SYMPHONY X


American History X... 



Le dernier album du groupe, Iconoclast, sorti en 2011, avait divisé les fans, certains le jugeant trop « brutal », pas assez néo-classique, alors que d’autres, comme votre serviteur, l’ont justement adoré pour ça. Le fait est qu’au bout de neuf albums, tous plus qualitatifs les uns que les autres, la bande à Michael Romeo ne laisse personne indifférent. Il fallait donc évidemment que nous parlions au fantastique guitariste pour en savoir un peu plus sur le dernier en date, Underworld, basé sur la Divine Comédie de Dante. Tout un programme…  

Interview parue également dans le Metallian 90 de Juillet 2015
(complète ici)


Entretien avec Michael Romeo (guitares) par Will Of Death
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Tu commences la promo du nouvel album. Comment te sens-tu à quelques semaines de sa sortie ?
Oh, ça va super ! Tu sais, c’est un peu comme d’habitude : tu es content d’en avoir enfin terminé avec la composition, le mix et le mastering, donc je suis bien détendu, mais en même temps très excité de savoir ce que les gens vont en penser, comment l’album va être perçu. On est très fier de cet album, on y a mis tout ce qu’on voulait…

Selon moi, avec Iconoclast, vous avez enterré toute concurrence quand on parle de heavy prog, Comment l’album a-t-il été perçu par les fans et la presse ?
Superbement bien, même si certains fans de la première heure ne l’ont pas trop aimé, le jugeant trop violent, notamment au niveau des vocaux de Russel. De notre côté, à l’époque, c’était vraiment l’album dont nous avions besoin, on s’est éclaté à le composer et à le défendre sur la route. Ça a été une période très excitante pour nous.

Je vais te dire un truc : en ce qui me concerne, c’est l’album de votre discographie que je préfère, justement parce qu’il est plus agressif que les autres, et je pense ne pas être le seul dans ce cas...
Merci, c’est cool. Il y a en effet un paquet de bons riffs sur cet album et je suis certain que nous avons récupéré pas mal de nouveaux fans avec…

Venons-en à Underworld. Vous avez enregistré cet album chez vous, dans votre propre studio, The Dungeon. En quoi cela a-t-il été confortable pour vous ?
Le truc est que tu peux prendre tout ton temps pour composer tranquillement, bosser ensuite les arrangements, enregistrer tes parties autant de fois que tu veux, jusqu’à ce que tu sois complètement satisfait, sans stress. Nous savons maintenant comment exploiter à plein notre matériel sur place et du coup, préparer cet album a été très cool.

Avoir son propre studio est évidemment une bonne chose pour pouvoir travailler tranquillement et économiser du temps, mais il y a aussi le risque de ne jamais se donner de deadline pour finir le disque…
Oui, je vois très bien ce que tu veux dire. On s’était quand même donné pour objectif de sortir l’album à ce moment de l’année et on s’y est tenu. Mais bon, un album de Symphony X ne se compose pas en deux mois non plus, il y a une vraie recherche musicale, et crois-moi, quand un riff ou une partie de piano ne nous convient pas, on jette à la poubelle, et on recommence.

SYMPHONY X

Underworld est votre 9ème album… La difficulté est dorénavant de parvenir à ne pas vous répéter. Où es-tu allé puiser l’inspiration et l’originalité ?
Tu as tout à fait raison ! Underworld est déjà plus varié à mon sens que les deux derniers albums, avec le retour de nombreux passages néo-classiques, simplement parce que l’histoire sur laquelle il est basé le permet : cette fois, je me suis inspiré de l’Enfer de Dante, la première des trois parties qui composent la Divine Comédie. Dans cet « épisode » du livre, Dante descend dans le monde souterrain, l’Hadès, pour sauver celle qu’il aime, Orphée. On peut y voir un parallèle avec la vie de tous les jours : en gros, même si tu dois aller en Enfer pour ça, descendre bien bas dans la vie, tu iras jusqu’au bout pour prendre soin de ceux que tu aimes. Il y a donc un petit côté autobiographique. Cet album a vraiment été composé comme un tout. J’insiste là-dessus car on nous a souvent reproché de trop varier les thèmes ou les histoires sur nos disques. Là, on défend l’idée qu’on peut faire un album varié tout en racontant des histoires diverses issues du même concept. Tu imagines bien que dans une telle histoire, le héros passe par toutes les situations et les émotions. Voilà pourquoi quand ça doit speeder, ça speede, et quand ça doit ralentir et être plus mélodique, ça l’est. Chaque chanson illustre l’état d’esprit du personnage à un moment donné. Tout a été pensé en ce sens, et un grand soin a été apporté à chaque riff, chaque ligne vocale, histoire de garder l’auditeur en haleine du début à la fin… Des mecs de l’industrie musicale nous disent parfois que les gens n’écoutent plus les albums en entier, ne se focalisant que sur les premiers titres. Moi, je dis que ce sont des conneries et que cet album de Symphony X ne vaut que s’il est écouté jusqu’au bout ! 

