SUFFOCATION


Trente ans de haine !!!




Suffocation va fêter ses trente ans d'existence pendant la tournée qui va suivre la sortie de son huitième album studio, ...Of The Dark Light. Quand on sait à quel point le groupe a influencé la scène deathcore, pour ne nommer qu'elle, il est évident que toute sortie est scrutée à la loupe et attendue comme le messie par les fans. Des fans qui ne devraient pas être déçus, car comme nous l'explique Terrance Hobbs dans cette interview, Suffocation sort là un de ses albums les plus intenses.


Interview parue également dans le Metallian 101 de Mai 2017
(entière ici)


Entretien avec Terrance Hobbs (guitares)... Par Will Of Death
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On peut considérer que pendant la tournée qui va suivre la sortie de l'album, Suffocation fêtera ses 30 ans d'existence ! Comment vois-tu ce parcours aujourd'hui, et as-tu un message à faire passer aux fans ?
En ce qui me concerne, puisque je suis là depuis le début, c'est super. Je n'aurais jamais pensé passer trois décennies de ma vie à jouer ce type de musique. C'est incroyable.

Vous dites sur votre site que cet album est le plus brutal de votre discographie. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Si je compare avec nos disques précédents, je dirais que les tempos sont un peu plus rapides car le groupe a travaillé plus dur. Je ne dirais pas que c'est plus technique, mais que c'est plus rentre-dedans. Ce sont trente-cinq minutes d'intensité, du Suffocation, quoi !

Vous avez donc désormais dans vos rangs Eric Morotti. Qu'a-t-il apporté à l'album, selon toi ?
Énormément de vitesse et de technique. C'est un vrai professionnel et il fait partie selon moi des tous meilleurs. Il est capable comme personne de tenir un rythme lent ou au contraire hyper rapide. C'est une excellente chose pour nous de l'avoir avec nous maintenant.

Vous avez également changé de guitariste, avec l'arrivée de Charlie Errigo. Pourquoi lui ? Et que s'est-il passé avec Guy Marchais ?
Il  a eu quelques soucis familiaux à régler, des conneries qui ont traîné sur Internet aussi, et ça l'a empêché de pouvoir s'investir comme il l'aurait pu (ou dû) dans Suffocation. Il était temps pour nous d'ouvrir un nouveau chapitre, et nous avons donc engagé Charlie car il est très bon en live, il adore ça et il a fait un super boulot sur l'album. Remplacer un gars comme Guy n'est pas facile car ça demande énormément de travail, mais Charlie a su relever le défi de fort belle manière. Il habite aussi New York, et peut donc être là pour bosser tous les jours avec nous si besoin. Il doit être respecté par les fans car il fait du super boulot.

Je dois dire que le son de votre album m'a quelque peu décontenancé, et à la lecture de certains commentaires lus sur votre page Facebook, je ne suis pas le seul dans ce cas. Je trouve que le son de cet album est très sec, manque un peu de puissance, avec une batterie qui sonne de manière un peu mécanique. Que réponds-tu à cette critique ?
Eh bien, je dirais que je m'en cogne ! Chacun peut donner son avis sur le son du disque, c'est pas mon problème. J'ai juste envie de leur dire : venez nous voir en live et vous verrez de quel bois on se chauffe (Rires !). Il faut que les gens comprennent bien que chaque album est différent et qu'il n'est pas question de refaire le son de Breeding The Spawn. Les gens veulent vraiment un deuxième Breeding The Spawn ? Arrêtez de déconner, les gars (Rires!). En ce qui concerne le son de la batterie sur le nouveau disque, dire que le son est trop mécanique n'est pas juste car je sais quand même comment on a enregistré. Le son est une combinaison de son triggé et de vrai son saisi par un micro, sur chaque tom ou grosse caisse. Je me souviens bien de l'enregistrement : j'étais derrière la vitre du studio à regarder Eric balancer du 250 bpm à la grosse caisse sans problème. Son jeu était tellement rapide que ça en devenait irréel. Mais non, il est juste bon (Rires !). On l'a ressenti aussi au niveau de notre jeu de guitares, c'est pour ça que je disais que cet album est certainement le plus rapide de notre discographie. Donc bref, moi, je sais que c'est très technique, et si ça ne plaît pas aux gens, qu'ils viennent nous voir en live et on leur en mettra plein la gueule !

