Interview DESTRÖYER 666 Mars 2016

Sept ans s’étaient passés entre Iron Age et Defiance, et il nous aura encore fallu attendre sept nouvelles années pour que sorte Wildfire. Pourquoi un tel délai une fois de plus ?
Eh bien, le line-up a totalement changé. Shrapnel est retourné vivre en Australie, et c’est ce qui a posé le plus de problèmes. A part ça, j’ai été pas mal distrait par plusieurs choses qui me font marrer dans la vie, comme le sexe, les drogues et le heavy metal. Il ne suffit pas de jouer du metal, tu dois être « metal », vivre « metal ». C’est une manière de vivre, et j’ai toujours essayé de pousser les choses à leur maximum. Et puis, je n’étais surtout pas spécialement pressé.

Le son du nouvel album est juste selon moi ce que vous avez fait de mieux depuis la naissance du groupe. J’ai l’impression que tu es enfin parvenu à obtenir le son que tu as toujours cherché à avoir…
Ouais, c’est cool. Mersus, notre ex-batteur, a été le principal artisan du son de cet album, et il a fait du très bon boulot.

Cet album ne fait une nouvelle fois pas de quartiers… Quelle était ton idée au moment de le composer ?
Le but était juste d’écrire un album typiquement metal. Mon pote Rob « Death Dealer » Curry, de Vomitor, m’a donné un conseil très simple, celui d’écrire ce que j’avais envie d’entendre. Je pense que pour les albums précédents, j’écrivais en fonction de ce que j’espérais comme réactions des gens, et ce n’était pas la bonne formule.

C’est une impression, ou il n’y a jamais eu autant de solos sur un album de Deströyer 666 ?
J’ai effectivement passé beaucoup de temps à composer les solos de Wildfire, tout simplement parce que j’ai été forcé à apprendre à mieux en jouer, après le départ de Shrapnel. Au bout du compte, de nombreux solos ont été carrément intégrés aux riffs, et sont essentiels aux chansons.

L’artwork de Zbigniew Bielak est très simple, mais efficace. Tu peux nous en parler ?
Zbigniew est un grand fan de longue date du groupe, et il apparaît un peu par défaut sur cette pochette, car l’artiste qu’on avait sollicité au départ nous a plantés. Mais en fait, ça ne pouvait pas mieux tomber car cet artwork est parfait. Zbigniew n’est qu’un arrogant bouffeur de soupe de betterave (NDLR : autrement dit, dans l’esprit de KK, un Polonais), mais je l’aime pour ça. D’habitude, je dis ce que je veux à l’artiste mais n’interfère ensuite jamais dans le processus artistique, sauf que cette fois, on a pas mal discuté de ce que je voulais exactement en cours de route, et j’aime vraiment cette illustration simple mais brutale.

Y a-t-il des idées au niveau des paroles, qui n’avaient jamais été exploitées jusque là ?
Oui, le dernier morceau, « Taman Shud », est quelque peu différent. Il commence par une collection de questions existentielles, pour évoluer ensuite sur la douleur de perdre un ami, et change enfin pour une sorte de canalisation d’émotions, un concept que je n’aurais jamais utilisé si je ne m’étais retrouvé seul à réfléchir à l’extérieur du studio, un soir de pleine Lune, en Août dernier. J’ai alors réalisé pendant cette nuit que les paroles que j’avais déjà écrites exprimaient simplement un sentiment de perte, de douleur et de regret et j’ai senti, comme une révélation, que ceci n'était pas normal ni justifié. C’est le genre de merde égocentrique que les psychothérapies modernes vous font croire. Quand j'ai accepté le fait que ma douleur était seulement l’effet de différents facteurs et pas la source, quelque chose s’est passé chez moi, alors qu’avant, pour en arriver là, il me fallait entrer dans un univers psychédélique, et ça m'a inspiré les paroles de ce titre.
C’est ça que j’appelle une sorte d’expérience de canalisation. Je dois dire qu'en fait, ce n’était rien d’autre qu'un processus de guérison. C'était la première fois que l'écriture de la musique m'affectait autant, et si profondément. Cet homme qui m’a quitté, je me sens très honoré de l’avoir connu, mais le peu que j’ai pu faire avec lui est un privilège, et je ne regrette rien, sauf de ne pas l’avoir assez aimé (NDLR : mais de qui parle-t-il ? Son père ? Shrapnel ? On ne le saura sans doute jamais...).

