Interview KHONSU Déc. 2016

Il t'a fallu trois ans pour accoucher de cet album, ce qui peut paraître un peu long aux yeux de certains. Pourquoi ce nouvel album a-t-il nécessité autant de temps ?
La principale raison est que je me suis occupé de tout, la composition, l’enregistrement et la production. C’est beaucoup de travail pour une seule personne, surtout que l’album est long, complexe et épique, et j’ai aussi un travail à plein temps à côté. Je n’ai pu travailler sur l’album que le soir, les week-ends et les vacances. Composer la musique a été le plus rapide, puisque ça m’a pris environ un mois mais l’enregistrement et la production ont été vraiment chronophages.

Vu le style annoncé, il n’est pas étonnant de se retrouver avec un son très froid, presque glacial, où la basse me semble peu présente. C’était ton but ?
Oui, je suis d’accord pour dire que le son est glacial et que la basse est un peu en retrait. Il y a tellement d’éléments dans la musique qui nécessitent beaucoup d’espace et de fréquences, que j’ai fait ce choix de ne pas surcharger la musique avec la basse. Comme je l’ai dit, j’ai produit l’album mais il a été mixé et masterisé par Stamos Koliousis et Vangelis Labrakis, qui s’étaient déjà occupés du son d’Anomalia. Ils ont fait un super boulot et l’album sonne exactement comme je le voulais, avec un son lourd et épique.

Les arrangements au clavier sont omniprésents. On a même parfois l’impression que c’est la base de la musique, sur lesquels sont venus ensuite se greffer les riffs. Comment as-tu abordé la composition ?
J’écoute énormément de musique électronique et forcément, ça m’influence beaucoup quand je crée. Je pense qu’il est possible de créer plus d’atmosphères en utilisant des synthés et de la programmation électronique, afin de créer un style futuriste. Mais quand je compose, la plupart du temps, je pose un riff et j’ajoute ensuite les claviers. Ma musique est basée sur l’improvisation et le feeling. Je n’y connais rien en solfège, j’improvise juste à la gratte et aux synthés, et j’essaie ensuite de faire le tri pour ne garder que le meilleur, et crois-moi, j’ai jeté énormément d’idées à la poubelle. Une fois que je tiens quelque chose, par contre, je passe beaucoup de temps à arranger les riffs, à les agencer pour trouver les meilleures transitions, bref, pour faire en sorte que le titre soit cohérent, avec une identité claire.

Tu peux nous expliquer un peu le concept de votre album ?
Le nouvel album est un concept à propos d’une colonie spatiale, ou une ville, en orbite autour du Soleil plusieurs siècles dans le futur, après que la Terre ait été rendue inhabitable. L’existence des habitants de cette ville est juste infernale, car l’endroit est vraiment sombre et déprimant. Il y a des milliers de travailleurs clonés, sans aucune individualité ou esprit, et l’album est une histoire à propos du processus de réveil d’un de ces clones. Il commence à avoir des visions et des rêves où il voit mourir tous ses semblables ainsi que l’Humanité, à cause de brûlures causées par le Soleil. Je suis un grand fan de livres et de films de science-fiction et cet album m’a en fait permis de créer mon propre univers futuriste. Les paroles ont été écrites par Torstein Parelius, des groupes norvégiens Chton, et Manes.

Quel est le rôle des parties de chant clair par rapport aux parties hurlées, dans vos titres ? Chaque partie est-elle reliée à un personnage, par exemple ?
Tout comme j’utilise de nombreux sons de claviers, différentes manières de jouer de la guitare, ou de la batterie, pour créer des atmosphères différentes, j’utilise aussi les vocaux de manière variée. Les vocaux clairs ont été chantés par Rune Folgerø, d’Atrox, et Manes, et il a réalisé un joli travail. Je me suis aussi chargé de quelques « backing vocals ». Il y a aussi quelques vocaux féminins. Je pense que toute cette variété d’instruments, de sons et de vocaux, rend l’album plus intéressant.

Tu n’as pas hésité à composer des titres de neuf et onze minutes sur cet album. Tu peux nous en parler ?
Quand je compose, les titres s’étirent souvent en longueur. Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime faire des chansons longues et épiques, qui comportent de nombreux éléments et qui emportent l’auditeur dans une sorte de voyage. En fait, le titre « Death Of A Timekeeper » faisait douze-treize minutes mais j’en ai coupées cinq pour le rendre un peu plus cohérent. Sur Anomalia, le dernier titre était aussi super long, une sorte de résumé de l’album, et j’ai essayé de faire ça aussi cette fois-ci. Le plus long titre de l’album fait onze minutes, et de la même manière, contient de nombreux éléments du disque. C’est une sorte de conclusion.

Khonsu se résume pour le moment à deux membres. Le projet est-il amené à redevenir un groupe live, et si oui, qu’est-il prévu ?
Il est vrai que Khonsu se résume pour le moment à T’ol au chant et à moi pour tout le reste. Nous avons aussi Rune Folgerø, dont j’ai déjà parlé, et Eli Karoline Kvendseth aux vocaux féminins. Comme nous vivons tous dans des villes éloignées, je ne pense pas que nous rejouerons en live, car c’est trop compliqué pour organiser les répètes, etc. Et je pense aussi que pour rendre justice à ce projet, il nous faudrait un show énorme, ce qui est difficilement réalisable. Pour tout dire, je ne ressens pas trop le besoin de jouer live, je suis déjà très occupé avec mon travail de tous les jours et par d’autres hobbies. Maintenant, comme je l’ai dit, jouer cet album en live pourrait être extraordinaire, donc qui sait, si jamais une belle offre nous parvient, peut-être reconsidèrerons-nous la question.

Que peut-on vous souhaiter maintenant, pour la suite ?
Pour le moment, je suis à fond sur la promo avec le label, mais je ne sais de quoi le futur de Khonsu sera fait. Comme je l’ai dit plus haut, produire un tel album demande une telle énergie, et tant de temps, que je ne suis pas certain d’arriver à trouver la motivation pour rééditer cet « exploit ». Donc, cet album pourrait être le dernier. J’ai vraiment fini complètement épuisé après sa création, car comme je l’ai dit, ça m’a pris tout mon temps libre pendant trois ans. On verra bien si vous entendrez encore parler de Khonsu dans le futur…

KHONSU – The Xun Protectorate
Jhator Recordings / Nuclear Blast

Site : www.soundsofkhonsu.com

Facebook : www.facebook.com/soundsofkhonsu

Star Wars... Bon sang ne saurait mentir ! Le duo Norvégien Khonsu n’est autre qu’un projet qui a été créé par S. Gronbech, le frère de Arnt “Obsidian C.” Gronbech, le leader de Keep Of Kalessin. Vous ne serez donc pas étonnés quand on vous dira qu’on retrouve ici le même black metal tortueux, glacial, très varié et surtout inspiré. Il aura fallu plus de trois ans à S. Gronbech pour venir à bout de ce magistral album où les riffs rivalisent avec les sons électroniques, où les atmosphères futuristes vous transportent très loin dans le temps. Découverte… Interview parue également dans le Metallian 98 de Novembre 2016 (en entier ici)
Entretien avec S. Gronbech (all instruments) par Will Of Death
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