DAGOBA

Dawn Of The Angry... 



Post Mortem Nihil Est, album sorti en 2013, fut encensé par la critique, notamment ici, où il fut nommé Album du Mois. Il n’est jamais facile de réitérer un tel exploit mais le moins qu’on puisse dire, c’est que Shawter et sa bande ont une nouvelle fois mis le turbo pour sortir un nouveau disque bourré d’énergie, Tales Of The Black Dawn. Vous vous attendiez à quoi ? À un nouvel album de Scorpions ? Eh bien, non, alors prenez bien ça dans la gueule ! 

Interview parue également dans le Metallian 90 de Juillet 2015
(complète ici)


Entretien avec Shawter (vocals, composition) par Will Of Death
Rechercher : dans l'interview
Salut amigo ! Comment va ?
Super, merci ! De retour du Bataclan, là, où on a joué hier avec nos potes de Dir En Grey… De bonnes retrouvailles et puis jouer au Bataclan, c’est toujours génial, c’est une super salle et on a eu un très bon accueil du public. 

Ouais, des Marseillais qui sont bien accueillis par les Parisiens... Vous êtes une exception (Rires !) !
Oh, ça devient une habitude, on est toujours bien reçu là-bas, c’est cool !

Deux ans se sont écoulés depuis la sortie de Post Mortem Nihil Est… Comment a été perçu cet album (presse, fans), et quelle place tient-il en termes de ventes dans votre discographie ?
Je crois bien que c’est notre plus gros succès, en fait. On a eu un retour presse mondiale assez unanime, avec des super notes partout, c’est l’album avec lequel on a enfin pu obtenir une vraie tournée aux USA, on a beaucoup tourné également en Europe. C’est vraiment sur cette tournée qu’on a eu les plus belles jauges au niveau des salles. Un vrai bon pas en avant pour nous… 

Justement, l’album est sorti chez eOne Entertainment aux USA. Qu’est-ce que ça a changé ?
Déjà, simplement, pouvoir défendre en tournée un album qui était dans les bacs. On a eu beaucoup de promo, les mecs se sont occupés de faire passer les titres dans plusieurs centaines de radios, bref, quelque chose de très bien pour Dagoba.

Quels souvenirs gardes-tu de la tournée américaine avec les Japonais de Dir En Grey, du coup ?
C’était encore mieux que ce que j’imaginais ! Quand on a reçu le « routing », on a vu qu’il y avait quand même pas mal de bornes à faire sur trois semaines mais on a eu un super véhicule et on pu se reposer correctement entre deux dates. Au final, ça a été plus cool que certaines dates du genre Marseille-Brest ou Marseille-Lille dans notre van. La tournée était quasiment sold out et on a joué dans certaines salles mythiques comme le House Of Blues de Chicago ou de Los Angeles. L’accueil du public a vraiment été très bon et on a gardé beaucoup de contacts avec la « fan-base » de Dir En Grey aux USA, qui ne nous connaissait pas forcément au début, mais qui parle bien de nous maintenant, même en France d’ailleurs !  

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Vous allez tourner en Europe avec Moonspell en octobre. Sachant que le groupe a quand même pas mal viré gothique depuis plusieurs albums, vous ne craignez pas d’être un peu trop brutaux pour leurs fans ?
Non, franchement on est toujours content de partir en tournée, quel que soit le groupe que nous accompagnons ou qui nous accompagne. C’est justement le but d’être tour support, tu peux conquérir de nouveaux fans. Dans la musique de Dagoba, il y a quand même pas mal d’éléments indus, des atmosphères cinématographiques, donc je pense que le public de Moonspell pourra s’y retrouver quelque part. Nous, de toute façon, on est là pour envoyer du lourd et je ne crois pas qu’on va établir la setlist pour plaire au public de Moonspell (Rires !).  

En fait, c’était un peu le même délire avec Epica, quand on y pense… Vous n’avez pas trop fait exploser les corsets des petites goths ?
Oh ben si, bien entendu, c’est notre spécialité (Rires !).