Quelle place tient selon toi Deströyer 666, sur la scène metal extrême, en termes de popularité ?
Je me sens très honoré, privilégié, et reconnaissant, d’avoir pu faire depuis autant de temps ce pour quoi je vis. Le soutien des fans me donne aussi la liberté de dire ce que je veux quand je veux, et comme je veux. C’est certainement le plus important.

On sait que tu es antichrétien, mais aujourd’hui, nos pires ennemis se réclament de l’Islam radical. Or, très peu de groupes osent encore de nos jours s’attaquer à eux. Il semble plus facile de taper sur l’Eglise, bref, sur un ennemi qui ne se défend pas, contrairement à l’Islam radical, qui est beaucoup plus offensif et dangereux… Qu’en penses-tu ?
Tout ça n’est effectivement que grande lâcheté. Ne rien dire ne fait que renforcer ces malades. Les élites de gauche n’aiment pas trop le Christianisme, n’hésitent pas critiquer l’Eglise, mais par contre ne disent rien contre l’Islam, alors que les principes de base de cette religion vont à l’encontre de leurs principes humanistes. Aujourd’hui, en Europe, si tu critiques une autre religion que le catholicisme, tu deviens hors-la-loi ! C’est pourquoi on ne s’en prive pas, voire même on encourage les gens à le faire. A cet égard, on nous trompe totalement. Nous devons réévaluer toutes nos valeurs, comme Nieztsche l’a fait à son époque, et l’ouvrir encore plus. Si nous ne le faisons pas, et que devenons par là-même inoffensifs, alors nous sommes inutiles, sans valeur, sans coeur, et nous ne valons pas mieux qu'un groupe de Pop.

Effectivement, tu n’hésites pas à t’engager de manière virulente dans certains débats sur la page Facebook du groupe, assez loin finalement des usages qui veulent que les groupes essaient de rester le plus neutre possible pour soigner leur popularité… Est-ce un danger pour toi, ou au contraire une liberté que tu tiens absolument à conserver, en tant que musicien ?
Eh bien, comme je te l’ai dit, nous avons le devoir d’ouvrir notre gueule sur des questions qui nous touchent. La fermer serait un crime et irait à l’encontre de tout ce que j'ai pu chanter depuis que ce groupe existe. Je m’en branle d’être populaire. Le plus important est la dignité. Je déteste ceux qui se résignent et qui finissent à l’état de dépravés.

Season Of Mist a mis l’album entier en streaming deux semaines avant sa sortie en CD sur plusieurs sites sélectionnés selon les pays. Que penses-tu de ça, sachant le truc se retrouve alors dans l’heure sur les plates-formes de téléchargement russes, pour ne citer qu’elles ?
Ouais, c’est nul, mais je suis déjà focalisé sur bien d’autres choses actuellement.

Que peut-on vous souhaiter, maintenant que l’album va sortir ?
La même chose que d’habitude : certains vont aimer l’album, d’autres non. Ah si ! Un truc me ferait plaisir, comme lire moins de conneries sur le Net, parce qu’il y a des mecs qui ont des vies tellement misérables qu’ils n’ont rien trouvé d’autre que de se branler derrière un écran pour avoir un semblant d’existence.

Un dernier mot pour les lecteurs de Metallian et de Noiseweb ?
On a toujours été bien accueillis en France, et on a un paquet de fans chez vous. Vous êtes des amoureux de la Liberté. Malheureusement, il y a des gens chez vous qui font tout pour vous mener à la décadence, et rien que pour ça, j’espère qu’on remettra un jour en route les guillotines !

DESTRÖYER 666 – Wildfire
Season Of Mist

Site : www.destroyer666.uk

Facebook : www.facebook.com/destroyer666page

Feu sacré... Suite au départ de tous les membres du groupe, notamment Shrapnel, le guitariste soliste, K.K. Warslut, le fondateur australien de la formation, s’est retrouvé seul au moment de devoir composer le nouvel album. Cette période de stagnation a finalement été bénéfique, puisque Wildfire est certainement le meilleur album de Deströyer 666 sorti à ce jour. K.K. est ce qu’on appelle dans notre jargon journalistique un « bon client », on ne s’est donc pas privé de l’asticoter un peu… Amis de la poésie, bonsoir ! Interview parue également dans le Metallian 94 de Mars 2016 (complète ici)
Entretien avec K.K. Warslut (guitares, vocaux) par Will Of Death
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