VULCAIN


On n'veut faire que du Rock !



Vulcain, c'est simple, fait partie, au même titre qu'un Metallica aux USA ou qu'un Motörhead en Angleterre, du patrimoine français du Metal, voire plus largement du Rock. Quand le trio est revenu en 2010, il ne savait pas s'il allait trouver assez d'inspiration et surtout d'envie pour repartir en studio mais c'est enfin chose faite avec V8, un disque qui revient aux racines du groupe, et qui n'a certainement pas fini de rugir dans vos platines. Daniel Puzio, "The Voice", nous en dit plus…

Interview parue également en version courte dans le
Metallian 77 de mai 2013



Entretien avec Daniel Puzio (guitares, chant) par Will Of Death - Photos : Will Of Death
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Salut Daniel. Ravi de pouvoir reparler avec toi d'un nouvel album studio mais avant de commencer, juste une petite question, comment a été accueilli le DVD "En Revenant" ?
Ecoute, plutôt bien car on en a vendu plus de mille, ça c'est sûr et on nous a dit que c'était pas mal au vu de la crise que traverse le disque en ce moment. On a remarqué qu'après la sortie, il y a eu plus de monde aux concerts et on n'a pas arrêté d'en vendre nous-mêmes lors des dates. C'était plutôt une bonne surprise car c'est du "vrai" Vulcain (Rires !)…

Vous avez eu l'occasion d'ouvrir pour Motörhead à Lyon. Je suppose que t'as dû retrouver ton âme de fan sur ce coup-là, non ? Vous vous êtes rappelé le bon vieux temps avec Lemmy ?
On n'a joué que trente minutes mais c'était une super date, on était très à l'aise, ce qui est bizarre car il y avait beaucoup de monde… Le staff technique de Motörhead nous a très bien reçus, du coup, tu vois, directement pas de pression, vraiment génial ! Au moment où on partait, on est allé leur dire au revoir et on s'est au final retrouvé à six dans la même pièce. Malheureusement, on ne parle pas assez bien anglais, ce qui est con car on avait tellement de choses à lui dire ! Mais ce qui est cool, c'est qu'il se rappelait bien de nous. Au Hellfest par exemple, il m'avait dit : "je me rappelle bien de toi, t'es le gars qui chante comme moi…" (Rires !). J'étais aux anges, comme un gosse !

Premier album de studio depuis 1998. En 2011, tu me disais encore que tu n'étais pas sûr de vouloir refaire un album studio. Qu'est-ce qui vous a finalement donné envie d'y retourner ?
Le monde, le public, partout où on est passé : on a vu plein de mecs de notre âge avec leurs gosses, ça, c'est génial ! Ça nous a donné envie de créer mais il était hors de question de sortir une merde, il fallait que nous soyons certains de nos compos. On a donc beaucoup plus travaillé à trois cette fois-ci, tout le monde a amené des idées et c'était vraiment la première fois que nous fonctionnions comme ça. Nous sommes plutôt contents !

En 2011, quand je t'ai interviewé, tu me disais que tu ne pouvais plus voir les labels, que tu ne voulais plus démarcher… Là, je vois que l'album sort chez Desperado. Vous sortez donc cet album en autoprod…
Desperado, c'est notre assoce, on a monté un label et on s'est autoproduit. Tout l'argent que nous avons pu glaner lors des concerts des deux dernières années a été réinvesti dans le disque.

