GARMONBOZIA 20 ANS


Déjà 20 ans !!!




Garmonbozia… Si vous fréquentez les concerts, vous avez certainement déjà vu ce nom quelque part au bas d'un flyer ou d'une affiche. Et pour cause, l'asso bretonne, devenue un acteur incontournable de l'organisation de concerts, va fêter ses vingt ans d'existence en organisant un festival sur deux jours à Rennes, les 26 et 27 octobre. Metallian et Garmonbozia, c'est également cette année quinze ans de collaboration, nous nous devions donc de poser quelques questions à Frédéric Chouesne, le boss, sur son expérience.


Interview parue également dans le Metallian 109 de Septembre 2018
(entière ici)


Entretien avec Fréd Chouesne (boss)... Par Will Of Death
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Salut Fréd ! Tout d'abord, bon anniversaire à l'asso, et bravo pour ton travail pour la scène metal depuis vingt ans. Comment a commencé cette aventure ? Quelle était ton ambition ?
Merci ! Cette aventure a commencé par l’organisation d’un concert dans le cadre de mes études, concert parrainé par un professionnel (Hardside Connection qui est devenu par la suite Overcome Records). Cela faisait très longtemps qu’il n’y avait pas eu de concert metal à Rennes, la demande était visiblement forte car ce premier essai avec Enthroned, Iconoclasm et Darkseid a fait complet. J’ai donc ensuite effectué les démarches administratives pour créer une association et organiser d’autres concerts les mois suivants (Marduk, Immortal, Mayhem, Sinister, Vader, Deicide…). Au départ, il n’y avait pas de réelle ambition, le but était de se faire plaisir en proposant quelques concerts de death, black et thrash metal au public Rennais, également parce que nous en avions un peu ras-le-bol de nous déplacer à Paris pour voir les groupes que nous aimions.

Garmonbozia est de nos jours un acteur incontournable de la scène française en ce qui concerne l'organisation de concerts metal. Quand as-tu senti que l'asso était devenue vraiment importante ?
Il y a eu un déclic au début des années 2000 lorsque certains agents nous ont contactés et proposé plus de dates en France, surtout pour des groupes qui n’intéressaient pas les grosses structures. Le fait également de pouvoir travailler avec des groupes majeurs comme Opeth et Magma a fait évoluer l’activité de l’association, avec un nombre de plus en plus important de concerts et de tournées. Puis les premières collaborations avec des festivals français ont changé la donne, avec une activité très prenante au quotidien.

Justement, il faut bien se rendre compte qu'il y a vingt ans, il n'y avait aucun festival metal digne de ce nom en France. Aujourd'hui, ils sont très nombreux mais pas toujours viables. Quels conseils donnerais-tu à une orga pour limiter un minimum les risques ?
Monter un festival est très risqué financièrement, particulièrement pour les festivals en plein air. En général, les premières éditions sont d’ailleurs souvent déficitaires et il peut être très compliqué de s’en remettre. S’entourer d’équipes compétentes, ne pas compter ses heures, croire en son projet ne font pas tout car il n’y a pas de recette miracle. Le tout est de persévérer si les moyens le permettent.

Garmonbozia a aujourd'hui un roster très fourni, notamment en matière de metal extrême. Quels sont tes critères pour accepter de travailler avec un groupe aujourd'hui ? Je pense notamment aux groupes français ?
Nous sommes effectivement très sollicités par de nombreux agents et groupes, il est difficile de satisfaire toutes ces demandes, si le groupe nous plaît musicalement et humainement, on essaie de faire un bout de chemin ensemble mais malheureusement, le temps nous manque pour répondre favorablement à des demandes qui peuvent malgré tout nous sembler intéressantes.

Garmonbozia
 
Que penses-tu de l'arrivée sur le marché français du metal d'un géant comme Live Nation, qui a énormément fait monter les cachets de certains artistes, et qui donc se répercutent sur le prix des billets ?
Je ne sais pas si Live Nation a fait monter les cachets de certains artistes. D’ailleurs, certains  groupes avec qui nous avions travaillé jusqu’à récemment sont désormais partis chez eux, mais je n’ai pas l’impression que les cachets perçus par ces mêmes groupes soient forcément supérieurs. Ce sont surtout les agents des groupes qui ont ce rôle d’accepter ou pas les offres des promoteurs et bookers.

