d’inspiration inépuisable… Je ne m’entoure que de gens positifs. Je m’estime chanceux d’être en vie et d’exercer mon métier.

Le groupe s’apprête à ouvrir pour Judas Priest sur 8 dates en Angleterre dans le cadre de l’Epitaph Tour. Que représente ce groupe pour toi ?
Judas Priest est une grosse influence pour la majorité des membres du groupe. C’est amusant, car je suis allé en famille récemment au cinéma voir Bad Teacher (NDRL : avec Cameron Diaz et Justin Timberlake) et l’une de mes filles m’a demandé en chemin qui était Judas Priest. Je lui ai répondu que c’était un groupe référentiel pour tous les hardeux de mon âge et que j’allais lui en faire écouter dès que possible… Ironie du sort : Judas figurait sur la B.O. du film en question (« The Ripper » et « You’ve Got Another Thing Coming »).

Quels sont les labels qui vous ont le plus soutenus par le passé : EMI, Atlantic, Sanctuary, ou Rhino Entertainment ?
C’est difficile de répondre tant la notion même de label a changé. Nous avons travaillé avec eux à des époques bien distinctes. A nos débuts, bien avant internet et les problèmes de piratage, ces entreprises étaient puissantes et mettaient le paquet pour promouvoir les artistes et rémunérer leur travail. On n’est plus du tout dans la même logique aujourd’hui.

Quels sont les meilleurs et les plus tristes souvenirs de ta carrière ?
Je vis des moments géniaux tous les jours, que ce soit en studio ou en tournée… Impossible d’en isoler un en particulier. Je n’ai pas eu à traverser d’épreuves douloureuses si ce n’est le décès de quelques-uns de mes proches collaborateurs.

Ton album solo date déjà de 2002. Travailles-tu sur son successeur ?
Je travaille effectivement sur de nouveaux morceaux depuis quelques années déjà. Il est grand temps que je les finalise pour sortir le disque.

QUEENSRYCHE

Il était question que tu joues dans le film d’horreur « House Of Eternity » avec Candice Night. Où en est ce projet ?
On n’a pas encore entamé le tournage. Le seul film dans lequel j’apparais est « The Burningmoore Incident » (NDLR : 5 ans après le meurtre d’Anne Parrish et de ses 3 fils dans la maison familiale de New York, une équipe d’ouvriers en bâtiment réinvestit les lieux avec plusieurs caméras pour tourner une parodie de télé-réalité. Le carnage reprend aussi sec et c’est James Parrish, le patriarche porté disparu joué par Geoff, qui devient le suspect n°1). Je ne connais pas encore la date de sortie.

Penses-tu sérieusement à embrasser une carrière d’acteur professionnel ?
Je ne sais pas. Je suis assez curieux de nature et je profite de la vie pour expérimenter le plus possible. Je me suis donc très volontiers investi dans ce rôle. C’est un sentiment très étrange que de jouer ses scènes et de passer à tout autre chose une fois qu’elles sont dans la boîte. En musique, le processus créatif s’étale plus dans le temps : tu enregistres un disque en validant ou non différentes idées, puis tu pars en tournée pour le défendre devant ton public. Les acteurs ne donnent le meilleur d’eux-mêmes qu’au moment opportun et enchaînent les films sans avoir à se soucier du service après-vente. Pour répondre à ta question, je serai probablement partant si on fait de nouveau appel à mes services, mais de là à envisager une nouvelle carrière…

En plus de la musique et du cinéma, tu es un amateur de vin réputé qui a déjà été interviewé dans la presse spécialisée (Wine Spectator Magazine)…
C’est vrai, j’adore. Nous avons ici dans l’Etat de Washington d’excellentes conditions climatiques pour faire pousser la vigne et l’industrie du vin se développe sérieusement, même si bien sûr elle n’a pas le même passé qu’en France. Tous les aspects du métier m’intéressent, de la gestion des vignobles aux procédés de fermentation. En tant qu’amateur éclairé, je mets un point d’honneur à choisir le bon vin pour chaque plat. J’ai développé cette passion au cours de mes voyages un peu partout dans le monde. Je produis désormais en collaboration avec Holly Turner de chez Three Rivers (Walla Walla, WA) un rouge et un blanc d’inspiration très bordelaise qui rencontrent un certain succès : Insania Red (base : cabernet sauvignon) et Insania White (base : sauvignon blanc).


QUEENSRYCHE - Dedicated To Chaos
Roadrunner / Warner



Site : www.queensryche.com