Incroyable quand même quand on connaît l'histoire de Vulcain ; ceci dit, l'expérience Mister Jack avec Bernett a dû te calmer… Il faut chercher là l'explication de ce choix ? 
C'est exactement ça, c'est du foutage de gueule ! Non seulement ils font de l'argent alors que toi, non, et en plus, ils ne foutent rien. Le peu qu'on vend, on ne touche rien donc il était hors de question de recommencer une histoire pareille, surtout qu'aucun gros label ne s'est manifesté. On a trouvé une distribution française et on a une ouverture chez un gros distributeur allemand qui pourrait enfin nous ouvrir les portes de l'Europe… 

VULCAIN

Tu me disais en 2010, quand je t'avais posé une question sur le côté un peu mitigé que m'avait procuré Big Brothers en 1986, qu'il était comme ça parce qu'Elie Benali, votre manager de l'époque, avait trop mis son grain de sel. C'est pour ne pas répéter ce genre d'erreur que vous avez voulu produire l'album vous-mêmes chez Marc ?
Exactement, on fait ce qu'on a envie de faire quand on en a envie. L'avantage avec Marc, c'est qu'il a son propre studio et on a donc travaillé surtout le week-end car on a tous des boulots à côté. On a eu le temps de refaire des guitares plus qu'avant, car quand tu es dans une location classique de studio pour vingt jours, par exemple, tu dois carburer pour rester dans les temps… Vincent a eu un accident en avril dernier, moi, je me suis pété une côte en septembre, bref, si on avait loué un studio lors de  ces moments-là, ça aurait été une catastrophe.  

En même temps, le fait de tout faire soi-même peut entraîner un manque de recul au final, non ?
Oui mais là au moins, y avait pas un mec pour nous emmerder si on voulait recommencer une prise et je pense que nous avons quand même une "certaine" expérience. On a travaillé depuis trente ans avec des mecs venus de tout horizon et on était sûr de nous sur la manière de faire sonner nos instruments…  

Sur les solos de l'album, on n'entend que la basse de ton frère, comme sur scène. Ça ne te dit plus d'avoir un second guitariste ?
Je pense surtout que ça ne sert à rien, tant Vincent prend de la place avec sa basse. Ça foutrait le bordel plus qu'autre chose et à part Didier Lohezic dans les années '80, avec qui je suis toujours super pote de bécane, avec les deux autres, ça ne s'est pas bien passé donc inutile de remettre le couvert. 

Tu sais qu'on essaie toujours de chercher des explications là où il n'y en a pas forcément mais on parlait tout à l'heure de votre asso' Desperado, et plus j'écoute cet album, plus je me dis que ce n'est pas un hasard de sortir l'album sous ce nom de "label" car 'on y retrouve les ambiances sans fioritures de votre deuxième album, Desperados. Tu es d'accord ?
C'est marrant parce que tu n'es pas le premier à me le dire mais franchement, on n'a rien calculé mais maintenant que j'y pense, il y a effectivement des similitudes. "Croix De Bois" peut un peu évoquer "Richard" pour son rythme lancinant mais au lieu de mettre un harmonica, j'ai posé pour la première fois un petit solo à la Bottleneck, c'était marrant (Rires !).

Dans le live, tu évoquais Sarkozy qui était encore au pouvoir, comme à l'époque où tu pourfendais Pasqua, bref des mecs de droite. Hollande et sa clique sont maintenant au pouvoir sans qu'on ne voie aucun changement notable. Finalement, qu'est-ce qu'on peut attendre des politiques aujourd'hui ? Je te pose cette question par rapport au titre "Lâchez-nous" qui fait objet de la première vidéo du disque…
Tout est dans cette chanson... Je ne sais vraiment plus quoi penser, on est complètement perdu, on est avec des bouffons. Qui va pouvoir relever la barre ? Ça craint… Lors de notre dernière répète, on en parlait justement tous ensemble en se disant qu'on avait dénoncé des trucs dans les années '80 qui étaient toujours d'actualité. Sur "Le Soviet Suprême", je demandais quel était le con qui allait faire sauter la planète et aujourd'hui, je lis que la Corée du Nord pose un ultimatum nucléaire aux USA… C'est toujours aussi incontrôlable !

