Interview UNDEAD Juillet 2015

Tout le monde a dû évidemment déjà vous poser cette question… Pourquoi avez-vous choisi de ne pas dévoiler le line up de ce super groupe de death old school ?
Necros : Est-il nécessaire de tout connaître d’un artiste pour apprécier sa musique ? Je ne pense pas. Quand tu découvres un titre à la radio, tu as un vrai sentiment de découverte et c’est exactement ça que nous voulons véhiculer avec Undead.

Au final, vu que tout le monde cherche à savoir qui se cache derrière le groupe, ça doit être un peu chiant de toujours devoir faire attention à ce qu’on dit, non ?
Necros : Nous sommes des fantômes. Nous n’avons que très peu de contacts avec le monde ici-bas. Ça simplifie énormément de choses (Rires !).
King Oscuro : Notre seul et véritable message est traduit en musique, le reste n’est que détail.

Le chant est typique du genre, really heavy… Là, on a le choix entre Martin van Drunen (Pestilence / Asphyx), Marc Grewe (Morgoth) ou Max Otero (Mercyless) pour les hypothèses. L’album est tellement bon que de ne pas divulguer le nom du chanteur et des musiciens règle-t-il certains problèmes d’ego ?
Necros : Merci ! Nous n’avons aucun problème de cette sorte puisque nous sommes des fantômes ! Nous avons laissé de côté l’ego et c’est bien mieux comme ça pour l’humanité (Rires !) !
King Oscuro : Beaucoup de groupes de death metal des années ’90 sont des influences pour nous et pour le coup, c’est le type de vocaux le plus répandu dans ce style !

Vous vous définissez vous-mêmes comme une sorte de tribute-band à Death… Mais en même temps, je dois vous féliciter parce que vous avez composé de vrais titres de death old school avec une vraie identité, ultra efficaces. Quels étaient vos critères pour qu’une chanson puisse figurer sur l’album ? Comment s’est passée la composition ?
Necros : Merci ! Le nom du groupe lui-même est une manière de rendre hommage à Chuck Schuldiner, donc difficile de nier l’évidence. Les critiques et les fans n’auraient de toute façon pas apprécié qu’Undead n’assume pas cet héritage. C’est en commençant à assembler les différentes parties de nos titres que le véritable visage d’Undead est apparu, chaque musicien apportant sa touche personnelle, montrant ce qu’il désirait dans les chansons. C’est ce qui explique en partie qu’Undead est bien plus qu’un simple « tribute-band ». Nous jouons du death metal. Quand j’ai composé False Prophecies, je ne me suis posé aucune question. La seule chose qui me soit venue à l’esprit est « Amuse-toi ! » et nous avons laissé venir l’inspiration. Notre principal critère est que ça génère des émotions profondes. False Prophecies a plusieurs facettes qui ont un lien en commun, l’aspect le plus sombre du death metal. Nous ne cherchons pas à être les plus techniques ou les plus rapides, nous voulons juste rendre hommage au maître du genre et cela a donné un album de pur death metal.

En quoi résidait selon toi le génie de Chuck Schuldiner ? Pourquoi a-t-il laissé une telle empreinte sur la scène metal extrême ?
Necros : Cet homme fut effectivement un génie, car même avec les standards du death actuel, Death n’a aucun équivalent. Il y a maintenant des milliers de groupes de death metal mais aucun n’a ce sens de la composition. Il a ouvert de nombreuses portes avec son style vocal, cette brutalité et ces harmonies mais au-delà de cette analyse primaire, il y a quelque chose en plus dans sa musique. Chaque album était innovant tout en gardant quelque chose du précédent, ce qui est très rare dans l’évolution d’un artiste. Même Metallica, Pantera, Morbid Angel ne peuvent pas prétendre à ce statut. Chuck a laissé une empreinte indélébile au niveau du metal extrême.

De quoi parlent vos textes ? Du pur gore, à l’ancienne, ou des choses un peu plus profondes et réfléchies, à l’instar de ce que suggère le titre, « False Prophecies » ?
King Oscuro : Chaque texte est basé sur le comportement de l'Homme au fil du temps par rapport à la question que tout le monde se pose depuis des siècles : "Qu'est-ce qui vient après la Mort ?". J'essaye de donner des allusions appropriées sur la crainte de l’avenir, les croyances, en me posant des questions sur le pardon, la domination, l’égocentrisme, bref sur la philosophie obscure et profonde de l'Homme !

Le son de cet album est parfait pour le style, avec une très grosse production et un super son de guitares. Avec qui et comment avez-vous préparé cet album ?
Necros : Dès que nous avons défini où nous voulions en venir avec Undead, en cherchant des riffs dans ce style, j’ai immédiatement composé trois titres de « death old school ». Nous avons alors choisi de travailler avec Lars Bragten, du Studio Replika. Il a parfaitement saisi notre démarche et a travaillé très dur sur le son de l’album, car nous ne voulions absolument pas du son “plastique” qui caractérise les productions actuelles. Nous voulions conserver le feeling le plus naturel et cru possible des instruments, et Lars a réussi à combiner cette acoustique avec la puissance. En cela, je pense qu’il a réussi à retrouver le son de la période originelle et nous sommes très fiers de son travail.