Plus généralement, les cachets demandés par certains tourneurs et groupes sont aujourd'hui, selon moi, parfois indécents. Comment justifies-tu cela ?
Les montants des cachets sont effectivement de plus en plus élevés, le fait de vendre de moins en moins de disques y est pour beaucoup, mais pas seulement. Il y a de plus en plus d’intermédiaires de par la professionnalisation du milieu et donc moins d’argent pour le groupe, d’où des cachets plus élevés. Les agents demandent de plus en plus, peu importe si les scores ne suivent pas. Si un groupe fait cinq cents entrées mais que le concert reste déficitaire, la logique voudrait que la tournée suivante soit à des tarifs moins élevés, or il est extrêmement rare que ça soit le cas. La plupart des agents demande autant, un peu plus voire beaucoup plus.
De mon côté, je ne travaille pas au « plus offrant ». Je préfère travailler avec des personnes qui nous sont fidèles et qui travaillent bien, qu’avec quelqu’un qui nous est inconnu mais qui proposera peut-être un cachet plus élevé. Ce n’est pas si simple que ça car on a derrière la pression des agents et managers des groupes qui ont le dernier mot et qui eux iront souvent à l’essentiel : ce qui reviendra au groupe.

Garmonbozia en 2018, c'est plus de 700 concerts organisés. Question presque rituelle : quel est ton meilleur souvenir, et le pire ? Je ne parle pas tant en termes de réussite ou de catastrophe financière, mais plus en ce qui concerne la gestion de certains groupes, d'organisation pure…  
Mon groupe préféré étant les Doors, avoir organisé le concert de Ray Manzarek et Robby Krieger à Rennes le jour de l’anniversaire de la mort de Jim Morrison restera quoiqu’il arrive mon concert le plus mémorable. Je garde d’excellents souvenirs de nos concerts et rencontres avec des groupes comme Opeth, Enslaved, Septicflesh, Magma, Gong, Entombed, Bolt Thrower et bien d’autres. C'est tellement agréable humainement d’avoir pu travailler avec ces groupes mais aussi de les croiser « hors boulot », de rester en contact pour discuter de tout et de rien.
Paradoxalement, un de mes pires souvenirs est ma première collaboration avec Bolt Thrower. Le groupe devait se produire à Rennes en 2002 et a finalement annulé la veille pour des raisons qui étaient suspectes. Nous nous sommes méchamment pris la tête pendant des semaines puis lorsque les choses se sont apaisées, une relation vraiment unique et spéciale s’est nouée et me permet de dire que jamais un groupe n’a eu une vision sur le business musical aussi chouette.

Fest Garmonbozia 

Venons-en à ce festival des vingt ans qui va se tenir à Rennes. A quoi le public peut-il s'attendre ?
Nous organisons ce festival anniversaire à Rennes tout simplement parce que nous sommes basés ici. Il en était de même pour nos cinq, dix ou quinze ans. Nous invitons en général des groupes que nous connaissons et avec qui nous travaillons, ce n’est pas primordial mais nous essayons avant tout de nous faire plaisir en programmant des groupes avec qui nous avons passé du bon temps. Ce week-end anniversaire est aussi pour remercier le public qui nous suit et nous permet de proposer des groupes comme Tormentor et Master’s Hammer qui joueront pour la première fois en France après plus de trente ans d’existence.

Pour une structure comme la tienne, la promo est primordiale. Les magazines papier comme Metallian sont-ils toujours aussi importants par rapport au Net ?
Les réseaux sociaux prennent une part de plus en plus importantes dans la promotion de nos concerts, mais nous continuons à utiliser les flyers, l’affichage et la presse écrite pour promouvoir nos concerts. Nous imprimons d’ailleurs toujours une newsletter envoyée à nos contacts par publipostage. Peu le font encore, mais devant la multitude d’infos et invitations Facebook à des concerts, il est difficile de s’y retrouver. Il est quelquefois plus facile de retenir une date lorsque nous avons un visuel sur papier sous la main.

Merci pour tes réponses ! Un dernier mot ?
Merci à toi, Yves et Metallian. Si ma mémoire est bonne, Metallian a été le premier média à nous avoir contactés à l’époque pour promouvoir nos concerts. Rendez-vous les 26 et 27 octobre 2018 à Rennes pour fêter (déjà) ces vingt ans de concerts et de folie !
  

GARMONBOZIA
Rennes


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