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Tu crois que c'est le Rock N' Roll qui pourra nous sauver de ce marasme ambiant ? 
On aime tellement ça ! J'avais monté Mister Jack car ça m'avais manqué très vite et quand Vincent et Marc m'ont rappelé pour refaire Vulcain, j'ai dit OK mais il fallait qu'on y aille sérieusement. On aime tellement ça qu'on jette nos dernières forces et on verra bien…

Qu'es-tu en train de me dire ? Que V8 est votre dernier album ?
Si on n'en vend pas mille, on plie les gaules, ça c'est sûr et encore, ça ne couvrirait même pas nos frais d'enregistrement et de production. Ce n'est pas le but quand même, surtout au bout de tant d'années… Mais ne vous inquiétez pas, on a la patate car on est magnifiquement accueilli partout où on passe ! 

Quels autres thèmes as-tu voulu aborder sur le disque ? Qu'est-ce qui énerve Daniel Puzio aujourd'hui ? Si t'as envie de détailler un peu certains titres, ne te prive pas…
Je n'ai pas écrit tout l'album car parfois, j'étais devant une page blanche. Marc a mis son grain de sel pour "Croix de Bois" qui parle d'histoires négatives qui peuvent se passer entre des potes ou avec une nana et surtout "Call Of Duty", un truc sur les jeux vidéo. Il m'a aussi un peu aidé pour "Sale Temps pour les Cons" et "Limite".

Renaud Hantson de Satan Jokers a annoncé récemment qu'il mettait son groupe en stand-by alors qu'ils ont sorti 3 albums d'enfer, simplement parce qu'en gros, il juge que les conditions offertes à son groupe ne sont pas suffisantes. Alors, je sais que Satan Jokers n'est pas forcément ta tasse de thé mais ce problème se pose-t-il aussi avec Vulcain ?
Forcément mais on ne peut pas non plus demander plus parce que sinon, on ne jouerait pas. De toute façon, on a toujours fait comme ça : n'allez pas croire que même dans le temps, on a eu des cachets exceptionnels ! On ne peut pas non plus venir pour rien : on a le backline, le camion, l'autoroute, le gasoil, tout ça… Par exemple, on est allé jouer à Cannes deux fois et on est revenu sans argent, ça coûte cher tout ça.

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J'ai vu que vous allez jouer avec Chariot à Vouziers en octobre… Merde, on va se reprendre plus de 25 ans dans la gueule, là, non ?
Il y a même Blasphème à l'affiche ! Là, c'est vraiment retour à… ben, y a trente ans (Rires !). Chariot, on ne les a pas revus depuis 1987 et notre concert à Paris qui a fini sur le live, ça va être incroyable. Vincent avait revu le chanteur avec son nouveau groupe en ouverture d'Iron Maiden, en Angleterre.

Le Metal revêt aujourd'hui tellement de facettes différentes que même nous, on s'y perd parfois. A qui s'adresse un album de Vulcain aujourd'hui selon toi ?
Wow, c'est compliqué (Rires !). J'aimerais bien que ce soit déjà tous les mecs qui aiment le Rock (et le Metal mais pas forcément) car c'est quand même la base du groupe, avec des couplets et des refrains qui essaient d'être "chantables", qu'on peut mémoriser. Ensuite, on voit plein de jeunes au premier rang de nos concerts, qui s'éclatent à fond, comme nous quand on allait voir Metallica au Zénith ou Motörhead à Paris en 1978 (Rires !). Ça fait vraiment chaud au cœur… 

Quelles sont vos ambitions au final ?
J'espère qu'on pourra vendre un maximum de disques pour pouvoir aussi aller me balader un peu plus en Europe. On a par exemple joué à Hambourg en 2011 et c'était du délire. En 2010, on est allé au Canada aussi, invités par une fan, et c'était aussi un truc de malade, archi-complet. On jouera à partir de septembre / octobre : on répète justement un show complet en ce moment pour être impeccables en automne. Et puis, bon, si jamais il faut repartir pour une vraie tournée, dans de bonnes conditions, sachez que s'il le faut, on le fera (Rires !). Merci à toi pour ton support depuis si longtemps…
 


VULCAIN – V8
Desperado Records / Socadisc



Site : www.vulcain-officiel.com