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Votre pochette est vraiment cool et rompt un peu avec le style des pochettes précédentes… Quelle était l'idée derrière ? Montrer la déliquescence de l'Humanité par exemple ?
L'idée est plutôt de dire qu'au bout d'un moment, on finit par disparaître dans un monde parallèle. L'idée de l'album est de nous préparer à passer dans une autre dimension, un autre état, au travers de la mort et de ce qui nous attend dans l'au-delà. On se demande parfois ce qu'on fait sur Terre, et là, on montre qu'il existe certainement une autre dimension, beaucoup plus sombre, d'où le titre de l'album.

Vous dites que …Of The Dark Light est votre dixième album studio, or, j'en compte huit depuis Effigy Of The Forgotten. Comment parvenez-vous à ce résultat ? Je ne comprends pas bien… 
Oui, c'est un truc comme ça, si on compte quelques EP's et l'album live. Bon, ce n'est pas très grave en fait...

Hormis ce petit problème comptable, est-ce que trouver de nouvelles idées est aujourd'hui un challenge pour toi, après tous ces albums studio ?
Oui car le but n'est pas de jouer toujours la même chose, déjà parce qu'en tant que musicien, c'est chiant et le but est de parvenir à faire de Suffocation quelque chose d'unique. Il faut reconnaître que ni notre son, ni notre méthode de travail n'ont pas trop changé depuis nos débuts et c'est important car ça permet de garder une certaine linéarité. C'est important pour nous, mais c'est aussi très important pour nos fans.

Pinnacle Of Bedlam faisait 38 minutes, cette fois, le nouvel album dépasse à peine 35 minutes. Les fans vont commencer à gueuler, si ça continue comme ça... Il n'était pas possible pour vous de faire un peu plus long ?
Oui, mais ça, c'est parce qu'e notre style est de plus en plus rapide (Rires !). Non, plus sérieusement, nous avons passé énormément de temps sur la route ces trois dernières années, et pour qu'uin album de Suffocation sonne bien, nous avons besoin de faire une bonne pré-production, ce qui prend aussi du temps en plus de la composition. J'avoue qu'il m'est quasiment impossible de composer en tournée car tu es tout le temps dérangé par quelqu'un ou parce que tu fais trop la fête (Rires !). Concrètement, le temps qu'il nous restait a été employé à créer les morceaux, à les répéter, à changer certains trucs pour que ça fonctionne mieux, et ensuite à les enregistrer, mixer, etc... Tout ça  fait qu'il nous était compliqué de faire plus de titres dans ce laps de temps finalement très court. Et je le redis, le tempo plus élevé des chansons fait aussi que la durée du disque est  plus courte.

A quel niveau placez-vous les paroles des titres, par rapport à la musique ? En quoi sont-elles importantes pour vous ?
Je dois avouer que ce n'est pas le plus important car nous jouons du death metal, et donc, plus c'est brutal, mieux c'est. Souvent, on peut comparer le contenu de nos paroles à ce qu'on peut trouver dans les films d'horreur, comme des meurtres, des trucs dégueulasses, bien gore. Par rapport à l'album, ça reste quand même dans le contexte : la vie peut être effrayante, il y a un tas de tarés en circulation, prêts à te faire passer dans l'autre monde. En gros, c'est ça... Nous laissons les sujets politisés aux groupes de hardcore ! Nous faisons quand même attention à ne pas aller trop loin pour être sûrs de pouvoir jouer partout sans être censurés.

Je me suis toujours demandé pourquoi vous réenregistrez toujours un titre sur vos albums, cette fois, c'est « Epitaph Of The Credulous »...
Oui, c'est à nouveau un titre tiré de Breeding The Spawn, comme pour les autres albums d'ailleurs. Comme je le disais avant, le son de cet album est calamiteux et c'est une manière pour nous de proposer enfin ces titres avec un vrai son. Avec tous nos albums, à la fin, peut-être aura-t-on pu tous les réenregistrer. Nous avons bien essayé de remixer cet album, mais ça ne fonctionnait pas, d'autant que Roadrunner Records n'est pas pressé de nous céder les droits du disque. Tout comme pour Obituary à l'époque, le contrat que nous avions signé chez eux est très contraignant et nous ne sommes pas les propriétaires de notre propre musique ! Bref, nous préférons réenregistrer un titre à chaque fois, c'est une solution intermédiaire.

Avec votre tournée au USA avec Morbid Angel et les dates en Europe cet été, vous allez être 3 mois sur la route...
… Oh, et c'est même bien plus que ça, car nous bossons déjà sur de nouvelles tournées jusqu'à la fin de l'année. En gros, nous serons plus de six mois sur la route ; Comme je le disais auparavant, comment veux-tu que nous puissions composer en tournée ?

