VALLENFYRE


Life after death...



Rares sont les formations de renom dont les membres ne se sont pas essayés à des projets parallèles plus ou moins pertinents. Cela s’avère parfois nécessaire, voire vital pour un musicien. Le guitariste compositeur britannique Greg Mackintosh de Paradise Lost se lance à son tour avec Vallenfyre, un side project intime né dans la douleur.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 50 de Nov. / Déc. 2011

Entretien avec Gregor Mackintosh (guitare, chant) par Seigneur Fred
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Revenons tout d’abord sur ta récente tournée avec Paradise Lost à l’occasion de la réédition de Draconian Times. Qu’as-tu pensé de votre show parisien au Bataclan, en avril dernier, où vous avez interprété en intégralité cet album culte ?
C’était fantastique. Je connaissais certaines personnes dans le public, et les fans ont répondu présent. Ils connaissaient même mieux Draconian Times que moi (rires) ! Je devais faire attention à ne pas commettre d’erreur et rester concentré. Le sont était correct même si je préférais l’Elysée-Montmartre.

Comment est né le projet Vallenfyre ?
Vallenfyre est né à la suite du décès de mon père en décembre 2009. J’ai  ressenti alors des choses négatives, j’étais d’humeur très triste, constamment en colère. J’ai alors décidé d’écrire des textes qui sont devenus des paroles pour les chansons de Vallenfyre. Et puis j’ai fouillé dans mes affaires d’enfance et j’ai réécouté les musiques que j’avais l’habitude d’écouter quand j’étais gamin : les débuts du Death Metal, du Doom, du Punk, du Crustcore même, tout cette période de la fin des années 80. J’ai commencé à composer des bouts de chansons à partir de certains riffs… C’était début 2010. Je voulais faire cela tout seul et finalement j’ai demandé à des amis de me rejoindre pour les jouer.

Ce décès est survenu en pleine tournée Faith Divides Us, Death Unites Us de Paradise Lost. Comment t’es-tu organisé ?
J’ai quitté la tournée de Paradise Lost quand il est mort. On a dû annuler certains shows durant l’hiver 2009-2010. On a repris la tournée en février en Europe, en avril en Australie, et participé à différents festivals d’été. Pendant ce temps, j’écrivais, je composais. Ça a été comme une catharsis…

Est-ce que les deux derniers albums de Paradise Lost, qui revenaient à vos racines Death / Doom, t’ont influencé pour ce premier disque de Vallenfyre ?
C’est possible, mais cela provient surtout de moi. J’ai écrit ces nouveaux morceaux en réécoutant des vieilles démos et des groupes underground de l’époque. Ces vieux trucs ne m’ont jamais quitté depuis mon adolescence.

VALLENFYRE

Toi et les autres membres de Paradise Lost n’avaient jamais eu de side project jusqu’à présent…
Non, tout ce que je faisais était entièrement consacré à Paradise Lost. Je n’en ressentais pas le besoin, à vrai dire. J’ai créé Vallenfyre avec des copains en réaction à une douleur personnelle, la démarche est donc différente. Dans Paradise Lost, j’écris la musique et Nick Holmes (chant) la plupart des paroles, alors que dans Vallenfyre je fais tout. C’est très sympa quand on joue ensemble, cela permet d’extérioriser les choses.

Les chansons sont tellement personnelles que tu pensais au départ ne pas les publier...
C’est vrai, oui. Au départ, je devais avoir mis quatre ou cinq titres de côté uniquement pour moi. Puis j’en ai parlé à quelques amis dont Hamish Glencross (guitare) de My Dying Bride et ils m’ont dit qu’on devrait peut-être former un groupe.

Quels sont donc ces amis musiciens qui t’entourent ?
Il y a Hamish de My Dying Bride à la guitare rythmique et solo, et Mully à la guitare rythmique. C’est un bon ami issu de la scène underground, il a joué dans diverses formations extrêmes. Mully habite où je vis actuellement depuis dix ans. Hamish, lui, est originaire d’Halifax où j’ai grandi. Idem pour Scoot, notre bassiste, qui joue dans les groupes Doom (un précurseur du Punk Crustcore) et Extinction Of Mankind. Il a également participé à Nailbomb avec Max Cavalera. Enfin, il y a Adrian Erlandsson (Cradle Of Filth, Primary Slave...) à la batterie.

Ce n’est pas trop compliqué de jouer avec Adrian Erlandsson ? Il est souvent sollicité (At The Gates...).
Non, il vit à Londres à présent, plus en Suède. Et surtout il joue déjà de la batterie dans Paradise Lost à mes côtés. C’est un ami avant tout.

Ce premier album, A Fragile King, est clairement un retour aux sources du Death Metal avec des influences Doom. C’est très cru et old-school.
Oui, c’est du Death Metal old-school avec pas mal d’influences Doom, tu as raison, mais également Punk, Crust et Grindcore. Mes racines remontent à la fin des années 80 avec des groupes comme Discharge, English Dogs, Conflict, Autopsy, Napalm Death, Morbid Angel, Repulsion, Nihilist… Et bien sûr, j’ai toujours aimé Motörhead, Black Sabbath et des choses plus sombres et primitives comme Hellhammer, le pré-Celtic Frost.

Certaines ambiances de Vallenfyre me rappellent le meilleur de la musique d’Asphyx. Qu’en penses-tu ?
Oui, je suis fan aussi. J’ai d’ailleurs adoré leur dernier album Death… The Brutal Way.



Au départ, tu ne voulais pas te charger du chant et finalement, c’est toi qui t’y colles. Comment t’y es-tu préparé ? En buvant beaucoup de bière et de Jack Daniels au pub du coin près de Cambridge où vous avez enregistré ?
Bien sûr, j’ai beaucoup bu pour y arriver (rires) ! Plus sérieusement, c’est vrai que je ne voulais pas chanter au départ. J’avais demandé à Nick (NDLR : Holmes, le chanteur de Paradise Lost) de s’en charger mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas chanter ainsi. Et comme mes paroles étaient très personnelles, ça aurait été un peu bête de les faire chanter par quelqu’un d’autre. C’était donc une première pour moi et je m’y suis préparé pendant plusieurs semaines.

Concernant les guitares, on reconnaît ton touché sur les parties plus mélodiques. C’est du Mackintosh en plus cru au niveau du son ?
On peut dire ça, c’est ma manière de jouer, en effet. J’ai une technique un peu spéciale et je peux difficilement en changer. C’est bien de développer son propre style au fil des ans. Après, ça reste quand même plus brutal que Paradise Lost. Quant au son, je voulais quelque chose de simple, sans fioriture et sans batterie triggée, pas comme la plupart des grosses productions actuelles soit-disant Death.

Vallenfyre est-il un simple projet studio ou bien allez-vous également tourner ?
Nous allons aussi faire des concerts. Pour le moment, je suis en train d’écrire le nouvel album de Paradise Lost que nous enregistrerons à la fin de l’année. Début 2011, nous tournerons avec Vallenfyre. Je suis excité à l’idée de jouer en festival l’été prochain, que ce soit avec Paradise Lost ou Vallenfyre.

Quid d’une tournée commune Vallenfyre / Paradise Lost ?
Non, pas avec Paradise Lost, ce serait trop fatiguant même si je sais que certains artistes le font (rires). Je doute que ce soit l’idéal de jouer ensemble.


VALLENFYRE - A Fragile King
Century Media / EMI



Myspace : www.vallenfyre.com