Le gros coup de l’album précédent était d’avoir bossé avec Logan Mader à Los Angeles. Du coup, là, tu y es retourné. C’était une évidence pour toi ?
Oui, carrément, et des deux côtés d’ailleurs ! Quand on s’est quitté après la production de Post Mortem Nihil Est, on s’est dit « Rendez-vous au prochain album ». On fait une musique qu’il arrive bien à faire sonner et on s’entend bien humainement. La relation est vraiment devenue amicale : après le studio, on allait bouffer ensemble, on sortait après…

Je me souviens que lors de notre interview pour Post Mortem…, tu m’avais dit que Logan avait expérimenté un nouveau truc sur votre album, vous offrant même le mastering du disque. Quelles innovations y a-t-il cette fois en termes de son ? Que voulais-tu éventuellement améliorer ?
J’avais envie de mettre l’accent sur plus de basse parce qu’il y a vraiment un état d’esprit Pantera, période The Great Southern Trendkill, sur cet album. Ça rajoute un côté groovy à nos titres, qu’on n’avait jamais eu auparavant. Au moment de la composition, c’était voulu : j’avais envie d’un album qui soit un peu plus rock’n’roll dans l’approche du groove, mais aussi un peu plus thrash dans les tempos. Ce côté un peu frénétique, furieux, se retrouve dans à peu près toutes les compos de l’album…

L’album précédent voyait Dagoba intégrer Z. Après deux / trois ans ensemble sur la route, comment est désormais l’ambiance dans le groupe ?
Géniale ! De toute façon, Z. était déjà un super proche du groupe avant de l’intégrer, on rigolait, donc maintenant, ce n’est que du bonheur !

Je me pose une question : sachant que tu composes tout à la gratte, pourquoi n’enregistres-tu pas toi-même les parties ?
En fait, depuis Post Mortem…, j’enregistre aussi les grattes pour Dagoba et cette fois, Z. les a doublées. Tu sais, je suis guitariste dans l’âme, ça me plaît beaucoup et c’est un instrument que je travaille régulièrement. Du coup, je n’ai plus vraiment la pression au moment d’enregistrer et je dirais même que j’ai peut-être encore plus de plaisir qu’un guitariste « normal » de pouvoir apporter un plus au groupe en studio.

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Et jouer à deux grattes en live, ça ne te dirait pas ?
Tu sais, j’ai pris la guitare sur la tournée Face The Colossus, donc je sais que c’est possible. Après, il faudrait choisir des titres adéquats, donc c’est une possibilité qui s’offre à nous. Mais bon, être chanteur simple est une liberté très appréciable car tu peux aller chercher le public à droite à gauche, te déplacer facilement.

Venons-en à l’album proprement dit… Déjà, le titre, Tales Of The Black Dawn (traduction : Les Contes de l'Aube Noire). Qu’est-ce que ça veut dire dans ton esprit ?
L’album parle d’une traversée d’une nuit, le thème étant de survivre à la nuit à et à tous ses dangers, la sorcellerie et autre. 

Apparemment, tu as fonctionné comme les autres fois pour composer cet album, en te coupant du monde extérieur pendant plusieurs jours. Tu es parti d’une page blanche ?
Déjà, je réfléchis au concept, au titre de l’album, à quelles images et sentiments ça renvoie, et comment je peux les illustrer en musique. Une fois que tout ça est clair, je commence à envoyer les riffs, à condition que tout reste cohérent.

Impossible pour toi de composer sur la route ?
Non, car je préfère emmagasiner les sensations et en profiter vraiment.

Et tes collègues, parfois, ils te disent que ce que tu as composé peut être amélioré ?
Oui, oui ! J’amène les riffs en me disant que ça va leur plaire, car ils vont aussi me faire écouter les leurs. Il est primordial que tout le monde soit content et fier de l’album car quand tu es sur scène, il faut que tout le monde ait la banane.    

Si je te dis qu’on est ici en présence d’un pur album de Dagoba, tu prends ça comme un compliment ou tu vois poindre derrière ma question l’idée qu’on commence à avoir du mal à différencier tous vos morceaux, le style étant toujours un peu identique car très basé sur les rythmiques rentre-dedans ?
Non, je le prends bien parce que personnellement, quand j’achète l’album d’un groupe, je ne m’attends pas à écouter celui d’un autre groupe ! Je me rappelle qu’aux débuts du groupe, lors des premières sorties, on lisait souvent qu’on ressentait telle ou telle influence. Or, ce genre de remarques a disparu aujourd’hui car les gens nous reconnaissent tout de suite, et on ne va donc pas s’en plaindre ! Tu sais, quand un Gojira ou un Dimmu Borgir sort un album, on leur dit qu’on les a reconnus à la première écoute… J’espère bien pour eux (dit-il avec un bel accent marseillais) !  On fait du Dagoba, point, c’est devenu naturel !

