PSYGNOSIS


Sublime dementia...



Le groupe mâconnais Psygnosis fait partie de ces formations qui ne s'imposent aucune limite artistique, avec une philosophie libertaire bien ancrée, que ce soit musicalement ou au niveau du business. Quand en plus, le groupe se fait remarquer par des concerts remarquables et des vidéos excellemment bien réalisées, il fallait que nous en sachions un peu plus sur cette étonnante formation qui vient juste de sortir Sublimation, son nouvel EP…

Interview parue également en version courte dans le
Metallian 77 de mai 2013



Entretien avec Jérémy Tissier (basse) et Rémi Vanhove (guitares, programmation) par Will Of Death
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Psygnosis était un one-man-band au départ… Rémi, qu'est-ce qui t'a donné envie à un moment donné de transformer ton projet en véritable groupe ?
Rémi : C'est plutôt simple, je voulais amener Psygnosis sur les planches. Au départ, l'idée était de n'être que deux sur scène avec Jérémy m'accompagnant à la basse, et puis au fil du temps on a eu envie d'intégrer d'autres membres, un deuxième guitariste donc, pour ne pas amputer les lives de certaines parties guitares, ainsi qu'un chanteur car mes capacités vocales restent plutôt limitées, surtout par rapport à Yohan.

Psygnosis est une sorte d'OVNI musical… Vous pouvez décrire votre musique, l'univers que vous développez ?
C'est toujours étrange de devoir faire cette description car je n'ai vraiment pas l'impression de faire quelque chose « à part ». Je compose sans me donner de limite en fait, c'est juste un reflet de tout ce que j'écoute, et donc, de tout ce que j'ai envie de faire ! Du Metal qui peut-être ultra brutal ou atmosphérique, ou de l'électronique un peu barré ou déstructuré, un panel très large de styles. A force de composer, il y a une petite marque de fabrique qui s'est imposée d'elle-même, sans y penser, c'est devenu des automatismes, et ça caractérise l'identité de Psygnosis aujourd'hui.
Jérémy : Nous ne suivons aucun chemin prédéfini, aucune voie, le mot parfait est horizon ! Nous faisons face à cet horizon en avançant où bon nous semble sans complexe, et je crois que la seule chose qui importe est que Psygnosis continue de devenir qui il est.

Psygnosis est un groupe sans batteur, et vous revendiquez ce statut… Pourquoi ce choix assumé ?
Pourquoi faire comme tout le monde ? Psygnosis a une touche rythmique trop ouverte à des styles et sonorités différentes pour se limiter avec un batteur, et ce depuis le début. J’ai moi-même été batteur durant 12 ans avec Elhaz, et je n’ai jamais envisagé l’idée qu’un batteur puisse nous intégrer à ce jour ; ça ouvre encore plus de portes d’avoir ce côté électronique, et puis les sonorités numériques avancent, ce serait dommage de s’en priver.

Vous pouvez très bien passer d'un passage lancinant au piano à un passage ultra brutal. Finalement, votre musique n'est-elle pas le reflet de vos âmes, de vos humeurs ?
Rémi : On créé toujours ce qu'on est, donc oui c'est totalement en accord avec nos personnalités. Mais encore une fois, ce n'est pas une démarche réfléchie, on écoute tous des choses calmes et des choses brutales. Ça ne me pose aucun problème de passer d'Origin ou Last Days Of Humanity à une pièce au piano de Chopin ou à du Sigur Ros. Je n'aime pas stagner, je n'aime pas la monotonie, je n'ai pas envie de ne jouer que de la musique brutale ou que de la musique atmosphérique, il me faut les deux pour que je puisse être épanoui.