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Est-ce toujours le même plaisir pour toi de tourner, depuis toutes ces années ou vois-tu le truc comme un travail, un passage obligé ?
C'est un peu les deux à la fois. Déjà, je suis très content d'avoir pu faire ça depuis presque trente ans, de revenir ensuite chez moi pour composer, être en studio, de jouer de la guitare... C'est un honneur pour moi d'avoir ce privilège, d'autant qu'au fil de toutes ces années, nous nous sommes fait beaucoup d'amis, avons rencontré énormément de fans et il faut avouer que tous les groupes n'auront jamais cette chance. Maintenant, il faut avouer que quand tu es sur la route depuis un bon moment, les choses peuvent devenir ennuyeuses et répétitives. Tu descends du bus, tu fais les balances, tu glandes ensuite des heures en backstages, tu fais ton concert, tu remontes dans le bus, et ainsi de suite... Il faut quand même être bien préparé psychologiquement pour supporter ce rythme qui peut vite devenir fatigant. Maintenant, je ne changerais de taff pour rien au monde, tu vois.

Il est de coutume de dire que vous êtes le groupe qui a le plus influencé la scène deathcore, notamment celle de ton pays… Qu'est-ce que ça t'inspire ? Est-ce une sorte de fierté ?
Déjà, j'ai moi-même été fortement influencé par les musiciens des années '80, des gens comme Randy Rhoads, tous ces gars de la période glam hair metal qui jouaient comme des dieux même s'ils ne ressemblaient pas à grand chose (Rires !). J'ai aussi été influencé par Metallica, par les groupes de hardcore de New York. Ces gens ont apporté une nouvelle perspective dans la manière de faire de la musique. Donc si aujourd'hui, des groupes de metalcore ou de deathcore se réclament de nous, je trouve ça cool même si je ne sais pas à quel point nous avons pu les influencer, c'est très subjectif pour moi. Je pense juste que nous sommes arrivés au bon moment avec notre style, qui n'était rien d'autre que du metal visant à transcender encore un peu plus la brutalité de ce qui existait déjà, et si ça a plu et pu influencer des gars, tant mieux !

Tu sais, j'ai demandé sur ma page Facebook aux fans s'ils voulaient te poser quelques questions, et j'en ai une de la part d'Olivier Gabriel, le guitariste fondateur du groupe Benighted, qui veut savoir quels sont les guitaristes qui t'ont le plus influencé quand tu as commencé à jouer.
Oh, Benighted ! Oui, super groupe ! Plusieurs guitaristes m'ont influencé, et ça a été progressif. ça va de Tony Iommi (Black Sabbath) à Jimi Hendrix quand j'étais très jeune, à Eddie Van Halen, Randy Rhoads, Adrian Smith et Dave Murray (Iron Maiden), Yngwie Malmsteen bien sûr,  et petit à petit, je me suis tourné vers des musiciens de plus en plus extrêmes comme Mille Petrozza (Kreator), Metallica, Slayer. On n'avait jamais entendu des trucs aussi brutaux et rapides, c'était cool. Il y a aussi un album qui m'a troué le cul, c'est Seven Churches de Possessed. Bordel, c'était si extrême pour l'époque. Toute la scène death metal vient de là, sans parler de Death évidemment...

Avant de finir cette interview, j'ai un message personnel pour toi de la part d'un vieux pote de fac, Fabrice Loez de Supuration, avec qui vous avez tourné pendant un mois en 1994, qui, quand il a su que j'allais t'interviewer, a tenu à te saluer car cette tournée reste parmi ses meilleurs souvenirs. Tu te souviens de ça ?
Oh oui, je me souviens bien de lui et des autres gars, qui étaient vraiment cool. Nous nous étions vraiment bien amusés sur cette tournée, nous étions tous jeunes et pleins d'espoir, ce fut le pied. Je lui souhaoite vraiment le meilleur.

Tu sais, ils existent toujours. Une nouvelle tournée avec eux, ou du moins quelques concerts, ça serait cool, non ?
À fond ! J'adorerais tourner à nouveau avec eux, il faut qu'ils nous contactent ! Ça serait tellement cool si on pouvait les revoir sur les festivals cet été, je suis sûr qu'on se tomberait dans les bras en se marrant ! Dis-leur bien de venir me voir si c'est ça...

Merci pour ton temps, Terrance. Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Oui, merci à vous les gars ! Merci de supporter à fond la scène extrême et en particulier Suffocation. Vous comptez beaucoup pour nous et nous avons hâte de revenir en France !
  

SUFFOCATION – ...Out Of The Dark Light
Nuclear Blast Records


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