Je sais que c’est une question à la con, donc c’est pour ça que je te la pose… lol… Si tu devais choisir trois titres de cet album, les plus représentatifs selon toi, ça serait lesquels, et pourquoi ?
Je choisis le morceau d’intro, « The Sunset Curse », car pour la première fois, je pense qu’on a un vrai morceau de transition entre deux albums car la première partie de ce morceau aurait pu être le dernier morceau de Post Mortem Nihil Est alors que la fin fait totalement rentrer l’auditeur dans Tales Of The Black Dawn. Le deuxième que je choisis est « Half Damn Life » car il a justement cet état d’esprit, ce groove que je voulais donner à l’album et le troisième, c’est « O, Inverted World » car il est plein d’harmonies et de noirceur, et correspond à mon goût pour le black metal.

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Dans un de nos précédents entretiens, on avait parlé de la situation du groupe, notamment financière, bref, tu me disais que tu ne roulais pas sur l’or… Dans un de tes posts cette année sur ta page Facebook, tu déclarais que la période Post Mortem a été fantastique pour le groupe. Cela sous-entend-il aussi une amélioration de vos conditions générales ?
Alors, je rassure tout le monde, on ne roule toujours pas sur l’or ! Par contre, oui, ça s’est amélioré car on arrive tous désormais à vivre de Dagoba, sans devoir faire comme avant des à-côtés pour pouvoir boucler notre statut d’intermittents. Pour toutes les tournées que nous avons faites, on a été payé, on a été payé pour produire cet album à Los Angeles. Sacrée amélioration pour quatre petits Marseillais qui sont juste là pour s’amuser et faire du metal ! C’est juste fantastique et je n’échangerais désormais pour rien au monde ma vie contre une autre… Pouvoir vivre de ton métier-passion est une richesse infinie ! C’est une vie rêvée et je la souhaite à tous les metalleux de France !     

Hier, je suis allé voir Testament à Grenoble, et dans les backstages, en discutant avec Chuck Billy, je n’ai pu m’empêcher de lui sortir les conneries habituelles, genre « killer show », « you were fantastic… ». Bref, j’ai fait ce que 100.000 personnes avant moi ont certainement déjà fait, ce qui ne l’a pas empêché d’être très pro et sympa, se laissant prendre en photo, etc… Je suppose que depuis le temps, tu es confronté à ce même genre de réactions des fans. Cela n’est-il pas lassant, à force ?
Honnêtement non, et je pense qu’on a quand même l’image d’un groupe proche de son public. C’est à la fois assez naturel mais évidemment, parfois, c’est un effort quand il y a beaucoup de monde qui nous attend, des balances à faire, des interviews, etc. Quand les gens veulent prendre une photo, faire un selfie, on essaie de contenter le plus de monde possible. Après, par contre, ce qui me dérange vraiment, c’est quand le seul mec avec qui on n’a pas pris le temps de boire une bière, alors qu’on a essayé de contenter cent cinquante personnes avant lui, crache son venin et toute son amertume le lendemain sur les réseaux sociaux ! Et ça, c’est chiant, car on ne peut pas être « les meilleurs amis » de tout le monde. Après, qu’est-ce qu’on va faire ? On ne va pas non plus se plaindre d’être sollicité par les gens qui nous soutiennent ! 

Bon, hormis les dates avec Moonspell, que nous réservez-vous pour le futur ?
On va essayer de faire au moins autant de dates que pour Post Mortem Nihil Est, des deux côtés de l’Atlantique ! On va essayer quelques nouveautés, comme s’ouvrir au territoire japonais. On espère surtout un beau succès pour l’album, qu’il plaira aux fans de Dagoba. Merci !!!


DAGOBA – Tales Of The Black Dawn
Verycords


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