PSYGNOSIS

Vous avez dès le départ choisi de partager librement votre musique, ce qui va à l'encontre finalement de la démarche habituelle des groupes. Quelle est votre philosophie là-dessus ?
Jérémy : La musique ne vit vraiment qu’en live, avec la sueur et le spectacle, tous les autres supports musicaux ne sont que des produits dérivés de cette musique, le format virtuel étant actuellement le meilleur (on peut dire qu’il a détrôné le CD), de ce fait, la lecture d’un mp3 se fait le plus simplement du monde, et l’on peut mettre toutes les barrières pour « protéger notre musique au cas où un fan l’aimerait », il y a toujours un malin russe pour diffuser l’album deux semaines avant sa sortie.
Et ce phénomène pirate est un vrai moyen de promotion actuellement, alors pourquoi ne pas accepter cette idée plutôt que de se battre contre des moulins ? Moi je suis content si des gens viennent à nos concerts en nous ayant écoutés au préalable, peu importe la façon. L’objet support musical devient donc un objet de collection. Au même titre qu’un t shirt ou un poster.
Il faut d’autant plus comprendre que la diffusion gratuite et intégrale d’un album n’est vraiment pas un frein car nous avons réussi le pari d’autoproduire notre album grâce à 6 mois de récolte de dons, et nous en avons sorti un digipack avec un design très qualitatif, c’est donc très prometteur pour un groupe inconnu il y a encore un an et demi.

Vous avez une position assez libre aussi quant aux remix que l'on peut faire de vos titres, à l'exemple de l’EP Sublimation… Voilà une démarche qu'on retrouve dans la scène goth. Quel est votre point de vue là-dessus ?
Rémi : En fait, au départ, je viens de la scène électronique, et les remixes sont monnaie courante. Mais même dans le metal, par exemple, chaque single de Rammstein est accompagné de sa troupe de remixes (plus ou moins intéressants). C'est en accord avec notre esprit de liberté : une fois qu'on a sorti un album, la musique ne nous appartient plus vraiment, elle est interprétée différemment suivant les personnes. On trouve intéressant de voir ce que d'autres artistes peuvent avoir comme vision d'un morceau, on pousse les gens à le faire, si des fans ont envie de remixer un de nos morceaux, allez-y, on ne viendra pas vous faire chier avec des droits d'auteurs, bien au contraire !

Le premier album, Anti-Sublime, est sorti il y a un peu plus d'un an. Comment a-t-il été accueilli, et avec le recul, comment le jugez-vous aujourd'hui ? Pour moi, le gros point noir de cet album fut le chant clair, absolument pas maîtrisé…
Il a été plutôt bien accueilli mais sa sortie est restée plutôt anecdotique. Il y a plusieurs choses que je n'aime plus sur cet album mais ce n'est pas en rapport avec la composition elle-même. C'est le mix qui me dérange le plus, il est assommant, ce n'est pas assez fluide. Heureusement, Neb Xort (Drudenhaus studio) est repassé derrière avec le mastering et a pu corriger plusieurs choses, mais je ne suis pas satisfait à 100%. Pour le chant clair, oui c'est un défaut, mais je trouvais que ça avait aussi un petit charme. Mais c'est vrai que quand j'écoute les nouvelles versions avec Yohan, y a pas photo... J'aime toujours cet album, j'en suis toujours fier et il a été utile pour notre évolution musicale et personnelle ! On en est ressorti grandi de ces erreurs.

Vous avez sorti en début d'année Sublimation, un EP qui reprend des titres d'Anti-Sublime mais présente aussi des inédits, et surtout votre nouveau chanteur. Tu peux nous décrire cet EP et nous dire en quoi Yohan a changé quelque chose dans Psygnosis, avec son style plus pop en vocaux clairs ?
Jérémy : Yohan est vraiment l’élément qui a bouleversé Psygnosis dans une logique d’ambition et d’avancée collective, outres ses excellentes capacités vocale et sa très grande inspiration, il est aussi la personne qui nous unit encore plus. Sublimation était donc un travail nécessaire pour présenter cet excellent musicien et de ce fait, le relief plus abouti qu’il donne sur certains titres d’Anti-Sublime. Et encore une fois, nous avons sorti cet EP en diffusion libre sur le net, ainsi qu’en version clef USB limitée à 100 exemplaires.