Justement, qu’est-ce que vous n’aimez pas dans les productions modernes ?
Necros : Chacun comprend la musique comme il l’entend, comme n’importe quel sujet. Il y a du bon et du mauvais. Généralement, je pense que dans ces productions modernes, il n’y a pas assez de place pour les harmonies et c’est nul. C’est juste une course à la vitesse, pour montrer que tu es bien brutal ou technique, mais ça n’a pas de sens. Dans ce cas, ça manque de contrastes.
King Oscuro : Beaucoup de groupes sont comme cette société : “compressés”.

Votre album reçoit d’excellentes critiques. A mon avis, grâce à des groupes comme Undead, le death metal old school n’est pas prêt de s’éteindre… Vous attendiez-vous à de telles réactions ?
Necros : Nous voulions rallumer la flamme du death original et je pense que nous y sommes parvenus. Nous ne pensions pas que l’album serait aussi bien accueilli, et ça nous plaît bien ! Apparemment, nous n’étions pas les seuls à désirer un album comme False Prophecies et c’est très cool que les fans de death metal nous suivent.

Comment expliques-tu que ce style soit toujours aussi populaire presque trente ans après son invention ?
Necros : Je suis bien incapable de répondre à cette question. Comment expliquer que le rock soit toujours aussi populaire soixante-dix ans après ? Tout ceci dépasse les modes, c’est une évidence…

Vous avez signé un deal avec Listenable. Pourquoi ce choix ?
Necros : On les a contactés et leur réponse a été très rapide, avec un seul mot : “awesome” (Trad : super) ! Il n’en fallait pas plus pour que nous signions avec eux.

Votre album est sorti entre autre en vinyle (avec en bonus une reprise de Death), comme il redevient d’usage maintenant. Que pensez-vous de ce « revival » ? Une manière de contrer les téléchargements illégaux ? En même temps, les albums ne sont plus enregistrés en analogique, donc sachant que ça ne va pas améliorer le son, au contraire, quel est l’intérêt aujourd’hui ?
Necros : Une partie du public en a marre de la dématérialisation de la musique. Les mp3’s, c’est bien gentil, mais le vinyle offre aux fans la possibilité d’avoir une jolie pièce à collectionner. Il n’y a rien de mieux que d’avoir entre les mains une jolie illustration en grand format et pour moi, il y a plus de dynamisme au niveau du son avec un vinyle que sur CD, même si le mix est identique sur les deux supports.

A contrario, que penses-tu du fait que votre album ait été partagé en entier en streaming dès sa sortie sur le Bandcamp de Listenable ? Pas très « old school », tout ça… 
Necros : Certes, mais nous vivons à une autre époque ! Avant Bandcamp, ne partagions-nous pas nos albums sur cassette entre potes ?

Vous allez évoluer sur scène pour défendre cet album ? Car à mon avis, les sollicitations ne doivent pas manquer…
Necros : Nous avons effectivement pas mal de demandes en ce sens mais vous allez devoir être patients. Un concert d’Undead devra être une continuité de ce qu’il y a sur l’album, et la scène devra être hantée par l’esprit du groupe. Donc, ça demande un peu de préparation.
King Oscuro : Nous continuerons la marche funèbre sur scène, notre musique sera la bande sonore de la fin du monde! La faucheuse attend vos âmes...

Crois-moi, je suis organisateur de concerts à Mâcon, dans le cadre du Festival de Chair et d'Acier, et je ne vais pas vous lâcher si facilement... Un dernier mot pour les lecteurs de Metallian et de Noiseweb ?
Necros : Merci à toi pour cette interview et ton grand intérêt, et bravo pour votre longévité. Merci également à vous, les lecteurs, qui supportez votre musique en continuant d’acheter des magazines !
King Oscuro : C’est excellent qu’un magazine continue de défendre et de parler de death metal ! Merci !

Note : Depuis, pour des raisons juridiques, le groupe a été rebaptisé UNDEAD PROPHECIES !

UNDEAD – False Prophecies
Listenable Records

Facebook : www.facebook.com/Undeadprophecies

Prophètes de l'Apocalypse ! Sorti des Limbes de l’Enfer, voici Undead, groupe d’origine inconnue, avec des membres dont on ne sait rien, car dissimulés sous des capuches et des pseudos bien sombres. Mais le buzz actuel autour de cette formation n’est pas seulement dû à son allure, car son album False Prophecies est juste une petite tuerie de death metal « old school » que n’aurait pas renié le grand Chuck Schuldiner (Death). Comme en plus le disque est sorti chez le label français Listenable, il n’en fallait pas plus pour que nous nous intéressions à ces fantômes… Interview parue également dans le Metallian 90 de Juillet 2015 (complète ici)
Entretien avec Necros (guitares) & King Oscuro (vocals), par Will -Of Death- HIEN
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