Comment travailles-tu justement ? Tu es du genre à noter tes idées sur un calepin quand elles t’arrivent et à entasser des riffs, ou à t’enfermer dans ton studio sans parler à personne pendant six mois pour composer ?
Ah ah, non, tout de même pas, même si j’ai quand même besoin à un moment donné de me concentrer sur ce que je compose, et qu’on me laisse tranquille. Si par exemple, je sens qu’un riff ou une chanson est trop proche d’un titre ancien, je laisse tomber immédiatement et passe à autre chose. Certains pourraient penser que je suis une usine à riffs, que je sors des trucs sur commande, or, ce n’est pas forcément le cas. Franchement, parfois, je me prends vraiment bien la tête jusqu’à ce que je trouve le « truc » qui fera mouche dans le morceau…

Vous avez bossé de nouveau avec Jens Bogren pour le son de cet album. Un choix évident pour vous ? Un peu de changement ne fait pas de mal parfois, diront certains…
Certes, mais comme ont dit, pourquoi changer une équipe qui gagne ? Le choix était évident, oui, tout simplement parce qu’on se connaît très bien maintenant, qu’on sait quoi attendre des deux camps, et surtout, ce mec est un magicien. Le son avec lequel on enregistre nos parties n’est pas très différent du son final de l’album mais à chaque fois que Jens me présente un mix de l’album, ma réaction est souvent la même : « mais bordel, mec, comment t’as fait pour obtenir ce résultat ? » (Rires !). Du coup, on sait à l’avance que le son sera parfait avec lui.

Peut-on parler de la pochette de l’album ? On retrouve votre masque, avec un côté Bien et Mal, et des signes géométriques, voire ésotériques. Ceux-ci ont-ils une signification particulière ?
En fait, avec Warren Flanagan, on a un peu déliré sur le nombre 3 et ses multiples… La pochette présente neuf petites illustrations censées représenter les neuf cercles de l’Enfer décrits dans la Divine Comédie. Sous les masques, on devine aussi une étoile à six branches, l’illustration en haut à gauche compte neuf points, celle en bas à droite, trois cercles imbriqués. Bref, c’est juste une pochette cool déclinée autour des multiples de trois.

symphony x

Je dois dire que j’ai été surpris à la première écoute du titre « Nevermore », où les vocaux de Russel ne sont pas très agressifs, très mélodiques, surtout au début de la chanson et sur le refrain… Les fans débattent d’ailleurs pas mal du sujet sur votre page Facebook. Par contre, le reste du morceau, comme les rythmiques et les solos, c’est du pur Symphony X ! Ce n’est pas un peu risqué de présenter un tel morceau comme premier single ?
Je peux te dire qu’à chaque fois, les discussions entre nous sont enflammées pour savoir quel titre présenter en premier car on sait de toute façon qu’il ne sera jamais totalement représentatif du reste de l’album. Comment cela pourrait-il en être ainsi d’ailleurs, quand on essaie d’être varié ? J’ai bien vu quelques commentaires négatifs sur le titre, mais ils sont vraiment minoritaires. D’ailleurs, ils proviennent certainement des gens qui avaient aimé les vocaux hyper agressifs de Russel sur Iconoclast et qui s’attendaient peut-être à un « Bastards Of The Machine » Part 2… Excusez-nous les amis, mais quand on essaie d’évoquer des sentiments, on ne va pas non plus demander à Russel de cracher ses poumons (Rires !). Mais rassurez-vous, sur « Kiss Of Fire », vous aurez des vocaux hyper sombres et agressifs, pour ne citer que celui-là. Mais je le redis, même si « Nevermore » est plutôt varié d’un point de vue rythmique et mélodique, ce n’est qu’un titre parmi les autres. Cet album doit vraiment être écouté en entier pour en saisir toutes les subtilités…  

Comment se porte Jason Rullo (NDLR : celui-ci a eu de graves problèmes de cœur en 2013) ? A-t-il complètement récupéré ?
Je peux te dire qu’on a vraiment flippé quand c’est arrive, et les médecins lui ont dit que ce serait peut-être dangereux pour lui de continuer à être batteur d’un groupe de metal, sauf qu’ils lui ont dit qu’il fallait qu’il recommence à faire de l’exercice pour récupérer… Du coup, il a refait de la batterie, mais sans forcer au début, tu te doutes bien ! Pour couper à toute spéculation, il a bien enregistré l’album, et je l’ai eu au téléphone il y a quelques jours, tout va bien pour lui, merci. Il pourra tourner avec nous sans souci…

Vous allez tourner à l’automne 2015 aux USA avec Overkill. On pourrait se dire que le package est un peu bizarre, mais finalement, quand on y pense, Symphony X a aussi une face bien thrashy…
Oui, je ne vois pas du tout où est le problème… J’ai hâte d’y être parce qu’on connaît très bien les membres d’Overkill. On est comme eux de la Côte Est et on a souvent fait bus commun lors de festivals. Ces mecs sont juste très cool, il sera donc très facile de passer plusieurs semaine en commun. Quant aux gens qui feront le déplacement, je pense qu’ils en auront pour leur argent, ça va être cool !

Quand vous voit-on en Europe ?
On devrait revenir entre Janvier et Mars, notre bookeur est en train de bosser là-dessus, mais soyez certains que nous passerons par la France car nous adorons votre pays, les paysages et l’architecture sont fantastiques. La dernière fois que nous sommes vrenus chez vous, les salles étaient bien remplies, il n’y a donc aucune raison que nous ne revenions pas chez vous…

Tourner est-il toujours un vrai plaisir pour vous ?
Oui, car quand tu as passé quasiment deux ans enfermé en studio pour composer et enregistrer ton album, partir en tournée te permet de respirer. Et puis, il n’y a rien de mieux que de rencontrer les fans et de partager cette énergie avec eux. De toute façon, on compose d’abord un album pour nous, qui nous satisfasse pleinement, mais il est aussi pour tous ceux qui nous suivent… Donc, chers amis français, on vous dit à très bientôt ! Merci à vous pour votre soutien depuis toutes ces années…


SYMPHONY X – Underworld
Nuclear Blast


Site : www.symphonyx.com