PSYGNOSIS

En même temps que l'EP Sublimation, vous avez sorti une vidéo pour le titre "FIIIX 2.0", excellemment bien réalisée au demeurant, qui a littéralement cartonné sur You tube le premier jour, du jamais vu pour un groupe non signé en France ! Avez-vous été surpris de son accueil ?
Lien : www.youtube.com/watch?v=m8iGOeZvFXs
Complètement, même si l’objectif de ce clip était élevé, le résultat est une belle réussite, et nous sommes particulièrement fiers de faire partie de ces artistes libres qui sont reconnus. C’est très rassurant pour le public comme pour les artistes que l’argent et la norme qu’il impose ne soit pas le seul vecteur de l’échange artistique. De plus, nous aimons particulièrement la communication vidéo, nous avons sortis trois clips en neuf mois, un live avec le titre ‘’Compression’’ (Lien : www.youtube.com/watch?v=9pZwwLV9nag), un clip studio ‘’FIIIX 2.0’’ donc, et une session acoustique ‘’Loozing Zeppelin 2.alt ‘’ filmée en mode répète (Lien : www.youtube.com/watch?v=QTPBy2eTyjs). Nous allons continuer dans cette démarche en gardant toujours cette attention à soigner notre visuel.
 
Récemment, vous avez été pressentis pour participer au Wacken Metal Contest organisé par Metallian pour la France mais vous avez indiqué que vous ne souhaitiez pas entrer en compétition avec d'autres groupes au travers de concours… Pourquoi ?
Selon nous, ce genre d’évènements est plus générateur de concurrence qu’autre chose. En envisageant que les musiciens puissent avoir un bon état d’esprit entre eux, il y a encore le public qui peut se mettre dans cette logique d’unilatéralité pour un groupe, et pour en avoir vécu un, je ne me souviens pas que ça soit un concert vraiment agréable ; on s’amuse moins, on est restreint à une façon de faire, etc.… Nous, on s’en fout vraiment d’être le meilleur groupe du mois sur un webzine, je ne sais pas ce que vient faire le mot ‘’meilleur’’ dans un domaine artistique car quand on diffuse son art, on se soumet à la critique et on a les épaules assez larges pour savoir que l’on peut déplaire de toute façon, l’essentiel reste le partage ! Donc tant pis pour La Nouvelle Star mais nous n’irons pas nous y présenter. Et puis nous sommes également public et acteurs dans l’organisation de concerts, c’est quand même plus sympa de se faire jouer entre groupes plutôt que de se faire la guerre.

Quelle va être la suite pour Psygnosis en 2013 ? Un dernier mot à ajouter ?
Nous avons de grands projets, durant ce premier semestre nous achevons la mise en place du prochain album car au final deux ans se sont déjà écoulés depuis l’enregistrement d'Anti-Sublime, quelques collaborations étonnantes seront également présentées. Nous avons trois clips en maturation et un projet de Split-EP avec le groupe Pavillon Rouge qui aura aussi sa vidéo.
Nos prestations scéniques seront sporadiques mais à partir de septembre, nous reprendrons activement les concerts, avec un projet de tour-support et pourquoi pas une signature sur un label comprenant que notre démarche libertaire n’est absolument pas un frein à la partie finance de la musique, sinon, eh bien nous continuerons dans la totale indépendance, absolument sans aucun complexe !!!
Et grand merci à Metallian pour avoir su avoir l’esprit ouvert et accepté notre interview malgré cette indépendance justement. 



PSYGNOSIS – Anti-sublime (2012)
Sublimation EP (2013)
Autoprod, libre en téléchargement


Bandcamp : psygnosis.bandcamp.com

Site : www.psygnosis-music.com